[Présidentielle 2025] Tidjane Thiam, la grave erreur politique !
Des erreurs, tous les acteurs politiques en commettent tout au long de leur carrière. Cheick Tidjane Thiam, le désormais président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), comme tout humain, n’est pas en reste. Mais, celle que commet le futur candidat du ‘’vieux parti’’ coïncide avec un moment crucial : l’importante présidentielle d’octobre 2025.
Abidjan, Côte d’Ivoire, le 4-6-2024 (crocinfos.net)—Il n’est pas le seul acteur politique ivoirien à avoir fauté dans sa carrière. Avec la tendance qui présente depuis la fin des années 80, les économistes et banquiers africains comme des ‘’technocrates’’, Tidjane Thiam, promu à un bel avenir professionnel était peut-être attendu en politique. D’ailleurs, son retour en force et de façon précipitée au pays ces derniers mois a donné l’air d’une stratégie bien ficelée par son mentor, le défunt président du Pdci, Henri Konan Bédié qui l’a pris sous son aile depuis ses années de pouvoir. N’Zueba sentait-il son départ approcher au point de manœuvrer pour un retour rapide du poulain au pays, histoire de le propulser au-devant de la scène de son parti avant sa disparition ? Toujours est-il que contre vents et marrées, le banquier s’est battu comme il pouvait après le décès de son mentor pour se hisser à la tête du ‘’parti doyen’’. Sauf cataclysme, Thiam devrait pouvoir se faire accepter comme le candidat des ‘’démocrates’’ de Côte d’Ivoire en octobre 2025. Mais le combat pour l’accession au pouvoir commence par sa capacité à convaincre non pas les seuls militants du Pdci mais aussi les Ivoiriens de sa capacité à les diriger convenablement. Pourtant, la confiance naît de la proximité et de la connaissance réelle des problèmes des populations et les solutions à elles proposées. A environ seize (16) mois de la prochaine présidentielle, Tidjane Thiam aura-t-il le temps nécessaire de prendre connaissance à fond des réalités du pays pour en proposer des résultats convaincants ? Les difficultés auxquelles étaient confrontés les Ivoiriens entre 1995 et 1999 puis entre 2000 et 2010 et enfin entre 2011 et 2024 ne sont pas les mêmes. En toute honnêteté, de nombreux problèmes ont été résolus depuis 2011 avec la construction d’écoles, d’universités, d’hôpitaux, de routes puis un accroissement remarquable de la sécurité, de la fourniture d’eau et d’électricité, etc. Il s’agit maintenant pour les opposants de voir de près les objectifs qu’il reste à atteindre à l’horizon 2030-2035 après les efforts fournis par leurs adversaires actuellement au pouvoir.
L’ancien ministre du Plan, depuis le coup d’Etat militaire qui avait chassé son parti et le Président Bédié du pouvoir en 1999, avait en effet quitté la Côte d’Ivoire sans y revenir qu’en 2023 lorsque la bataille pour le contrôle de leur parti a sonné. Vingt-trois (23) années que Thiam avait laissé derrière lui son pays et ses compatriotes. Comme pour marquer son opposition à cette action anti démocratique. Là où le concerné lui-même en l’occurrence Henri Konan Bédié était revenu après son exil français pour participer à toutes les étapes de la réconciliation nationale et de la sortie de crise.
Impardonnable…
Plus de deux décennies qui militent donc contre le président de l’ancien parti unique à la présidentielle à venir. Disons-le tout net, le futur candidat du Pdci est loin de maîtriser les rouages de son propre parti. C’est d’ailleurs ce que lui reprochent ses adversaires en interne. Au plan national, il en est de même pour le banquier. S’il connait de façon parcellaire les problèmes des Ivoiriens grâce aux seuls rapports de ses hommes sur le terrain, Thiam est loin de toucher du doigt les réalités ivoiriennes. Il serait resté en contact avec ses compatriotes durant ces 23 ans ne serait-ce que par des allées et venues au pays, qu’il aurait été imprégné des réalités et aurait maintenu le contact avec les populations. Aujourd’hui, il peut prétendre connaître les réalités du pays mais n’aura pour seul reproche à faire au gouvernement que la cherté de la vie, la même et unique trompète embouchée par l’opposition pour espérer avoir les faveurs des populations.
Cette erreur politique d’avoir coupé avec son pays durant 23 ans pourrait retourner contre lui. Car, il lui sera difficile de maîtriser en 16 mois, les problèmes de fond d’est en ouest et du nord au sud en passant par le centre du pays.
Son potentiel adversaire en 2025, Alassane Ouattara a maintes fois fait le tour de la Côte d’Ivoire quand il était dans l’opposition. Avant la crise de 2002 puis en 2009 avant la présidentielle de 2010. La connaissance du pays lui avait permis de toucher de plus près les problèmes des Ivoiriens. Ce qui lui a permis de les résoudre plus facilement dès son accession au pouvoir d’Etat.
Cela dit, Thiam n’est pas le premier dans ce cas. Des erreurs politiques, l’ancien Président Laurent Gbagbo en avait commis une entre autres et qui lui a été préjudiciable dans la gestion du pouvoir d’Etat. « Vous savez, le Président Gbagbo, pendant la gestion du Président Houphouët, n’a pas voulu rentrer au gouvernement. Je pense que cela a été une erreur parce que tout s’apprend dans la vie », avait déploré le défunt général Ouassenan Koné dans une interview au quotidien Fraternité Matin en 2023, quelques semaines avant son décès le 8 août. « Le Président Houphouët-Boigny lui a fait trois fois des propositions d’entrer au gouvernement mais il a refusé en se disant qu’il veut le corrompre. S’il avait accepté d’entrer dans le gouvernement d’Houphouët-Boigny, il aurait beaucoup appris », car selon le général, « tout s’apprend dans la vie ».
En outre, en novembre 2000, alors que sa candidature aux législatives venait d’être rejetée après celle de la présidentielle d’octobre de la même année, l’actuel Président du pays Alassane Ouattara, avait bénéficié du soutien de ses cadres qui s’étaient retirés de la course à la députation. Après ce boycott, ce sont les députés du Pdci, quelques indisciplinés du Rassemblement des Républicains (Rdr), le parti d’Alassane Ouattara et d’autres élus de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (Udpci) et du Mouvement des forces d’avenir (Mfa) qui servaient de contre-poids au groupe parlementaire de la majorité présidentielle de Laurent Gbagbo. Alassane Ouattara et les cadres de son parti s’étaient finalement résolus à reconnaître leur tort, jurant de ne plus pratiquer la politique de la chaise vide.
Des erreurs, on peut en commettre. Pourvu qu’elles ne nous soient pas fatales. Elles l’ont été pour Laurent Gbagbo. Quant à Thiam, l’avenir nous situera.
Ouattara Abdoul Karim
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