[Suppression des dos d’âne et des bandes rugueuses] Risques d’accidents graves pour les usagers en Côte d’Ivoire

[Suppression des dos d’âne et des bandes rugueuses] Risques d’accidents graves pour les usagers en Côte d’Ivoire

La suppression des dos d'âne et bandes rugueuses sur la Nationale A3 entre Bouaké et le nord de la Côte d’Ivoire suscite des inquiétudes parmi les populations, qui craignent une augmentation des accidents.

-La suppression des dos d’âne et bandes rugueuses décriée

Bouaké, 24 janvier 2025 (crocinfos.net) – Il n’existe plus de dos d’âne ni de bandes rugueuses sur la voie menant de Bouaké au nord du pays, au grand dam des populations qui craignent des risques d’accident aux entrées et sorties des villages.

Aucune bande rugueuse

Courant décembre 2024, les populations des villes et villages situés sur la Nationale A3 de Bouaké au nord du pays, ont constaté que les bandes rugueuses et dos d’âne situés aux entrées et sorties des différents bourgs étaient en train d’être enlevés. Des ralentisseurs de vitesse qui permettaient aux usagers de cette voie de lever un tant soit peu le pied sur l’accélérateur, évitant ainsi des accidents de la circulation. « Un matin, nous les avons vu creuser et détruire ces bandes rugueuses et dos d’âne sans comprendre ce qui se passait. Personne ne nous a donné d’explications. Dès lors, les commentaires allaient bon train et à chacun ses suppositions. Jusqu’à ce que ces mêmes travailleurs reviennent fermer les creux et y mettre du bitume. Là, on comprenait que ces dos d’âne qui participaient à la préservation des vies faisaient partie des vieux souvenirs », nous a expliqué un habitant du village de Tabako, à une vingtaine de kilomètres de Bouaké. Pour en savoir davantage, nous avons demandé le 10 janvier 2025 à 13h 41 mn au Service Communication du ministère de l’Équipement et de l’Entretien routier si c’était ledit ministère qui était à l’initiative de ces travaux de destruction et si possible qu’en étaient les raisons. Notre interlocuteur nous a expliqué que l’objectif qui était la sensibilisation des automobilistes avait été atteint. Une sensibilisation qui, avouons-le, n’a pas atteint ses objectifs, contrairement à ce que nous a affirmé le Service Communication du ministère. Puisque les risques d’accident sont patents depuis la disparition de ces bandes de sécurité. À preuve, le mardi 21 janvier 2025, dans le gros village de Touro, situé à quatorze (14) kilomètres de Katiola et trente (30) de Bouaké, une collégienne a failli se faire écraser par un automobiliste qui roulait à vive allure à l’entrée du village, alors que celle-ci traversait la route.

Un mauvais choix…

Le ralentisseur de type dos d’âne est une mesure de sécurité….Ph.Dr.

En partance pour Yamoussoukro, dans la mi-journée, le conducteur du véhicule en provenance de Korhogo aurait pu être ralenti par les bandes rugueuses qui, malheureusement, ont été enlevées. Si bien que n’ayant plus d’obstacles devant eux, certains automobilistes, imprudents, traversent le village, pied au plancher. Mardi, le miracle divin a voulu que la jeune fille en classe de 3e survive. « Elle revenait de l’école et n’avait même pas encore mangé. C’est en traversant à partir de là où nous vendons nos fruits au bord de la route qu’elle a été surprise par l’automobiliste qui passait à vive allure. Le conducteur, en voulant l’éviter, s’est retrouvé dans le sens Bouaké-Katiola alors qu’il était lancé vers Bouaké », nous a appris la mère qui explique qu’après des examens médicaux, l’enfant qui est tombée après avoir été frôlée s’en est sortie avec une égratignure sans que l’os n’ait été touché. « Si les bandes rugueuses n’avaient pas été détruites, le chauffeur aurait ralenti et ce qui est arrivé ne l’aurait pas été », précise un habitant du village. Le lendemain mercredi 22 janvier, le pire n’a malheureusement pu être évité entre Allakro et Djigbè, deux villages distants seulement d’un kilomètre et situés sur l’axe Bouaké-Katiola. Aux environs de 12h30 mn, deux jeunes gens à moto, venant du marché de Touro roulaient vers Allakro lorsqu’à la sortie de Djigbè, ils sont tombés après avoir tenté de dévier un obstacle. Si le conducteur qui accompagnait son camarade après ses achats au marché a été grièvement blessé (une jambe cassée) et pris en charge par les pompiers civils venus de Katiola, ce ne fut pas le cas pour celui qui était transporté. Dans leur chute, le jeune homme d’une trentaine d’années a eu le crâne fracassé, rendant l’âme sur le champ.

