Kossivi Emmanuel Doutowovo (Coordinateur Continental Afrique ACS-CSC INTERNATIONAL (ACV-CSCI) : « Le dialogue social est l’outil clé pour parvenir à une transition écologique juste »

Kossivi Emmanuel Doutowovo (Coordinateur Continental Afrique ACS-CSC INTERNATIONAL (ACV-CSCI) : « Le dialogue social est l’outil clé pour parvenir à une transition écologique juste »

Ce séminaire est-il le premier que vous organisez ?

D’emblée, je voudrais préciser que l’ACV-CSC international (ACV-CSCI) est l’association à but non lucratif de la Confédération des syndicats chrétiens de la Belgique. En Afrique, nous couvrons neuf pays de l’Afrique de l’Ouest et Centrale bénéficiaire du programme commun (DGD  2022-2026) WSM-BIS-MSI-ACV-CSCI. Nous avons eu un atelier de réflexion sur la mise en œuvre du programme qui s’est tenu à Cotonou qui nous a permis de lancer le programme. Le premier séminaire s’est déroulé à Turin en juillet 2023 en collaboration avec l’OIT ACTRAV. A ce séminaire, les cadres syndicaux de nos organisations syndicales partenaires ont été formés sur le leadership syndical, le développement institutionnel et organisationnel des organisations syndicales y compris les normes internationales de travail. Le séminaire de trois jours qui a eu lieu à Abidjan-Côte d’Ivoire est le deuxième. Les organisations syndicales de 10 pays ont participé à ce séminaire, notamment la Côte-d’Ivoire, le Burkina-Faso, le Mali, la Mauritanie, la République Démocratique du Congo, le Bénin, la Guinée, la Belgique, le Burundi et le Sénégal. Le Niger a participé en ligne.

Pourquoi le choix du thème ‘’La transition juste et l’avenir du travail : le rôle du dialogue social’’ ?

Quand on parle de transition écologique juste, nous avons le mot juste qui fait allusion à la justice. Quand on veut aller à la justice, cela veut dire qu’il faut aller à la table de négociation ou de discussion. L’expression ‘’transition juste’’ est une expression syndicale qui est née des syndicalistes américains, qui disent qu’avant de parvenir à une transition écologique, il faut que cette transition soit juste. Nous vivons tous sur la planète terre, et nous subissons tous les effets néfastes du changement climatique. Les travailleurs sont impactés par ces effets néfastes du changement climatique. Il n’y a pas de travail sur une planète morte. Et les entreprises ne peuvent pas prospérer sur une planète morte. Donc, le changement climatique a un lien étroit entre le travail et le changement climatique. Le changement climatique chamboule les métiers qui existent ; certaines personnes perdent leurs emplois et d’autres nouveaux métiers se créent. Par ailleurs, le dialogue social est un outil essentiel qui permet de parvenir à des formulations de politiques. C’est au cours du dialogue social que les politiques sont discutées. Ce sont les raisons du choix de ce thème pour ce séminaire.

Que doit-on retenir de ce deuxième séminaire de trois jours d’Abidjan ?

En collaboration avec la CSI-Afrique, nous avons mené une étude qui constitue la base de ce séminaire sur le thème : ‘’ La transition juste vers une économie verte et le rôle des syndicats : cartographie des règlements, législations, textes et lois existants sur le changement climatique et l’économie verte et analyse de la réponse politique aux problèmes du changement climatique sous l’angle syndical’’. Cette étude nous a permis d’élaborer un document de politique sur la transition juste au niveau continental, pouvant permettre aux acteurs syndicaux nationaux de travailler sur la thématique au niveau national. A l’issue de ce séminaire, nous avons aussi élaboré des plans d’actions en fonction des réalités de chaque pays, surtout porté entre autre sur la sensibilisation et la formation.

Qu’est-ce que vous envisagez pour les années à venir ?

Nous avons un programme de cinq ans (2022-2026) bien peaufiné basé sur des thématiques que nous déroulons au fur et à mesure. Ainsi, dans le cadre de notre programme commun WSM-BIS-MSI-ACV-CSCI (DGD 2022-2026) nous travaillons sur des thématiques précises identifiées comme priorités de nos partenaires syndicaux. Les thématiques sont les suivantes : la formalisation de l’économie informelle, le genre et la Convention 190 de l’OIT, la santé sécuritaire au travail, le climat, l’environnement et la transition juste ainsi que la formation des cadres syndicaux. L’année prochaine, en 2024, nous aurons trois séminaires continentaux, dont un séminaire sur le genre et la Convention 190 de l’Oit à Kinshasa, un séminaire continental à Conakry qui portera sur la santé sécuritaire au travail(SST) et un autre séminaire continental sur les mines. Il est prévu d’autres séminaires en 2025 et 2026.

Quel message voulez-vous lancer aux populations ?

Vous savez, quand on parle de changement climatique, plusieurs personnes pensent que l’Afrique n’est pas concernée, et que c’est l’Europe ou les pays industrialisés qui sont concernés. Mais nous ignorons que nous vivons tous sur la même planète, et que nous subissons tous l’impact du changement climatique. Donc, il est temps pour nous de nous mettre au travail pour protéger cette planète. Aussi, il est temps que des politiques soient adoptées dans les pays africains qui permettront d’aller vers cette transition écologique. Je précise que le dialogue social est un outil essentiel, un élément clé qui nous permettra d’arriver à cela. Pour arriver à la transition écologique juste, nous ne devons laisser personne de côté. Nous devons bâtir une synergie d’action très solide. Que nous soyons syndicalistes, du gouvernement, du patronat, d’une ONG, de la société civile. Je pense que quand on parle de transition juste, tout le monde doit être concerné et tout le monde doit s’impliquer. Puis, je plaide pour la protection sociale, la protection sociale inclusive. Parce que quand on parle de protection sociale, des gens pensent que ce sont les pays industrialisés qui doivent se protéger. La protection sociale est utile en ce sens qu’elle permet de protéger nos acquis sociaux, nos revenus. Lorsque nos revenus sont protégés, cela veut dire qu’il y a une garantie de croissance économique dans le pays. Ainsi, le pays peut prospérer véritablement.

Entretien réalisé par César Kouakou

 

CATEGORIES
TAGS
Share This