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[Vives tensions au Mali] Vers la rupture entre la junte au pouvoir et les anciens rebelles du Nord

Conflit armé Mali

Conflit armé Mali

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 14 septembre 2023 (crocinfos.net)—Après les violents combats qui ont éclaté à Bourem le 12 septembre, la Coordination des mouvements de l’Azawad évoque une « riposte en légitime défense » à une « agression » de l’armée malienne. Bien que la guerre ne soit pas déclarée entre la junte malienne et les anciens rebelles qui détiennent le nord du pays, la paix entre les deux parties semble s’éloigner chaque jour un peu plus.

Mardi 12 septembre, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui rassemble la majorité des groupes armés arabes et touaregs présents au nord du Mali, a revendiqué la prise temporaire de Bourem, une localité carrefour située à 90 kilomètres au nord de Gao. Cette conquête a été le résultat d’intenses combats avec l’armée malienne, selon Mohamed El Maouloud Ramadane, le porte-parole de la CMA. Cependant, les groupes armés ont par la suite décidé de se retirer de la ville. « Prendre la ville n’était pas notre objectif initial », a expliqué Ramadane au “Le Monde Afrique”.

De leur côté, les forces armées maliennes (FAMa) ont affirmé avoir repris le contrôle de Bourem le soir même du 12 septembre, après que dix de leurs soldats ont été tués dans une attaque qu’ils ont qualifié de « complexe », déterminé par plusieurs terroristes à bord de véhicules piégés. Selon les FAMa, quarante-six combattants « terroristes » ont été tués lors de leur riposte.

Ces nouveaux affrontements entre les soldats maliens et les anciens rebelles s’inscrivent dans un contexte de tension croissante entre les deux camps. La veille de l’incident à Bourem, la CMA s’était déclarée « en temps de guerre » contre le gouvernement militaire de Bamako. Dans un communiqué intitulé « Communication en temps de guerre », cette composante du Cadre stratégique permanent, la coalition regroupant tous les mouvements politiques et militaires du nord du Mali, a appelé « tous les habitants de l’Azawad à se rendre sur le terrain pour contribuer à l’effort de guerre dans le mais de défendre et protéger la patrie et ainsi reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire national azawadien ».

La création de « l’armée nationale azawadienne » telle qu’évoquée dans cette première communication représente un changement significatif. André Bourgeot, anthropologue et directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la région saharo-sahélienne, s’interroge sur la suite des événements : « Est-ce que la prochaine étape sera la proclamation d’un État ? » Une telle déclaration mettrait en péril l’accord de paix d’Alger, signé en 2015 entre les anciens rebelles du Nord, Bamako et des groupes armés loyalistes.

La situation actuelle au Mali est préoccupante, car elle peut entraîner une escalade du conflit, mettant en danger la stabilité du pays et compromettant les efforts de paix antérieurs. Les tensions entre la junte au pouvoir et les anciens rebelles du Nord ont atteint un niveau critique, et la création de l’« armée nationale azawadienne » soulève des questions sur la possibilité d’une nouvelle déclaration de guerre dans la région.

Ces développements sont également inquiétants sur le plan international, car le Mali est déjà le théâtre d’une intervention militaire internationale dirigée par la France pour lutter contre les groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Une escalade du conflit pourrait compliquer davantage les efforts pour contrôler ces groupes extrémistes.

Il est impératif que les acteurs nationaux et internationaux s’engagent dans des pourparlers de paix pour éviter une détérioration supplémentaire de la situation. Le respect de l’accord de paix d’Alger et la recherche de solutions diplomatiques sont essentiels pour stabiliser le Mali et prévenir une guerre à grande échelle.

La situation au Mali est tendue, avec des affrontements récents entre la junte au pouvoir et les anciennes rebelles du Nord. Les enjeux sont élevés, car une escalade du conflit pourrait nuire à la stabilité du pays et à la lutte contre le terrorisme. Les acteurs nationaux et internationaux doivent redoubler d’efforts pour promouvoir la paix et le dialogue dans la région, en veillant à ce que l’accord de paix d’Alger soit préservé.

KPAN CHARLES

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