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[Séliko Séli N’Vouata] Adieu, le plus Ivoirien des Congolais !

Séliko et Tina Glamour, deux amis de longue date. Ph. DR

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 29 août 2024 (crocinfos.net)—Les Ivoiriens feront leurs adieux à leur compatriote Séliko Séli N’Vouata, le samedi 31 août 2024, après que l’artiste d’origine congolaise a passé l’arme à gauche, le vendredi 09 août 2024 à Abidjan.

Il les a fait danser durant des décennies. Les Ivoiriens, du moins ceux qui ont vécu la fin des années 80 n’oublieront pas de si tôt l’auteur de « Effacer le tableau ». En sortant le titre ‘‘Marie Thérèse’’, en 1992, pour magnifier son épouse dont il s’est séparé huit (8) ans après, Séliko n’avait pas manqué de susciter encore plus l’ambiance à laquelle les Ivoiriens étaient habitués depuis des années avec les Koffi Olomidé, Papa Wemba, Kanda Bongo Man, Aurlus Mabélé, Pépé Kallé et l’Empire Bakuba, Zaïko Langa Langa, Wengué Musica et bien d’autres venus du Zaïre devenu plus tard République démocratique du Congo (RDC) et du Congo Brazzaville. Mais bien avant que Séliko n’aille en solo, il avait évolué des années avant, précisément dès 1986 avec un groupe bien connu, ‘‘Génération 86’’ dans lequel participait Zitany Neil, auteur plus tard de ‘‘Marcory Gasoil’’, album sorti en été 1989, avec comme titre éponyme ‘‘Marcory Gasoil’’ mais également ‘‘Tantina’’, ‘‘Destinée’’, ‘‘Amours ratés’’ qui ont fait un tabac en Afrique et même en Amérique latine notamment en Colombie. A côté de Zitany, l’on remarquait également l’imposante présence d’une dame de caractère, Antoinette Allany. Avec ces deux artistes de renom et deux autres hommes moins connus du public pour n’avoir pas illuminé la sphère culturelle ivoirienne, Séliko s’est fait connaître des Ivoiriens. Avec la confirmation de son talent en 1992 avec le titre ‘‘Marie Thérèse’’, l’homme a réussi à se faire adopter par les mélomanes ivoiriens. Et comme le savent presque tous les artistes, quand la Côte d’Ivoire t’adopte, tout le monde entier t’ouvre les bras. À son tour, Séliko a voulu donner à cette Côte d’Ivoire tout l’amour qu’il avait.

Ouattara Abdoul Karim

[Ma rencontre avec Séliko]

En mars 2001, alors que je m’étais rendu au ministère des Affaires étrangères pour une enquête sur des prétendus détournements de fonds compensatoires alloués par le pays de Mouammar Kadhafi à des Ivoiriens injustement chassés de Libye par des populations révoltées, j’ai rencontré Séliko Séli N’Vouata dans la salle d’attente dudit ministère. Après les premiers échanges, la seconde chose qui m’était venue en tête était de lui demander s’il avait les nouvelles de Zitany qui avait rapidement quitté la Côte d’Ivoire après le gros succès tiré de l’album ‘‘Marcory Gasoil’’, du fait d’ennuis avec une famille dans son quartier à Marcory. « Oui, Zitany est depuis au Canada. On a la chance de s’avoir quelques fois au téléphone », m’avait-il rassuré, évoquant un possible retour en musique puisque, me disait-il, « Zitany Neil travaille là-bas au Canada ». Lorsque je lui demandai où il en était avec une sortie d’album après le succès de 1992, il nous avait répondu qu’il reviendrait « en force » mais préférait, selon lui, se consacrer d’abord à sa naturalisation. « C’est pour cela même que je suis ici », justifiait-il. Et de poursuivre : « tu ne le sais peut-être pas mais je suis marié à une Ivoirienne et j’ai décidé d’avoir la nationalité de ce pays qui m’a accueilli et que j’aime de tout mon cœur ».

Plus tard, en 2014, après plusieurs rencontres qui ne nous avaient pas permis d’échanger, nous nous revoyions à Angré lorsque vers 21 heures, je m’apprêtais à rentrer à la maison après une dure journée de travail. Séliko habitait le quartier d’Avocatier dans la commune d’Abobo comme moi qui étais à la Sogefiha. Ce jour-là, il proposa de payer mon taxi. Et là, ensemble dans le véhicule, nous avons eu le temps d’échanger. « Séliko est devenu maintenant citoyen Ivoirien », avais-je taquiné. « Depuis longtemps. C’est une affaire réglée depuis ça », a répondu l’Ivoirien avec assurance. Et le journaliste Amara Salifou qui serait proche de lui, selon un article que j’ai lu ces jours-ci sur le programme de ses obsèques, n’a pas menti. Séliko n’a jamais voulu quitter la Côte d’Ivoire depuis qu’il s’y est établi. Et c’est dans son pays d’adoption qu’il se couchera à jamais.

Pour l’amour qu’il a apporté et porté à son pays, certes, la communauté de RDC dont il est originaire va se mobiliser, mais la Côte d’Ivoire, le monde culturel ivoirien devrait lui rendre un dernier et vibrant hommage, digne du fils et du grand artiste qu’il a été pour notre pays.

Déjà, Tina Glamour, une très vieille amie de Séliko entend organiser une veillée ce jeudi 29 août 2024 à Angré pour célébrer la mémoire de l’illustre disparu. Tina dont Séliko vantait en 2020 la proximité entre les deux lors d’une émission sur la 3e Chaîne de la télévision nationale. « Tina et moi, celui qui va nous séparer, c’est Dieu », avait-il confié à PPLK pour expliquer cette relation quasi fraternelle qui existait entre eux.

Adieu l’artiste !

Ouattara A K

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