[Côte d’Ivoire] Évasion des 20 personnes du Tribunal du Plateau : les sept gardes-pénitentiaires sont-ils les vrais coupables ? #évasion
–Une conférence de presse des deux syndicats des gardes pénitentiaires dans les heures qui suivent
Le commandant du violon du Palais de Justice d’Abidjan-Plateau et sept gardes pénitentiaires ont été mis aux arrêts pour nécessité d’une enquête ouverte suite à l’évasion le mardi 08 août 2017, aux environs de 11H 00, de 20 personnes en détention au violon de police dudit Palais. En attendant que les responsabilités soient situées, le Commandant du Palais et les agents des gardes pénitentiaires ont été relevés de leur fonction. Les gardes pénitentiaires sont-ils suffisamment armés pour sécuriser les détenus au nombre desquels il y a des criminels, de redoutables bandits ? À qui revient la sécurité des détenus, une fois dans l’enceinte du Palais de Justice en attente d’être jugé ? Voici quelques interrogations auxquelles nous tentons d’avoir des réponses.
Selon des sources pénitentiaires soutenues par des sources judiciaires, ‘’L’Administration pénitentiaire a pour mission d’assurer l’exécution des décisions de justice en matière pénale et de participer au maintien de la sécurité publique par la surveillance des personnes détenues.’’ « Depuis 2011, après la réhabilitation et l’ouverture de la Maison d’Arrêt et de Correction (Maca) et les autres prisons, les gardes pénitentiaires ne disposent pas de moyens nécessaires de leur mission », révèle l’un des syndicats des gardes pénitentiaires.
À part les treillis qui les distinguent des détenus, ils n’ont pas d’armes pour assurer la sécurité publique et celle des détenus. « Nous ne pas disposons pas d’équipements de sécurité spécifiques à l’objectif sécuritaire (armes de type létale et non létale). En un mot, pas d’armes de défense en cas d’évasion massive, d’agression ou d’émeute ( le cas Yacou Le Chinois) de lacrymogène, de fusils à pompe ou encore de matériel de protection et d’intervention », déplore notre interlocuteur.
Conséquence : certains détenus (les caïds) défient les gardes pénitentiaires allant jusqu’à leur donner des ‘’ordres.’’ « Nous avons toujours dénoncé cela, mais nos cris du cœur n’ont jamais été pris en compte par les autorités », ajoute le responsable du syndicat.
De la sécurité des personnes convoyées par des gardes pénitentiaires au sein d’un Tribunal
Une fois le cargo transportant les détenus fait escale au Poste de police dans l’enceinte d’une prison, les gardes pénitentiaires commis à leur surveillance échangent les données avec les agents de police en faction, sur ordre du commandant du poste, ‘’nommé par le procureur.’’ « Ce sont des fiches signalétiques sur lesquelles il y a toutes les informations sur la personne à juger. Son statut pénal, son état de dangerosité ou sa vulnérabilité, etc. qui sont, entre autres, des indices qui permettent aux agents de police de prendre leur disposition. C’est fort de tous ces documents que les gardes pénitentiaires font descendre les personnes à juger (toujours menottées) pour être gardées au violon du Poste de police dont les clés sont détenues par les agents de police en faction. Une fois la procédure terminée, les agents des gardes pénitentiaires se retirent dans une salle du Tribunal jusqu’à la fin des audiences, avant de recevoir entre, probablement 19 et 20 heures, la fiche signalétique des policiers pour embarcation retour des personnes », explique notre interlocuteur.
Pour le cas précis de mardi : « Les gardes relevés de leur fonction étaient dans la salle d’attente quand ils ont été interpellés par les bruits assourdissants venant du violon du Poste de police. »
Les gardes pénitentiaires qui ont été arrêtés et relevés de leur fonction ont-ils fait preuve de ‘’laxisme’’ comme le soutient le procureur de la République?
Pour sûr, les premières conclusions de l’enquête ont été bien trop hâtives. Avec des victimes qui, au regard des responsabilités devraient être gardées, avant d’être relevées de leur fonction. Autant affirmer qu’il y a des zones d’ombre qui restent à élucider sur cette affaire qui, au dire des sources proches du Palais de justice n’est pas la première. « En décembre 2013, il y a eu une évasion de plus d’une dizaine de personnes passée sous silence, sans aucune enquête», révèle notre source proche du Parquet.
« Nous n’allons plus garder la langue de bois dans une affaire où les autorités veulent nous faire porter le chapeau », martèle le syndicaliste ajoutant par ailleurs que les deux syndicats des gardes pénitentiaires tiendront ‘’dans un bref délai une conférence de presse’’ pour dire leur part de vérité.
Sériba Koné
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