-La flamme orange
Abidjan, Côte d’Ivoire, le 22-6-2024 (crocinfos.net)—Y a des gens en Côte-d’Ivoire ici, ils sont champions dans menace. Ils n’ont aucune position dans l’État, mais ce sont eux qui savent qui doit dire quoi, où et à quel moment.
Nous on dit que la Côte-d’Ivoire ne doit plus avancer de crise politique en crise politique, ça les énerve et ils menacent.
Ce pays a fait d’énormes et de prodigieux progrès ces dernières années et a montré le visage d’un pays capable de se relever, quand certains le croyaient enterrer. Il faut en féliciter les animateurs actuels. Mais tous ces acquis positifs de développement peuvent être détruits en une fraction de seconde ou être mis à mal, si nous ne consolidons pas la stabilité intérieure et la réconciliation. Les élections sont un de ces instruments de stabilité.
Il faut, à un moment donné de notre vie nationale, que les élections ne soient pas une épouvante, ne fassent pas peur. Il ne faut pas que nos populations fassent des provisions de nourritures pour un mois à chaque approche d’échéances électorales. Tant qu’à l’approche des élections, les investissements seront suspendus, les voyages vers notre pays seront différés, les populations migreront vers leurs villages, notre démocratie sera perçue comme faible.
‘’Il nous faut beaucoup de sagesse en face du zèle de militants récompensés pour insulter et pour jouer les faucons dans un pays encore socialement fragile.’’
Il y a des gens qui ont oublié comment les crises politiques ont traumatisé ce pays. Tous ces corps brûlés, mutilés, mitraillés, déchiquetés à l’occasion d’élections passées nous rappellent notre devoir de fidélité aux principes et aux valeurs de la République. Si les intérêts des partis politiques commencent à devenir plus importants que la santé de notre pays, il y a des raisons de s’inquiéter. Les exclusions et les stigmatisations ont trop coûté de vies et de dommages à notre pays.
Toutes les crises politiques ivoiriennes meurtrières apparaissent toujours pour les mêmes raisons. Donc nous on ne peut pas tourner le volant pour éviter que le pays aille encore plonger dans d’autres crises ?
Il est de notre devoir de citoyens de rappeler à ceux qui nous dirigent et à ceux qui ont l’intention de nous diriger notre droit de vivre en paix.
‘’La dernière CAN, qui a vu briller haut dans le ciel la flamme orange, a montré que les différentes races, ethnies et régions, qui composent la sève de ce pays pouvaient faire bloc autour d’un seul idéal : l’amour de la patrie.’’
Avec notre organisation Aube Nouvelle, nous avons parcouru ces quatre dernières années plus de 400 localités de la Côte d’Ivoire, du Nord, du Sud, du Centre, de l’Est et de l’Ouest. Si Abidjan semble en apparence présenter le visage d’un pays uni, il y a des localités où les plaies de 2010 ne sont point guéries. Il y faudra encore un patient travail de réconciliation. L’on devine par conséquent qu’à la moindre étincelle, les communautés de ces localités se tueront encore.
Il nous faut beaucoup de sagesse en face du zèle de militants récompensés pour insulter et pour jouer les faucons dans un pays encore socialement fragile.
‘’La dernière CAN, qui a vu briller haut dans le ciel la flamme orange, a montré que les différentes races, ethnies et régions, qui composent la sève de ce pays pouvaient faire bloc autour d’un seul idéal : l’amour de la patrie.’’
Un espoir est né de notre union pour la victoire de notre pays, sans aucune distinction d’origines ou de partis. Il faut maintenir cette flamme pour construire la Nation ivoirienne.
C’est donc de la responsabilité de tous les leaders politiques d’éviter l’inlassable répétition irréversible de violences à l’occasion de chaque élection. Il est de la responsabilité des leaders politiques de ne pas rester muets face au comportement potentiellement violent de leurs militants.
L’histoire de notre pays témoigne amplement que la violence des militants et sympathisants politiques coûtent à tous.
Allons aux élections et laissons le peuple choisir qui il veut pour leaders.
‘’Si la flamme orange vire au rouge, elle nous dévorera tous parce que nous y aurons versé de putrides combustibles mortels.’’
Le jeu politique ne doit pas toujours rimer avec le jeu de la mort sur cette terre qui nous appartient à tous.
Si la flamme orange vire au rouge, elle nous dévorera tous parce que nous y aurons versé de putrides combustibles mortels.
Tel n’est pas le destin de notre Nation.
Vincent Toh Bi Irié, président de l’ONG Aube Nouvelle, par ailleurs ancien préfet du département d’Abidjan. Il a démissionné officiellement de ce poste le 28 août 2020.