… et des conséquences déplorables

À notre passage, le corps sans vie de l’infortuné était encore allongé sur le chaud bitume de cette après-midi. « Ce matin encore, avant qu’il n’aille au marché de Touro, nous avons échangé. Pour plaisanter, je lui ai même caressé la tête qu’il venait de raser. Nul ne pouvait penser que ce malheur lui arriverait quelques petites heures après notre échange », se lamentait un jeune homme d’Allakro, tandis que d’autres habitants du même village, accourus sur les lieux, se tenaient la tête, pleurant à chaudes larmes. « Depuis le jour où ils ont commencé à enlever ces dos d’âne et bandes rugueuses, on s’est dit que le danger était à nos portes. Si ces bandes de sécurité étaient encore là, cet accident aurait été évité. Elles auraient contraint le conducteur à ralentir et l’obstacle aurait été évité sans grande conséquence. Hélas, on nous les a enlevées, nous livrant aux automobilistes fous qui ne savent pas qu’à l’entrée d’une agglomération, il faut ralentir pour en sortir sans danger », s’est indigné notre interlocuteur. Joint une fois de plus le même jour de l’accident mortel à 16h 42 mn pour en savoir plus sur les motivations réelles de la destruction de ces bandes rugueuses qui préservaient des vies, le service Communication du ministère de l’Équipement et de l’Entretien routier a promis nous revenir. Mais jusqu’à la publication de notre article, nous n’avons été joint par personne.

À ce jour, nous ignorons les raisons profondes de l’élimination de ces bandes rugueuses. Mais, pour s’en débarrasser, le département du ministre Amédé Koffi Kouakou dont nous avons toujours salué le professionnalisme dans la construction des routes, aurait dû penser aux conséquences d’une telle décision. Comme des rumeurs le font croire, s’il s’agit du début des travaux de l’autoroute Bamoro-Darakolokaha (54,5 kms) en passant par Katiola, pourquoi ne pas attendre que les travaux proprement dits commencent avant de songer à détruire ces bandes ?

…avec les bandes rugueuses aussi. Ph. Dr.

Le même laxisme avait été constaté après l’ouverture de l’autoroute Tiébissou-Djébonoua-Bamoro le 02 novembre 2023. La fin de l’autoroute à Bamoro n’étant pas connue de certains conducteurs qui l’empruntaient pour la première fois nuitamment, avait donné lieu à plusieurs accidents graves qui s’étaient soldés par de nombreux décès. Faute de signalisation ni d’éclairage pour situer les automobilistes. Il a fallu le préfet de la région de Gbêkè, Tuo Fozié pour mettre fin à l’hécatombe. L’autorité avait insisté pour que de vraies bandes rugueuses soient posées à la fin de l’autoroute et sur les croisements de la Nationale A3 en venant des villes de Bouaké et de Katiola pour contraindre tous les usagers à observer obligatoirement un ralentissement. C’est l’érection des bandes rugueuses et l’éclairage public pendant la nuit qui ont permis de sauver des vies.

Les villages de Minankro, N’guessankro, Assan Kouadiokro, Bamoro, Tabako, Allakro, Djigbè, Foro-Foro, Touro, Katiola, Kationon, Fronan et tous les villages situés sur cet axe routier sont avertis et devraient multiplier de vigilance.

Ouattara Abdoul Karim à Bouaké, correspondant régional


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