[Attentat de Grand-Bassam] Suite et fin du procès de la journée

[Attentat de Grand-Bassam] Suite et fin du procès de la journée

Le journaliste chroniqueur, Fernand Dédeh est au Palais de Justice pour le procès de l’attentat de Grand-Bassam. Minute par minute, il vous raconte les échanges comme si vous y étiez. Suite et fin de la première journée.

Procureur: Est-ce que depuis que Kounta Dalla est parti, vous a-t-il contacté? La dernière fois que vous vous êtes parlé, c’était quand?

Accusé: la dernière fois que nous nous sommes parlé, c’était le 13 mars 2016.

Procureur: Pas de doute possible? Vous avez une bonne mémoire?

Accusé: Après ce dimanche, Kounta Dalla et moi, nous ne sommes plus parlés.

Procureur: Vous trouvez cela normal? Vous l’avez reçu, hébergé, mangé avec lui et il s’en va et tout devient un trou noir?

Accusé: il n’est pas mon camarade. J’ai appelé celui qui m’avait contacté pour recevoir Kounta le mardi…

Procureur: Vous a-t-il dit qu’il partait d’Abidjan?

Accusé: Non.

Accusé: J’ai appelé mon contact le lundi 14 mars à 20 h. Je lui ai dit que je ne suis pas content. Si Kounta Dalla doit revenir ici, il ne faut plus qu’il vienne chez moi

Procureur: Pourquoi la version que vous donnez aujourd’hui est différente de ce que vous a dit devant le juge d’instruction?

« Le lendemain, il m’a joint téléphoniquement pour me dire qu’il y est allé pour une urgence. Il m’a demandé de remettre la somme de 10.000 FCFA à Ibrahim… »

Vous avez affirmé tout à l’heure que vous n’avez plus eu de contact avec lui…

Accusé: Président, tu m’écoutes, je suis dans vos mains…

« L’écriture, l’homme écrit ce qu’il veut mais on ne peut pas changer la vérité. Toutes les réponses que j’ai données à la police, ce sont les mêmes réponses que je donne au juge. Je ne peux pas accepter les fausses accusations. »

« Un chasseur ne peut pas aller en brousse chercher une gazelle et revenir avec une souris. Avec ce que vous dites-là et ce que moi je dis, vraiment… »

Accusé: Ce que vous lisez dans les déclarations devant le juge d’instruction et ce que je dis depuis cet après-midi, c’est la même chose

Le Procureur bondit alors… « Ah, c’est la même chose? Il y a deux kounta Dalla alors »?

Accusé: Non, il y a un seul kounta Dalla. C’est lui qui nous a mis dans problème

Procureur: Aujourd’hui, vous dites que vous ne l’avez jamais recontacté depuis qu’il est parti. Or devant le juge d’instruction, vous avez dit, « il m’a joint depuis le Mali le lendemain ».

Accusé: C’est moi qui ai appelé l’intermédiaire. Il était avec Kounta… Mais il n’a pas parlé avec moi

Procureur: Monsieur Sidy Kounta, soyons sérieux, trois fois », et il passe la parole au président…

L’accusé ne reconnaît pas ses déclarations à la police et devant le juge d’instruction

La parole à La Défense

La Défense demande à l’accusé de préciser de nouveau comment il a connu Kounta Dalla.

Il répète sa story du début du procès

Ce que j’apprends, Kounta Dalla selon l’accusé, est arrivé à Abidjan le 9 février 2016. Il a quitté la capitale économique le lendemain de l’attentat par avion.

Or dans le milieu sécuritaire, Kounta Dalla a résidé à Abidjan régulièrement pendant deux ans

Il a pris une maison à Adjouffou qu’il a réhabilitée, fait la clôture, réalisé deux forages. Il faisait régulièrement la navette entre Bamako et Abidjan.

Les enquêteurs ont découvert que qu’il avait modifié les pots d’échappement de sa 4×4 et cela lui permettait d’y installer les armes qu’il convoyait et qu’il cachait dans l’un des puits

Avocat de La Défense: « le 13 mars 2016, où étiez-vous »?

Accusé: « Je suis resté toute la journée à la maison. Je suis sorti à 14 h pour aller dans mon nouveau coin »

Avocat de La Défense: Qui peut confirmer que vous étiez à la maison jusqu’à 14 h? Vous étiez en compagnie de qui chez vous ce dimanche 13 mars 2016? »

Accusé: Avec Kounta Dalla. Ma sœur peut confirmer. Vous pouvez demander à Kounta Dalla aussi. Nous sommes dans vos mains »

Avocat de La Défense: Est-ce que des personnes peuvent confirmer que vous étiez à la boutique? Vous être resté à la boutique jusqu’à quelle heure? Vous êtes allé où? Qui peut confirmer que vous êtes reparti chez vous? Est-ce que après  ce dimanche 13 mars, vous avez reparlé avec kounta Dalla? Est-ce que toutes les personnes de votre famille ont été entendues par la police et le juge d’instruction »?

Accusé: J’ai été à la DST. Là-bas, il y a la souffrance. Ça coupe cœur là-bas. Les déclarations dans le procès-verbal, on peut les renforcer autrement.

Je demande que le Président retienne tout, ce que j’ai dit à l’enquête préliminaire et devant la cour. Mais je ne suis pas le djihadiste qu’il recherche

L’accusé dit qu’il n’a pas eu de contact téléphonique avec Kounta Dalla depuis le 13 mars 2016

Accusé: « Tout ce que je demande, l’erreur est humaine. Je ne suis pas djihadiste. Qu’ils lavent mon honneur. »

L’accusé dit devant le tribunal criminel que le jour de la perquisition de son domicile, il n’était pas informé. Il était à la DST

La Défense estime que leurs clients bénéficient de la présomption d’innocence. Dans le procès-verbal, les enquêteurs sont allés au domicile de l’accusé en son absence. La Défense demande d’écarter le procès-verbal de la perquisition

Et confond l’accusé sur la présence de Kounta Dalla à son domicile. L’accusé a jusque-là soutenu qu’il était chez lui avec seulement Kounta Dalla.  Or un de ses cousins, venu d’Abobo, interrogés par le juge d’instruction relate qu’il a était chez l’accusé et qu’il y a trouvé Kounta Dalla. Et que c’est en sa présence que l’information de l’attentat de Bassam est tombée. Lui, il est arrivé à 11 h chez son cousin à 11 h et qu’il y est resté jusqu’à 16 h…

Ce que Mon cousin a dit est vrai, réagit l’accusé

Le président du tribunal: « Donc, Kounta Dalla est arrivé chez vous après l’attentat de Basaam. Votre cousin dit que c’est l’information sur l’attentat de Bassam qui a précipité son départ de chez vous… »

Accusé: « Président, je ne suis pas djihadiste »

Mon cousin était chez moi quand kounta Dalla est arrivé. Il m’a demandé qui était le visiteur? Je lui ai dit que « c’est un frère. »

Avocat: Avez-vous reçu un appel ce jour-là qui vous annonce l’attentat de Bassam?

Accusé: J’ai appris l’information relative à l’attentat vers 16 h.

Avocat : Où avez-vous appris la nouvelle?

Accusé : Sur la route

Juge: votre cousin dit une chose et vous dites autre chose. Il dit qu’il était chez vous quand vous avez reçu l’information et vous vous êtes écrié.  Que dites-vous de sa version?

Accusé: Ce que Souleymane  (cousin) a dit est vrai. Ce que je dis aussi est vrai

Le juge met fin à la séance du jour

Fin de la longue séance.

Propos recueillis au Palais par Fernand Dédeh


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