-‘’Alain Lobognon ne peut jamais demander sa libération sans les autres, c’est mal le connaître’’
Dans un communiqué fait à Abidjan, le 28 mars 2020, signé du directeur de l’administration pénitentiaire d’Agboville, Boubakar Coulibaly, celui-ci indique que l’état de santé du député élu de Fresco, Lobognon Alain, ‘’ne suscite aucune inquiétude et trouve infondé l’appel à sa mise en liberté’’. Jointe par téléphone, l’épouse du détenu donne sa part de vérité.
Ce communiqué est la réponse du collectif des avocats d’Alain Lobognon que Me Affoussiata Bamba Lamine a publié sur sa page Facebook, le 27 mars. Les avocats informent que la vie de leur client ‘’est gravement en danger’’ et qu’il, ‘’soit, sans délai, conduit dans un centre de santé adéquat et en accord avec son médecin traitant’’. « Cela permettra également de déterminer avec exactitude le mal dont il souffre ». Telle est la substance de la déclaration.
Des zones d’ombre
À ce stade, le directeur de l’administration pénitentiaire d’Agboville, Boubakar Coulibaly, ne peut pas affirmer que la déclaration émanant d’un prétendu collectif d’avocats est ‘’ non signée’’.
Mieux, la requête est claire. Le collectif demande que leur client soit ‘’conduit dans un centre de santé adéquat et en accord avec son médecin traitant’’. Ce ne sont donc, pas des ‘’allégations’’, ‘’dénuées de tout fondement’’ comme veut le faire croire Boubacar Coulibaly.
‘’Je ne doute pas la qualité des soignants qui sont allés voir mon époux, mais, au moins, ils devraient se faire accompagner par Amnesty international’’.
Cependant, le directeur de l’administration pénitentiaire d’Agboville balaie du revers de la main l’accord avec le médecin traitant et, sur réquisition du substitut résident d’Agboville, le docteur Alloueké Miézan Michaël, médecin généraliste, chef de service de médecine au CHR d’Agboville, s’est rendu le 27 mars à la prison civile à l’effet de s’enquérir de l’état de santé de Monsieur Lobognon. « Sur place, le docteur Alloueké Miézan Michaël et l’infirmier de la prison, Lida Florent, ont, tous les deux, été éconduits par Monsieur Lobognon, lequel a argué qu’il n’était pas malade, ne voulait voir personne et a refusé tout examen, comme indiqué dans le rapport dressé par le médecin, qui, du reste, fait état d’un patient conscient et présentant un bon état général », se défend-il.
‘’Alain n’acceptera jamais d’être libéré seul’’
Jointe par téléphone, la version des faits donnée par l’épouse d’Alain Lobognon, bat en brèche la visite des soignants à au député élu de Fresco. « Je ne doute pas la qualité des soignants qui sont allés voir mon époux, mais, au moins, ils devraient se faire accompagner par Amnesty international. Cependant, j’avais remis le contact du médecin traitant de mon époux à l’infirmier de la prison civile d’Agboville afin qu’il le joigne en cas de problème de santé d’Alain. Pourquoi ne l’a-t-il pas joint ? » s’interroge-t-elle, ajoutant par ailleurs qu’« Alain Lobognon est un prisonnier politique qui a droit que ces requêtes soient respectées à la lettre quand l’administration pénitentiaire estime qu’elle doit répondre positivement à sa demande ».
Elle a révélé que son époux est effectivement souffrant, parce qu’il est ‘’hypertendu et a subi une opération pour une occlusion intestinale le 8 mai 2019’’. À l’en croire, elle demande que son époux soit conduit dans un centre de santé adéquat pour subir de ‘’meilleurs traitements’’, et qu’il ne s’agit pas d’une de demande de mise en liberté. « Alain n’acceptera jamais d’être libéré seul, sans les autres détenus. C’est mal le connaître », a-t-elle tranché.
Par ailleurs, la cellule du député élu de Fresco qui était dans un état de délabrement criant, a été réhabilitée par endroit par son épouse. Face à l’attitude de la direction pénitentiaire, elle s’indigne : « Nous avons refait la plomberie, la menuiserie, les toilettes…par précaution».
À la visite du jeudi 26 mars, l’épouse d’Alain Lobognon a trouvé son mari dans un ‘’état sanitaire extrêmement critique, méconnaissable, affaibli, amaigri et surtout incapable de se tenir debout’’.
Depuis décembre 2019, déclenchement de la pandémie du coronavirus en Chine, Alain Lobognon est arrêté avec plusieurs proches du président de Générations et peuples solidaires (GPS), Soro Guillaume Kigbafori, pour ‘’Troubles à l’ordre public et divulgation de fausses nouvelles’’.
Après avoir été écroué, Alain Lobognon a été transféré dans plusieurs maisons d’arrêt et de correction (Yopougon, Grand-Bassam puis Agboville) en mois de deux mois, malgré son état de santé que ne cessent de dénoncer son épouse et le conseil des avocats.
Sériba Koné