Abidjan, le 20-09-2020 (https://crocinfos.net/) « Faisons confiance à nos institutions. Les élections seront transparentes et apaisées », clame-t-on.
Institutions fortes avec des hommes intègres, impartiaux, des hommes qui ont prêté serment en jurant de ne dire que le droit, rien que le droit, de garder le secret pendant et après leur mandat !
Jugeons ensemble les institutions et leurs hommes qui ont en charge l’organisation des élections depuis 2000.
‘’C’est douze (12) ans après que le président de la Cour suprême déclare devant Birahima Ouattara, petit frère du président Ouattara, qu’il n’a pas dit le droit et s’est excusé. C’était tout.’’
Après le coup d’État de 1999, l’institution ‘’forte’’, le Conseil constitutionnel dirigé par Noël Nemlin, est mise sous l’éteignoir au profit de la Cour suprême, une autre institution ‘’forte’’. L’homme de cette institution s’appelle Tia Koné. Même région que le général Robert Guéi, candidat ‘’du peuple’’ à la présidentielle de 2000.
Un vendredi soir du mois d’octobre 2000, le président de la Cour suprême est appelé à dire le droit. Dans ce droit, il élimine les candidats de poids tels que Émile Constant Bombet (pour un présumé détournement de fonds de l’UE), Alassane Dramane Ouattara (pour moralité douteuse). C’est douze (12) ans après que le président de la Cour suprême déclare devant Birahima Ouattara, petit frère du président Ouattara, qu’il n’a pas dit le droit et s’est excusé. C’était tout.
En octobre 2010, le président du Conseil constitutionnel, Yao N’dré proclame le président Laurent Gbagbo vainqueur de l’élection alors que la Cei, elle, a donné vainqueur Alassane Ouattara. En pareille circonstance, c’est-à-dire, si le vainqueur de la Cei est différent de celui du Conseil constitutionnel, l’élection présidentielle est reprise 60 jours après. Mais Yao N’dré a préféré proclamer vainqueur Laurent Gbagbo. Et c’est lors de l’investiture du président Ouattara qu’il désignera l’auteur de sa forfaiture: ‘’le Satan nous a tous possédés’’. La seule excuse.
En 2015, Francis Wodié démissionne de son poste du président du Conseil constitutionnel car l’institution ne pouvait pas permettre au président Ouattara d’être candidat à la présidentielle parce que l’article 35 avec sa mention “n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne” demeurait en l’état. Koné Mamadou est nommé par le président Ouattara pour succéder à Francis Wodié. Pour permettre au président sortant d’être candidat, le successeur de Francis Wodié trouve la formule : ‘’candidat dérivé’’. Pour ne pas être amené à chercher une autre formule en 2020, Koné Mamadou demande à M. Ouattara, lors de son investiture, de changer la Constitution de 2000 parce qu’il est ‘’confligène’’.
‘’Quand le choix des hommes pour conduire les institutions est biaisé, il ne faut attendre la droiture’’
Le 4 septembre 2020, le président du Conseil constitutionnel est encore attendu sur la candidature du président sortant Alassane Ouattara. Après des ‘’considérant’’ interminables, il valide la candidature du président Ouattara, une candidature prévue par Affi N’guessan. Il va également anonner sur la candidature de Bédié Konan Aimé Henri avec ses lettres de renonciation du 3 juillet 2020 et de 2004, et nous plonger dans de nombreux ‘’considérant que’’ sur la candidature de Soro Kibafori Guillaume.
Voilà quelques actes et prestations des institutions de notre pays dans lesquelles on doit avoir foi.
Quand le choix des hommes pour conduire les institutions est biaisé, il ne faut attendre la droiture. Mamadou Koné, militant du Rhdp, nommé par le président Ouattara, pouvait-il rejeter la candidature d’Alassane Ouattara ? En 2010, Yao N’dré, ami du président Gbagbo, militant du Fpi, pouvait-il demander que les élections soient reprises ? Le président Gbagbo même ne disait-il pas que quand les gens manipulaient les résultats à la Cei, il les attendait au Conseil constitutionnel ? Tia Koné, nommé par le général Robert Guéi qui voulait à tout prix être président, pouvait-il valider la candidature d’Émile Constant Bombet, le favori de cette élection de 2000, surtout que l’électorat du général candidat devait être en majorité Pdci ?
‘’Les présidents ne se trompent pas et s’honorent d’avoir choisi des hommes droits, justes et impartiaux.’’
Quand le choix des hommes pour conduire les institutions est biaisé, il ne faut attendre d’institutions fortes et de verdicts impartiaux ; il ne faut non plus espérer avoir des élections transparentes et apaisées. Et, quand le président sait que les institutions sont à ses ordres, il n’a que ces propos : ‘’Faisons confiance à nos institutions.’’ Refrain repris en chœur par ses militants, rejeté en bloc par les opposants. Ici comme dans les autres pays africains francophones, les institutions sont dignes de confiance pour le camp présidentiel. Et les présidents ne se trompent pas et s’honorent d’avoir choisi des hommes droits, justes et impartiaux.
L’âge d’or de la démocratie n’est pas pour demain. Hommage encore une fois à Jacques Chirac et paix à son âme !
Pascal Kouassi