-Le triomphe du RHDP
-Une femme à la tête du Sénat?
Abidjan, Côte d’Ivoire, le 17 septembre 2023 (crocinfos.net)—Plus de 9 000 grands électeurs se sont rendus aux urnes pour élire 64 sénateurs, représentant près des deux niveaux de la Chambre haute, le 16 septembre en Côte d’Ivoire. Le RHDP, parti au pouvoir, a remporté une victoire écrasante lors de ces élections, confirmant sa domination politique.
RHDP en tête
Sans grande surprise, le RHDP a émergé en tant que grand gagnant de ces élections sénatoriales. Le parti au pouvoir avait déjà remporté 23 régions sur 30 lors des élections locales du 2 septembre, ainsi que 123 communes sur 199. Cependant, la région du Guémon a connu lors des incidents du scrutin, correspondant à la proclamation des résultats et laissant deux sièges sénatoriaux vacants en attendant un nouveau vote.
Les conseillers régionaux et municipaux, en tant que grands électeurs, ont exprimé une fois de plus leur confiance envers le RHDP en soutenant massivement ses candidats.
Contentieux électoraux
Pourtant, ces élections sénatoriales n’ont pas été sans controverse. L’opposition a ressenti la Commission Électorale Indépendante (CEI) pour avoir organisé ces élections alors que les contentieux électoraux liés aux élections locales du 2 septembre n’ont pas encore été résolus par le Conseil d’État. Cette décision a retenu des interrogations quant à la validité des élections sénatoriales si certaines élections locales devaient être invalidées.
Défaite programmée de Jeannot Ahoussou-Kouadio
La surprise majeure de ces élections a été la défaite de Jeannot Ahoussou-Kouadio, l’ancien président du Sénat ivoirien. Élu à l’unanimité en avril 2018, il avait occupé ce poste tout en assumant la fonction de ministre d’État chargé du Dialogue politique et des relations avec les institutions. Cependant, ces élections sénatoriales marquent sa deuxième défaite en moins d’un mois, suite à sa défaite au Conseil régional du Bélier le 2 septembre.
Malgré une plus grande présence des élus locaux du RHDP dans la région du Bélier, ils n’ont pas réussi à reconduire Jeannot Ahoussou-Kouadio au Sénat.
Une coquille vide
Le RHDP a incontestablement consolidé sa position dominante en Côte d’Ivoire en remportant une victoire éclatante lors des élections sénatoriales de 2023. Cependant, les controverses entourant ces élections et la double défaite de Jeannot Ahoussou-Kouadio achèvent de convaincre que de haute personnalité du RHDP sont des coquilles vides. Les résultats définitifs et les décisions du Conseil d’État concernant les contentieux électoraux pourraient avoir des répercussions importantes sur le paysage politique ivoirien à l’avenir.
SERGES MIGNON
ENCADRE
Une femme à la tête du Sénat ivoirien ?
La montée en puissance de la participation politique des femmes en Côte d’Ivoire soulève la question : une femme pourrait-elle bientôt diriger le Sénat ivoirien ? La question de savoir si une femme pourrait bientôt présider le Sénat ivoirien se pose naturellement, au vu de l’engagement croissant des femmes ivoiriennes dans la sphère politique. À travers diverses initiatives, elles font entendre leur voix lors de séminaires de formation, de rencontres internationales et sur toutes les tribunes qui leur sont ouvertes.
La Constitution ivoirienne de 2016 garantit l’égalité des sexes et des opportunités, tandis que la loi de 2019 impose un quota de 30% de femmes candidate aux élections. Sous l’égide du Ministère de la Femme, l’ONU Femmes a soutenu la création du Comité de Suivi pour la prise en compte du Genre dans les Processus Électoraux en Côte d’Ivoire (CSGPE-CI), visant à promouvoir la participation politique des femmes. En juin 2023, le CSGPE-CI, avec le soutien de l’ONU Femmes, a entrepris une campagne de sensibilisation dans plusieurs villes du nord du pays pour mobiliser les acteurs autour de la loi du quota.
L’heure semble donc propice à la montée en puissance des femmes au Sénat ivoirien, mais la réponse définitive à cette question reste à venir, tout comme la défaite récente de Ahoussou Jeannot lors des élections laisse planer un doute sur l’avenir politique de la chambre haute du pays.
S.MIGNON