[FITKD] La dissidence au cœur d’une bataille financière ?
La Fédération ivoirienne de Taekwondo traverse une crise de gouvernance, révélatrice des enjeux financiers de taille. Soutenu par la justice, Jean-Marc Yacé reprend la présidence. Analyse des motivations et des enjeux économiques sous-jacents.
Abidjan, le 8 novembre 2024 (crocinfos.net) – La Fédération ivoirienne de Taekwondo (FITKD) connaît actuellement une situation houleuse, où les rivalités internes prennent des proportions publiques et soulèvent des questions de gestion financière. La situation s’est intensifiée lorsque, le 4 octobre 2024, 237 maîtres de salle et présidents de clubs se sont prononcés contre les actions des dissidents et ont exprimé leur soutien indéfectible au président Jean-Marc Yacé, désavouant ainsi la fronde. Le lendemain, une décision judiciaire a renforcé ce soutien. Le juge, par l’ordonnance de référé N°4212/24 a rendu le 5 novembre 2024, a confirmé Jean-Marc Yacé comme unique président de la Fédération. En plus de suspendre les résolutions de l’assemblée générale contestée du 19 octobre, le juge a ordonné l’exécution immédiate de cette décision.
Cette clarification semble toutefois masquer des motivations plus profondes et des troubles. Selon des sources internes à la FITKD, la crise aurait pour origine des intérêts financiers, alimentés par des ambitions de contrôle. En effet, au cœur de cette bataille se trouve le Centre Sportif, Culturel Ivoiro-Coréen et des TIC Alassane Ouattara (CSCTICAO). Construit grâce à la coopération entre la Corée du Sud et la Côte d’Ivoire, ce centre jouit d’un budget conséquent, qui serait évalué à 800 millions de francs CFA par an, et prépare un ambitieux projet d’agrandissement pour 2025 avec des financements annoncés, évalués à plusieurs milliards.
Depuis 2021, le conseil d’administration du CSCTICAO est composé de représentants sud-coréens, du ministère ivoirien des Sports et de la FITKD. Ce mandat arrive à terme fin octobre 2024, et il est à prévoir que les représentants soient renouvelés, ce qui suscite des convoitises. En tant que président de la FITKD, Jean-Marc Yacé pourrait décider de ne pas reconduire l’actuel représentant de la Fédération, qui occupe actuellement la fonction de président du conseil d’administration du Centre. Ainsi, celui-ci pourrait perdre sa position d’ordonnateur principal des dépenses.
Cette possibilité a ravivé les tensions. Selon nos sources, certains dissidents se lanceraient dans une campagne pour destituer Jean-Marc Yacé, afin de placer à la tête de la FITKD un président favorable à la reconduction du représentant actuel. Une stratégie visant, en définitive, à conserver un contrôle exclusif sur les ressources financières importantes du CSCTICAO.
Un passé récent de tensions
L’affaire n’est pas la première à secouer l’institution. L’une de nos enquêtes avait révélé des dysfonctionnements, mettant en cause Daniel Cheick Bamba, président du conseil d’administration du CSCTICAO, pour avoir révoqué de manière controversée le directeur général, Angelot Kognot. Nommé par décret en 2022, Angelot Kognot a été remplacé, avant que le ministre ivoirien des Sports, Adje Silas Metch, n’intervienne en avril 2024 pour le rétablir dans ses fonctions. Ce rappel à l’ordre n’a cependant pas encore été concrétisé, M. Kognot n’ayant toujours pas repris ses fonctions malgré la décision ministérielle.
Cette situation met en lumière une lutte d’influence au sein de la FITKD et du CSCTICAO, marquée par des manipulations en coulisses et des rivalités sur fond de gros intérêts financiers. L’ampleur des fonds en jeu rend ce conflit particulièrement sensible, impliquant des réseaux et des alliances intéressées par les futurs investissements au Centre, avec des financements de grande envergure attendus de la part des gouvernements ivoirien et sud-coréen.
Une enquête nécessaire pour faire la lumière
Face à ce contexte lourd de conflits d’intérêts, il faut une enquête approfondie. Des associations et observateurs appellent les autorités ivoiriennes à examiner ces agissements qui menacent la crédibilité de la Fédération et ternissent l’image de la Côte d’Ivoire. Ce Centre, portant le nom du président Alassane Ouattara, est le symbole de la coopération ivoire-coréenne, et se doit de respecter les principes de transparence et d’intégrité.
Avec les enjeux révélés, la communauté taekwondoïste s’interroge : qui, réellement, tire les ficelles dans cette lutte de pouvoir au sein de la FITKD ? Le soutien ferme de la justice à Jean-Marc Yacé pourrait stabiliser temporairement la Fédération. Toutefois, la question du contrôle des ressources du CSCTICAO laisse présager de nouveaux affrontements. Une chose est certaine, cette affaire met à l’épreuve l’intégrité de la Fédération ivoirienne de Taekwondo, ainsi que la transparence dans la gestion des fonds publics dans le sport national.
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En l’absence d’un contrôle rigoureux, ces jeux de pouvoir pourraient à terme nuire au développement de la Fédération. Une affaire suivre à de près, où la transparence, l’intégrité et la justice restent des priorités pour maintenir la confiance dans les institutions sportives ivoiriennes.
Sériba Koné
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