[Reportage] Tiébissou-Bouaké, la mort au bout de la nouvelle autoroute
L'ouverture de la nouvelle section de l'autoroute Tiébissou-Bouaké est source de joie pour les usagers, mais aussi de préoccupations quant à leur sécurité. Les accidents se multiplient sur ce tronçon non sécurisé. Reportage…
-Allégresse et inquiétude mêlées
-La sécurité des usagers en question
Bouaké, Côte d’Ivoire, le 6 septembre 2023 (crocinfos.net)—Le lundi 4 septembre, il est 10h30min, notre équipe de reportage est sur l’autoroute Tiébissou-Bouaké, inaugurée le 24 août 2023 par le vice-président Tiémoko Meyliet Koné, un symbole de développement et de progrès pour la Côte d’Ivoire. Cette nouvelle infrastructure, longue de 96 km, réalisée par l’entreprise China Road and Bridge Corporation (CRBC), a été accueillie avec enthousiasme par les usagers, promettant un raccourci pratique entre Abidjan et Bouaké. Cependant, derrière cette allégresse se cache une inquiétude grandissante concernant la sécurité des conducteurs et des passagers.
La section de l’autoroute s’étend au-delà de Bouaké, atteignant les villages de Bamoro et de Yobouekro, où elle rejoint la route traditionnelle en direction de Katiola. Ce tronçon, bien que moins fréquenté depuis l’ouverture de l’autoroute, est toujours emprunté par ceux qui effectuent des voyages entre le nord et Bouaké. Malheureusement, ce point de convergence entre l’autoroute et la voie traditionnelle est devenu un véritable danger pour les usagers.
Depuis son inauguration officielle, le tronçon Tiébissou-Bouaké-Bamoro a été le théâtre d’accidents fréquents. Le vendredi 25 août, à peine un jour après l’ouverture, un camion-remorque a basculé sur la route, dispersant sa cargaison de l’autre côté de la voie. Les conducteurs venant de Tiébissou sont souvent pris au dépourvu, surtout la nuit, par la fin soudaine de l’autoroute qui se connecte à la route ordinaire en direction du nord. À cet endroit critique, l’éclairage installé n’est pas en core fonctionnel. De plus, il n’y a ni bandes rugueuses ni dos d’âne pour ralentir les véhicules les plus imprudents.
Le dimanche 3 septembre 2023, la situation s’est aggravée. Un véhicule particulier s’est retrouvé dans la même situation délicate que le camion-remorque qui est tombé quelques jours plus tôt. Les occupants de la voiture ont été transportés à l’hôpital de Bouaké, laissant transparaître le danger que représente cet endroit. Dans la soirée du même jour, un conducteur roulant à grande vitesse sur l’autoroute a soudainement découvert que celle-ci se terminait brusquement. Heureusement, il a réussi à éviter l’accident en empruntant la route ordinaire. Son évasion a été encore plus miraculeuse, car un camion-remorque en provenance de Bouaké par la Nationale A3 a failli le heurter.
Des accidents graves signalés
Face à ces incidents récurrents, les travailleurs de l’entreprise chinoise en charge de la construction de la section Bouaké-Bamoro ont exprimé leur désaccord quant à leur responsabilité. Ils estiment que les autorités chargées de la gestion des routes auraient dû attendre que toutes les mesures de sécurité soient en place avant d’ouvrir effectivement l’autoroute.
Interrogée, une employée de l’entreprise qui a requis l’anonymat déclare : “Nous sommes là pour la route, pas pour les mesures de sécurité, l’aménagement paysager ou les panneaux de signalisation. Ceux qui travaillent sur ces aspects sont en train de faire leur travail, mais ils n’ont pas encore atteint cet endroit.”
Les vendeuses ambulantes et personnes rencontrées sur place quant à eux, pointent du doigt les conducteurs, accusant leur imprudence. Cependant, notre source proche de l’entreprise a toutefois rassuré en affirmant que des mesures seraient bientôt prises pour éviter de tels accidents. Cependant, un habitant d’un village voisin s’interroge sur le nombre de vies humaines qui seront en danger avant que des actions concrètes ne soient entreprises. Nos colonnes restent ouvertes aux organismes publics chargés de la réalisation de cette autoroute, restés sourds à nos préoccupations.
Il est impératif que les décideurs agissent rapidement pour résoudre cette situation préoccupante. Il est inacceptable d’attendre que le pire se produise avant d’intervenir. La sécurité des usagers de l’autoroute Tiébissou-Bouaké doit être une priorité absolue, et des mesures urgentes doivent être prises pour garantir leur bien-être sur cette nouvelle route tant attendue.
OUATTARA ABDOUL KARIM, Correspondant dans le Gbêkê
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