[Interview] Consommation du tabac et des psychotropes/Lacina Tall aux jeunes : « Détournez-vous de la consommation du tabac »

Lacina Tall est le manager général de l’Organisation non gouvernemental Club Unesco universitaire pour la lutte contre la drogue et les autres pandémies (Ong Clucod). Il prodigue des conseils à la jeunesse. « Détournez-vous de la consommation du tabac ».

Il est aussi le président du Réseau des ONG actives pour le contrôle du tabac en Côte-d’Ivoire(Roctaci). Les inconvénients de la consommation du tabac, de la drogue et des psychotropes sur la santé de l’homme sont mortels. Pour lutter contre le tabagisme en Côte-d’Ivoire, j’invite tout le monde à adopter un comportement citoyen. Le seul conseil que je peux donner aux jeunes

Quels sont les principaux objectifs de l’Ong Clucod ?

L’ong Cluccod est un Comité ou un Club Unesco universitaire pour la lutte contre la drogue et les autres pandémies. Cette Ong a été créée en milieu universitaire en 1992 par les étudiants. Elle existe légalement depuis 2003.

Le but principal de l’Ong Clucod est de contribuer à la lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme, la drogue, les psychotropes et les autres substances nuisibles pour l’homme. Elle participe à la prévention des méfaits des drogues chez les enfants et les jeunes. Aussi, elle fait la promotion des droits de l’homme, de la culture et de la paix. L’Ong Clucod œuvre également pour la promotion du droit à la santé publique.

Quelles sont vos actions depuis la création de l’Ong Clucod ?

L’Ong Clucod a mené plusieurs actions tant en matière des textes qui régulent la consommation des substances nocives à la santé de l’homme que sur le terrain. De façon spécifique, l’Ong Clucod fait des plaidoyers pour la réforme des lois en vigueur dont certaines ne répondent plus aux besoins actuels. Et, nous avons obtenu des résultats satisfaisants, notamment la réforme de la loi de 1988 relative à la répression contre les substances illicites et les psychotropes. Nous avons la Loi N°202 2-407 du 13 juin 2022 portant lutte contre le trafic et l’usage illicites des stupéfiants, des substances psychotropes et leurs précurseurs en Côte-d’Ivoire, la vulgarisation du décret N°2012-980 du 10 octobre 2012 portant interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun, la Loi N°2019-676 du 23 juillet 2019 relative à la lutte antitabac en Côte-d’Ivoire.

Nous faisons le plaidoyer pour l’augmentation du taux de taxation du trafic du tabac en Côte-d’Ivoire. Parce que ce taux de taxation pratiqué en Côte-d’Ivoire ne respecte pas les normes recommandées par l’UEMOA en la matière. Nous sensibilisons la population sur les effets nocifs du fait de la consommation du tabac, de la drogue et des psychotropes. Cette sensibilisation touche beaucoup la jeunesse qui est facilement exposée à ces nombreuses publicités sur la consommation de ces substances. Surtout que la jeunesse représente 70% de la population en Côte-d’Ivoire.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez sur le terrain ?

Nous rencontrons assez de difficultés sur le terrain. Mais il faut noter l’action des grandes industries de production du tabac qui s’ingèrent subtilement dans la prise de mesures d’interdiction de la lutte contre la consommation du tabac, de la drogue et des psychotropes et l’application des Lois en vigueur. Ces grandes industries se détournent de l’Etat. Elles trouvent toujours des moyens pour interagir dans la prise de décision, notamment la corruption. En outre, il faille signifier le laxisme des propriétaires de bars et maquis. Ce qui constitue un obstacle à l’application de l’interdiction de fumer dans le public.

Quelles sont vos zones ou circonscription d’intervention dans cette lutte ?

Nous couvrons toute l’étendue du territoire national dans la lutte contre la consommation du tabac, de la drogue, de l’alcool et des psychotropes. Nous sommes basés à Abidjan mais avons des points focaux à l’intérieur du pays, notamment Guiglo, Ferkessédougou, Dabou, Dimbokro, Bouké, Korhogo. Et puis, lorsque nous sommes sollicités, nous répondons favorablement. Par exemple, le maire de Toumodi nous a invité à mener une compagne de sensibilisation dans sa commune pour éclairer la lanterne de sa population sur les méfaits du tabac et de la drogue.

Quelles sont vos recommandations à la population et aux autorités ?

Tout le monde doit s’approprier la lutte contre la consommation du tabac, de la drogue, de l’alcool et des psychotropes. Chacun doit adopter un comportement citoyen. La lutte contre la consommation du tabac et de la drogue doit préoccuper les autorités, les collectivités locales, les juges, les forces de défenses et de sécurité, les propriétaires de bars et maquis. Bref, chacun doit jouer sa partition. Car, les inconvénients du tabac et de la drogue sont sans appels. Les Organisations non gouvernementales(Ong) qui interviennent dans la lutte contre la consommation du tabac, de la drogue, de l’alcool et des psychotropes ne sont que des catalyseurs. Donc, c’est la synergie de nos actions qui pourront faciliter cette lutte que nous menons pour la promotion et la protection de la santé publique de la population.

1. Tall Lacina, êtes-vous soutenu dans vos actions par l’Etat de Côte-d’Ivoire ?

Nous disons merci au Président Alassane Ouattara qui œuvre au quotidien pour le bien-être de la population, surtout quand il s’agit de la santé, sans oublier les différents ministères qui nous accompagnent, notamment le ministère de la santé.

Pour la lutte contre la consommation du tabac, de la drogue et de l’alcool en Côte-d’Ivoire, nous bénéficions de l’accompagnement du ministère de la santé et des institutions nationales et internationales. Le Programme Tabac associe les Ong qui luttent contre le tabagisme. Nous sommes assistés par le ministère de la santé tant sur le plan financier qu’en matière de formation de la ressource humaine pour la réalisation de nos activités. Nous avons eu l’appui de l’Union Européenne dans le cadre du projet LIANE 2. Nous avons bénéficié des subventions de plusieurs organismes.

En Côte-d’Ivoire, la jeunesse représente 70% de la population. Quels sont vos conseils pour eux ?

Selon ATLAS TOBACO, 2018, le taux de mortalité du fait du tabac est de 9111 par an. Une enquête Démographique et de Santé menée entre 2011 et 2012 révèle que le taux de prévalence du tabagisme en Côte-d’Ivoire est de 14,6%. Et que le tabagisme est la cause principale des maladies non transmissibles et 90% des cancers du poumon. Par ailleurs, les jeunes consomment à la fois le tabac sous toutes ces formes (chicha, cigarette électronique, …), l’alcool, la drogue et les substances psychotropes, d’où la poly-consommation. Soigner les cancers, c’est très coûteux, et les chances d’en guérir sont très minimes.  Ainsi, nous invitons la jeunesse à adopter un comportement sain. Le seul conseil que je peux donner à la jeunesse, c’est de se détourner de la consommation du tabac, de la drogue et de l’alcool, qui en réalité ne leur apporte rien.

Interview réalisée par César Kouakou