[Risques liés au nitrate d’ammonium du Ruby] Le Zimrida contient-il 19 700 ou 20 000 tonnes ?

Abidjan, Côte d’Ivoire, l6 janvier 2025 (crocinfos.net) – En provenance de Russie en août 2024, le Ruby a chargé une cargaison de nitrate d’ammonium de 20 000 tonnes, destinée à une arrivée prévue au Brésil. Sur le trajet, le navire a subi un accident et se retrouve endommagé. En conséquence, 300 tonnes sont contaminées par le fuel, ce qui engendre un risque d’explosion. Il est impératif d’agir rapidement.

Le Ruby arrive en Norvège, provoquant naturellement la panique. Les autorités norvégiennes exigent que le navire, contenant une cargaison partiellement contaminée, quitte le cœur de la ville où il se trouvait. C’est ainsi que « l’affaire » devient publique, début septembre.

Pour être réparé, le Ruby tente de se rendre en Lituanie, où un constructeur naval aurait remporté le contrat de réparation. Cependant, le Danemark et la Suède refusent la circulation du Ruby dans la mer Baltique, étant donné que sa cargaison est partiellement endommagée, et lui imposent de vider au préalable l’intégralité de sa cargaison.

Le consignataire du navire Zimrida est basé à Abidjan

Néanmoins, « au cours d’une opération soigneusement organisée », les 300 tonnes contaminées à bord du Ruby ont été mises à l’eau dans le port de Great Yarmouth, sur la côte Est de l’Angleterre, avant que le navire ne reprenne sa route pour sa réparation. Le reste de la cargaison de nitrate d’ammonium (jusqu’à preuve du contraire, sans problème), estimé à 19 700 tonnes, est transféré sur un nouveau bateau, le Zimrida. Ce navire, battant pavillon de la Barbade, a pour consignataire (représentant de l’armateur) Sakina Ship Service, basé à Abidjan. Les 19 700 tonnes de nitrate d’ammonium (NA), supposées être la marchandise propre, ne prennent plus la direction initiale du Brésil, mais celle du Port autonome d’Abidjan (PAA).

Concernant les 19 700 tonnes de NA, après le calcul des 300 tonnes contaminées mises à l’eau en Angleterre, le Port autonome d’Abidjan maintient dans son communiqué un total de 20 000 tonnes de NA, ajoutant que 3 000 tonnes doivent être déchargées à Abidjan.

En termes clairs, notre port, certifié à la norme environnementale ISO 14001 et au Code ISPS pour la sûreté et la sécurité des biens et des personnes, nous informe que c’est le contenu de 20 000 tonnes de la cargaison du Ruby, toujours désignée comme « la bombe flottante », qui devrait être déchargé ce jour aux environs de 16 heures au Port d’Abidjan.

La Direction générale du PAA se défend dans son communiqué, oubliant que le contexte n’est pas le même : « Le nitrate d’ammonium est un composé riche en azote et un principal intrant pour l’engrais (NP et NPK). Il est couramment utilisé comme fertilisant dans l’agriculture. Le port d’Abidjan a traité respectivement en 2023 un trafic de 20 000 tonnes et en 2024 un trafic de 38 000 tonnes », se défend le PAA.

La quantité de NA contenue dans le Zimrida pose problème. Le fait que le navire prenne la direction du Port autonome d’Abidjan amplifie la controverse. Grâce au communiqué de la direction du PAA, l’on peut affirmer que le navire transporte une cargaison d’engrais hautement explosive. Selon la presse française, « le navire n’a aucun endroit où accoster depuis deux semaines et tous les ports craignent une catastrophe. »

En août 2020, l’explosion d’un stock de 2 750 tonnes de NA avait causé plus de deux cents (200) morts et plus de 6 000 blessés. Ce produit est couramment utilisé comme fertilisant dans l’agriculture, un engrais azoté très répandu dans le monde entier. Cependant, il devient un explosif lorsqu’il est endommagé.

À qui sera destiné ce produit hautement explosif, sachant que le PAA est le partenaire privilégié des pays de l’hinterland ?

La réponse sera connue ce 6 janvier 2025, après la réunion convoquée par la Direction générale du PAA.

Sériba Koné