Interview/ Cédric Bakambu: «La Chine n’est pas une retraite, j’ai seulement 29 ans»

Interview/ Cédric Bakambu: «La Chine n’est pas une retraite, j’ai seulement 29 ans»

Un « Léopard » en « stand-by » ! L’international congolais doit repartir vers son club de Pékin, retour retardé par la pandémie du coronavirus. Confiné en France, Cédric Bakambu s’est mobilisé en faveur des défavorisés de Kinshasa, à travers sa fondation congolaise. En attendant de reprendre la compétition, il répond aux questions de Radio Foot Internationale.
Des vacances qui n’en finissent pas ! Cédric Bakambu était rentré en France retrouver sa famille en décembre, à la fin du championnat de Chine où son club, le Beijin Guoan entrainé par Bruno Genesio, a terminé deuxième de la Première division. Mais le coronavirus a semé la mort, la vie s’est arrêtée et l’attaquant congolais a dû prendre son mal en patience. Comme d’autres internationaux enrôlés dans la Chinese Super League, il attend toujours le feu vert pour retourner dans son club. Ce qui pourrait ne plus tarder.
« J’ai vécu ce confinement loin de la Chine, loin de mes camarades, exclu sans le vouloir car c’était l’intersaison, explique-t-il. J’attends de repartir, mais la reprise n’est pas encore fixée ». Cette situation lui a toutefois permis de se mobiliser à travers sa fondation Bakagoal.

RFI : Cédric Bakambu, parlez-nous de votre fondation, dont vous vous êtes occupé durant ce confinement ?

Cédric Bakambu : La fondation a été lancée en RDC en décembre 2019. Cela me tenait à cœur même si je n’avais pas au départ l’idée de créer une fondation. Je manquais de temps. Mais dès mon premier voyage en 2015, lorsque j’ai découvert le pays, et ensuite à chaque voyage en RDC, je me reconnaissais dans les gamins qui jouaient dans les rues. Et je me suis lancé, avec « Bakagoal », pour modestement contribuer à l’épanouissement de la jeunesse congolaise. En aidant les plus jeunes à s’en sortir, avec des programmes d’éducation, d’alphabétisation, pour appréhender les nouvelles technologies, et puis aussi le sport !
L’urgence de la pandémie nous a obligés à sortir de notre zone de confort. Nous avons distribué de la nourriture dans certains quartiers de Kinshasa. Le directeur de la fondation Bernard Pongo et mon père, Jonathan Bakambu qui sur place est vice-président, plus mes partenaires, ont veillé à la logistique. Nous avons eu énormément de retours positifs. Donc, j’ai modestement apporté ma pierre à l’édifice, en cette période difficile où la solidarité est primordiale.

Vous êtes un des buteurs des « Léopards », mais était-ce important de créer un lien autre que sportif avec la RDC ?

Oui car j’ai découvert le pays grâce au football, mais j’en suis tombé amoureux, cela s’est donc fait naturellement, spontanément, et j’en suis très fier aujourd’hui.

Que ressentez-vous, vous natif de Vitry-sur-Seine et formé à Sochaux, de porter les couleurs de la RDC ?

J’ai déjà disputé deux CAN depuis 2017. C’est important, car la RDC est un grand pays, et un grand pays de football. C’est important que nous soyons régulièrement à la CAN. Ça apporte passion, espoir, de la fierté à tous les Congolais qui nous regardent. Donc sur le terrain on essaye de défendre nos couleurs au maximum.

Redoutez-vous que la CAN 2021 pâtisse de la situation sanitaire ?

Franchement, je ne sais pas. Ce ne sera pas facile car il reste encore beaucoup de matches de qualification. Moi je me tiens prêt, mon équipe aussi. Mais on n’est pas à l’abri d’un report de la CAN. Faudra faire avec, il y a des choses plus importantes que le football !

Y a-t-il dans votre équipe l’envie d’effacer la campagne d’Égypte, et cette élimination précoce en 8e de finale de la CAN en juillet 2019 face au promu Madagascar ?

