[Côte d’Ivoire Reportage] Quand le maire de Katiola attend le pire pour agir

[Côte d’Ivoire Reportage] Quand le maire de Katiola attend le pire pour agir

Ils viennent de Dabakala, Niakara, des villages et des villes environnants pour prendre d’assaut tous les vendredis, jour de marché de Katiola, les trottoirs et le terre-plein de la voie nationale A3 en pleine réfection, dans la capitale de la région du Hambol. Eux, ce sont les commerçants qui défient la mort en exposant leurs marchandises en pleine voie. Reportage…

Chaque vendredi, tout comme le 20 décembre 2019, les commerçants de la région du Hambol (Katiola, Niakara et Dabakala) se disputent les parcelles de trottoir et de terre-plein sur environ 1 km au centre-ville de Katiola sur la voie nationale A3, jour du marché de Katiola.

La chaussée et le terre-plein pris en ”otage” par les commerçants

Entre les mastodontes, les cars de transports, les véhicules personnels et autres engins roulants, les commerçants s’accrochent à la vente de leurs marchandises qu’à leur sécurité personnelle.

Dès le lever du soleil, ils sont là. Le danger aussi avec la circulation de nombreux véhicules dont les freins peuvent défaillir à tout moment. Ils sont assis à même le sol ou debout entre les étals. Ils appellent, hèlent, accrochent les passants. Ils courent après les véhicules personnels et les cars de transport en commun pour proposer leurs produits aux passagers.

Marina Maï, commerçante de vivriers (ignames, fruits et légumes) venue de Fronan (l’une des sous-préfectures du département) s’est installée, ce vendredi 20 décembre 2019, sur le terre-plein de la voie nationale A3 en pleine réfection.

Outre le risque de danger, le jeudi, veille du marché, la plupart des vendeurs venus des villes et villages voisins dorment de manière insouciante et innocente sur le terre-plein central au milieu de leurs marchandises. « Il faut être ici depuis la veille pour pouvoir s’installer au bord de la voie et attirer plus de clientèles », indique-t-elle.

Comme elle, ils sont des centaines de commerçants d’ethnie tagbana, djimini, djamala, mangoro et Malinké, cette forte population de peuplement de la région du Hambol qui défie la mort sur le trottoir de part et d’autre du tronçon A3 (2×2 voies).

Les abords de l’axe déjà réduit par les vendeurs ambulants, les exposants de friperie, les taxis-motos et les cars de transport sont les lieux privilégiés de ce commerce somme toute florissant.

Le double jeu de la mairie. Face cette situation gravissime, le président des commerçants de Katiola, Ouattara Aboulaye, n’a plus de voix.  « C’est un fait que nous déplorons, parce que les gros porteurs passent sur cette voie et le pire peut arriver à tout », se plaint-il.

La mairie attend que le pire se réalise pour agir

Pas de gardes-municipaux ni de policiers en vue pour sécuriser le désordre qui s’installe chaque jour de marché sur la voie. Par ailleurs, les sociétés Colas et Bouygues en charge de la réfection de la voie soutiennent venir pour ‘’travailler’’ et non pour ‘’tuer’’ des gens.

Pour mieux les accompagner, les deux secrétaires généraux de la préfecture, le représentant de la mairie, le président des commerçants et celui des transporteurs  de Katiola, les chefs ont participé récemment à une réunion, au cours de laquelle il a été arrêté de ‘’quitter la voie’’. Ce, eu égard au danger que courent tous les commerçants.

Approchée, la mairie n’a pas encore pris de décision ferme. Mme Coulibaly Sogbê, 3e adjointe au maire qui conduit le dossier s’en tient aux différentes prises de décision devant les autorités préfectorales.

Le profit personnel de la mairie sur la vente des tickets aux commerçants est la chose la mieux partagée au détriment de la morale et des valeurs des autres.

Les travaux de réhabilitation de l’axe Bouaké-Ferkessédougou, longs de 220 km, lancés à Katiola, le 11 novembre 2017, par le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, réservent-ils des surprises désagréables avant leur finition dans la capitale du Hambol ?

Seuls le maire de Katiola, Camara Thomas, et son conseil ont la réponse à cette interrogation.

Sériba Koné, envoyé spécial à Katiola


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