[Reportage] La Côte d’Ivoire trace sa route de l’esclave

[Reportage] La Côte d’Ivoire trace sa route de l’esclave

Par RFI 

En partenariat avec l’Unesco, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la culture et la science, la Côte d’Ivoire commémore et identifie ses lieux de mémoire liés à la traite négrière. Les recherches historiques sont en cours, mais pour l’heure six localités ont déjà été identifiées. La première se situe à Kanga Nianzé. Reportage.

La rivière Bodo, le 6 juillet 2017, jour de l’inauguration de la route des esclaves dans le village de Kanga Nianzé. C’est dans cette rivière que les esclaves prenaient leur dernier bain avant l’embarcation.
© ISSOUF SANOGO / AFP

C’est au bord de la rivière de Kanga Nianzé que les captifs prenaient leur dernier bain avant l’embarcation. Le cours d’eau était et est toujours sacré, explique Pierre, un fils du village. « C’est une rivière de guérison. Avant, il y avait une route ici et lorsque les esclaves arrivaient là fatigués et malades, ils prenaient un bain et retrouvaient la santé et continuaient. »

Hier, pendant la traite négrière, des milliers d’Ivoiriens ont emprunté cette route vers l’Amérique. Aujourd’hui, les habitants entament une danse traditionnelle, appelée «l’Américain».

« C’est une danse qui a été inventée en souvenir de ceux qui sont partis. On retrouve ces pas dans la samba brésilienne. Les femmes vont danser et chanter une chanson qui parle de l’Américain », poursuit Pierre.

Les pays de départ doivent identifier les lieux de la traite négrière, estime Lilian Thuram, ex-footballeur et engagé dans la lutte antiraciste. « Comme il existe historiquement une hiérarchie des hommes sur les femmes, l’histoire de l’esclavage a fait qu’il y a une hiérarchie entre les personnes de couleur blanche et les personnes de couleur noire. Donc il est très important de comprendre cette histoire pour pouvoir la dépasser. »

Environ 50 000 esclaves sont partis de Cap-Lahou, premier port négrier en Côte d’Ivoire.

Mémoire de l’esclavage au Bénin

D’autres pays comme le Bénin ont déjà fait ce travail de mémoire à Ouidah, indique l’ancien président béninois Nicéphore Soglo. « L’important c’est d’avoir un lieu de mémoire où l’on peut se recueillir. Parce que l’Afrique a perdu en quatre siècles 100 millions d’hommes, de femmes et d’enfants. C’est beaucoup. Le seul élément qui est notre ciment, c’est cette souffrance. Et c’est vraiment important que le peuple africain se rappelle qu’il revient de loin. »

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