C’est clair qu’on a à cœur de se rattraper vis-à-vis de nous-mêmes, et de notre public surtout ! Maintenant, nous avons été sortis après les tirs aux buts, par une super équipe de Madagascar qui a réalisé un très beau parcours. On espère faire mieux la prochaine fois. Nous, Congolais, on se doit de proposer mieux, et j’espère qu’on le fera à la prochaine compétition.

Que s’est-il passé en Égypte ? Y avait-il des problèmes avec votre sélectionneur Florent Ibengé ?

Vous savez comment ça se passe dans le football, quand ça se passe moins bien pour le collectif, on pointe du doigt le sélectionneur. Mais il n’est pas le seul responsable, nous sommes tous responsables, moi le premier. Mais nous étions arrivés en fin de cycle. Il fallait tourner la page. J’espère que la mayonnaise prendra assez vite avec le nouveau sélectionneur, Christian Nsengi. Et que nous engrangerons des victoires le plus tôt possible, parce que c’est ce qui nous fait défaut actuellement.

La fin de cycle à cause de Florent Ibengé ?
Oui il y avait des rumeurs, et il n’y a pas de fumée sans feu… il était donné partant, et ça sentait la fin d’un cycle.

La qualification pour la prochaine CAN sera-t-elle facile à acquérir dans votre groupe D, avec le Gabon, la Gambie et l’Angola ?
Ce n’est jamais facile de se qualifier, surtout nous les Congolais, nous sommes les rois du calcul, on se qualifie toujours difficilement. Tant que la dernière journée ne s’est pas disputée, tout est possible. Pour l’instant, nous sommes 3 e du groupe D.

Qui vous ferait le plus peur dans ce groupe ?

(Rire) L’adversaire qui me fait le plus peur, je vais vous dire la vérité, c’est le Congo ! Parce qu’on est capable du meilleur comme du pire, si on est dans un grand soir, on peut battre n’importe quelle équipe, et à l’inverse, on peut perdre contre n’importe qui si on n’y est pas, on l’a vu à la dernière CAN. Donc je dirai que le plus grand adversaire, c’est nous-mêmes ! Gagner une CAN, j’y crois, un rêve d’enfant, de footballeur… On n’est pas les seuls mais il faut y croire.

La Chine, quand y retournerez-vous ? Avez-vous envie d’y retourner ?

La Chine a pour le moment encore ses frontières fermées aux étrangers, je ne peux aller à Pékin, donc j’attends des nouvelles. Mais j’ai envie d’y retourner, depuis décembre ça commence à faire long. Je me suis préparé, je me tiens prêt. J’ai envie de retrouver la compétition, je suis un sportif de haut niveau. Ça me manque, et mon club est là-bas pour le moment.

Ce championnat est-il agréable, malgré l’éloignement ?

C’est loin mais motivant ! Notre entraîneur Bruno Genesio a lui-même été agréablement surpris, il ne s’attendait pas à une telle ferveur. Jouer dans des stades remplis chaque week-end est motivant, il y a un vrai engouement mais on est loin pour les médias européens.

Vous avez marqué 39 buts en 54 matchs au Beijing Guoan, quel est le niveau de ce championnat ?

Difficile à situer car chaque équipe a 3 étrangers sur le terrain. C’est plus physique, mais en dessous de la Liga où j’ai joué et qui est très technique.

Vous avez été un bon joueur avec Villarreal, rêvez-vous de rejouer en Championnat d’Espagne (Liga) ?

Oui, en Liga ou en Europe, mais on verra quand ça se fera. J’ai encore un an et demi de contrat à remplir en Chine, je suis bien à Pékin, je le respecterai.
Au sujet du FC Barcelone, qui a voulu m’acheter au dernier mercato d’hiver, y’a même pas eu de déception. Ça aurait été un beau bonus, je ne m’y attendais pas, c’étaient les dernières heures du mercato et j’avais d’autres pistes plus concrètes, mais c’est passé. En plus, être convoité par le Barça est très flatteur et me motive pour la suite, parce que j’ai toujours dans un coin de ma tête ce come back en Europe. Savoir qu’une telle écurie me convoitait décuple ma motivation. La Chine n’est pas une retraite, j’ai seulement 29 ans !
RFI


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