[Tribunal] Le procès Lebahy ouvert au PPEF
La chronique de Fernand Dédeh explore les enjeux du procès au PPEF, mettant en lumière la présidente du tribunal et son approche, tout en soulignant l'importance de la collaboration entre parents et enseignants au lycée classique d'Abidjan.
Abidjan, Côte d’Ivoire, 16 janvier 2025 (crocinfos.net)- À Barthelemy Zouzoua Inabo: Il y a des magistrats qu’il vaut mieux éviter : cas de la présidente du tribunal chargée des dossiers chauds au PPEF. Maîtrise de la police, de l’audience et des subtilités du droit, élocution fluide, questions vicieuses et piquantes, mêlant ironie et dérision, ton grave et doux, sans jamais perdre son fil conducteur. Éducation nationale, le bon exemple du lycée classique d’Abidjan.
« Vous pouvez choisir de ne pas répondre aux questions. Vous pouvez répondre aussi en mentant. Le tribunal saura que vous mentez, mais nous devons vous écouter ». Quand la présidente du tribunal sent le prévenu dans les cordes, cherchant ses mots, elle lui offre ainsi une échappatoire. En réalité, c’est pour mieux l’acculer et finir par lui faire cracher le morceau : « Officiellement, nous n’avons pas eu de documents des autorités ivoiriennes », lâche le principal accusé dans le dossier Lebahy. Il a commencé son audition à la barre debout, puis, se plaignant des douleurs au dos et de fatigue, la présidente du tribunal a demandé que l’on lui donne une chaise et une bouteille d’eau minérale. Et même, dans ce confort relatif, la scène est trop lourde, ou du moins, les enchaînements de la présidente du tribunal, du procureur de la République et des avocats l’étouffent. « Je suis fatigué », lâche-t-il. Et là, la magistrate fait baisser la pression. Elle suspend l’audition et demande aux avocats de garder leurs questions pour la prochaine audience.
Celui qui se faisait appeler « Le Général Lebahy », rayonnant et mettant autorités judiciaires et militaires à ses pieds, formant au vu et au su de tout le monde, des centaines de jeunes, pour des missions de paix de l’ONU selon lui, n’avait en réalité aucun document l’autorisant à exercer en qualité de responsable d’une ONG dans le domaine.
Il explique à la barre qu’il a entendu, en 2019, un communiqué sur une radio parlant de la formation de juges de la paix de l’ONU. Il est allé à l’information et a appris que la formation durait trois semaines pour une participation financière 350.000 FCFA. « Après la formation, j’ai eu le grade de sergent. Mon épouse étant, à l’époque, général de brigade de l’armée nationale, ses collègues m’appelant déjà général, j’ai dit que je ne pouvais pas accepter le titre de sergent », dit-il.
De là est partie son histoire avec l’association mondiale des aumôniers des droits de l’homme pour l’Afrique et pour Haïti. Curieusement, quand la présidente du tribunal lui rétorque : « Vous avez été formé juge de la paix de l’ONU pour faire quoi ? » il ne trouve pas de mots pour expliquer sa mission. Au contraire, il s’enfonce : « Entre-temps, j’ai contacté le haut patronat des commerçants. Nous pouvions travailler avec lui. »
La magistrate balance une phrase toute en dérision : « Vous avez été formés juge de la paix pour régler des problèmes entre les commerçants ! »
C’en était trop pour l’homme qui recrutait et formait en 2022, des centaines de jeunes qui payaient, pour les uns, 250.000 FCFA, pour les autres, 350.000 FCFA. Prochaine audience publique, le 10 février 2025.
Avant le procès au PPEF, un tour au lycée classique d’Abidjan. Un exercice intéressant, échanges entre le corps enseignant et les parents d’élèves, bilan du premier trimestre. Le suivi scolaire des enfants, c’est l’affaire de tous et de toutes. Parents d’élèves et enseignants ont besoin de conjuguer leurs efforts.
La chronique de Fernand Dédeh
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