Abidjan, 11 novembre 2024 (crocinfos.net) – C’est une célébration marquée à la fois par la reconnaissance des pionniers et par des défis financiers. La Confédération nationale des établissements sanitaires à base communautaire de Côte d’Ivoire (CNAESCOM-CI) a clôturé les festivités de ses 30 ans d’existence, un jalon important qui témoigne de l’évolution des établissements sanitaires communautaires (ESCOM) dans le pays . Avec une croissance marquante, le réseau est passé de 11 centres en 1994 à 40 en 2024, réalisant 80 % des soins de premier niveau dans la capitale économique, Abidjan.
Une dette de plus de 2 milliards FCFA en suspens
Malgré cela, la CNAESCOM-CI est confrontée à une situation financière délicate : une dette gouvernementale de plus de 2 milliards de FCFA pour des soins gratuits fournis dans le cadre de la politique de « Gratuité totale » puis de « Gratuité ciblée ». Ces établissements, essentiels pour les populations vulnérables, attendant des paiements en retard depuis 2016, exacerbés par les retards de remboursement de la Couverture maladie universelle (CMU). En revanche, personne n’a voulu commenter sur le sujet lors des 30 ans, où plus d’une vingtaine des personnalités ont reçu le prestigieux « Prix Pascal Ortiz » pour leur engagement en faveur de la promotion santé communautaire lors du gala de clôture.
Un modèle inspiré de la coopération ivoire-française
L’historique de la CNAESCOM remonte aux années 1990 avec le Projet Santé Abidjan (PSA), initié par Alassane Ouattara alors qu’il était Premier ministre. Ce projet avait pour objejectif de répondre aux besoins de soins des populations vulnérables d’Abidjan à moindre coût. En 1994, sous la présidence de feu Aimé Henri Konan Bédié, les premiers ESCOM sont créés. Ce modèle de santé communautaire permet aux populations de s’approprier la gestion sanitaire à travers des services abordables, une approche aujourd’hui indispensable pour les couches sociales les plus défavorisées.
‘’La CNAESCOM-CI est confrontée à une situation financière délicate : une dette gouvernementale de plus de 2 milliards de FCFA pour des soins gratuits fournis dans le cadre de la politique de « Gratuité totale » puis de « Gratuité ciblée ».’’
Le ministre Maurice Kacou Guikahué, qui occupait le poste au moment de l’implantation des ESCOM, a rappelé les premières années du projet : « En 1997, seulement trois ans après le lancement, une dizaine de centres étaient opérationnels, offrant 30 000 consultations annuelles. à des prix accessibles et générant des revenus significatifs pour la région. »
Soutien continu pour un modèle innovant
Présent aux cérémonies, Laurent Bonneau, représentant de l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, a salué l’impact de la coopération entre la France et la Côte d’Ivoire. « Les ESCOM représentent une innovation sociale unique, des établissements privés à mais non lucratif, gérés par les communautés et soutenus par l’État », a-t-il rappelé, en soulignant l’importance de continuer à étendre ce modèle au-delà d’Abidjan .
La France, partenaire historique du projet, a activement soutenu le PSA dès 1992, ce qui a permis la structuration du réseau ESCOM. M. Bonneau a insisté sur le besoin de garantir une autonomie de gestion et un financement stable pour pérenniser ce modèle. « Il est essentiel d’augmenter le soutien financier de l’État afin d’assurer la stabilité et l’efficacité du réseau ESCOM, notamment en zone rurale », a-t-il ajouté.
Des résultats impressionnants pour 2023
Les chiffres présentés par Clément Ouattara, président de la CNAESCOM-CI, illustrent l’importance de ces établissements pour la santé publique : en 2023, 4,7 millions d’actes médicaux ont été effectués, dont 104 079 accouchements, soit une moyenne de 283 enfants qui voient le jour chaque jour dans ces structures. Les ESCOM emploient 2 426 professionnels, tous déclarés à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS).
La présidente du Sénat ivoirien, Kandia Camara Kamissoko, représentée par son vice-président Raymond N’Dohi, a également exprimé son soutien aux ESCOM et leur rôle essentiel dans le tissu social ivoirien. « Ces établissements incarnent une vision ambitieuse et engagée, ancrée dans la coopération et le bien-être de nos concitoyens les plus vulnérables », a-t-elle affirmé.
Les retards de paiement de l’État
Malgré des célébrations et des réussites impressionnantes, le CNAESCOM-CI reste confronté au remboursement dans le cadre de la CMU représentent des défis de taille pour les ESCOM. « Si la situation n’évolue pas, ces établissements risquent de voir leur capacité d’action se réduire, compromettant ainsi l’accès aux soins de milliers d’Ivoiriens », a prévenu un expert.
Mme Christine Ortiz et les enfants qui ont autorisé le nom le défunt époux et de leur père, au prestigieux Prix Pascal Ortiz, en hommage à son engagement pour la cause de la santé communautaire, a exprimé toute sa fierté et son admiration pour le fonctionnement et la gestion des ESCOM.
La représentante du ministre de la Santé, Pierre Dimba, a salué les résultats obtenus grâce à la CNAESCOM-CI. Elle a souligné l’importance de pérenniser ce modèle de santé communautaire dans tout le pays.
Charles Kpan