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Voici les indicateurs d’un état de fait qui inquiète la société entière

À Barthelemy Zouzoua Inabo: Cette violence qui s’incruste de façon durable, naturelle dans la société ivoirienne. Tuer, brûler, détruire les biens d’autrui, se faire hara-kiri: ça devient jeu politique ou moyen de gestion des contradictions et pulsions de la société? On en parle?

La dernière fois que j’ai posé la question à une autorité de la police sur les violences et affrontements, les morts des personnes à l’issue des événements connus en Côte d’Ivoire avant, pendant et après la présidentielle 2020, la réponse a été: « une enquête nationale est ouverte ». Trop de sang a coulé, des familles endeuillées, des biens détruits, l’avenir de biens de gens brouillé. Les enquêtes doivent aboutir pour identifier les responsables et les coupables puis laisser la Justice faire son travail. Parfois, les lenteurs observées, les réserves et silences liés aux secrets des enquêtes et de l’instruction, le manque de communication, laissent penser que les choses traînent, les réponses tardent, l’impunité s’installe.

‘’Trop de sang a coulé, des familles endeuillées, des biens détruits, l’avenir de biens de gens brouillé.’’

Les tensions politiques, la surchauffe sociale, les effets induits de la Covid19, la pauvreté, la virulence des discours, les propos haineux, les incertitudes sur l’avenir sont les indicateurs d’un état de fait qui inquiète la société entière.

Les dernières élections ont laissé des traces de sang, des flots de larmes et des interrogations sans réponses. Au moins 87 morts à travers le pays, près de 500 blessés, des affrontements entre communautés qui vivent depuis des décennies dans les mêmes espaces et qui ont acquis des habitudes, qui cohabitent et partagent des intérêts communs. Comment et pourquoi la politique arrive-t-elle a installer la peur et la suspicion entre voisins, entre parents, entre amis? Au point de transformer les uns, en bombes ambulantes contre les autres? Les sociologues et autres universitaires devraient aider la société à comprendre le phénomène et proposer des pistes de solutions.

’Les tensions politiques, la surchauffe sociale, les effets induits de la Covid19, la pauvreté, la virulence des discours, les propos haineux, les incertitudes sur l’avenir sont les indicateurs d’un état de fait qui inquiète la société entière.’’

Deux faits ont attiré l’attention le samedi 21 novembre 2020 et ce lundi 30 novembre 2020. Le premier s’est déroulé à Boundiali, au Nord du pays, dans la Bagoué. Le président des éleveurs de la région a été assassiné puis son corps calciné. Les images sont atroces. Les enquêtes sont en cours pour traquer les responsables du meurtre. Selon les premières informations, la victime militait activement contre le vol des troupeaux dans la région. Assassiné par ceux qui étaient contrariés par son activisme? Règlement de comptes?

La cruauté de l’acte doit interpeller les consciences et mobiliser les forces de sécurité.

Le second fait, ces voitures en feu dans la commune de Yopougon dans la nuit, ce lundi 30 novembre 2020. Des inconnus ont incendié selon des informations rendues publiques sur la page Facebook crédible « Police Secours », un bus et cinq voitures. Pour l’instant, plutôt prématuré d’indexer des personnes ou groupes de personnes, en dehors de toute enquête. Mais l’acte est à condamner.

Au plan purement politique, les observateurs l’ont constaté: le dialogue entre le pouvoir et l’opposition est au point mort. En tout cas, pour la partie visible de l’iceberg.

Le groupement au pouvoir prépare cependant les prochaines échéances électorales. Les législatives notamment, fixées à la mi-février 2021. Les cadres dirigeants se sont retrouvés ce lundi 30 novembre 2020 pour avancer sur la question. Le 17 décembre 2020, le rassemblement au pouvoir prévoit un pèlerinage à Korhogo. Une cérémonie d’hommage à l’ex-premier ministre décédé le 8 juillet 2020.

Par Fernand Dédeh

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