[Après le drame de Kabakouma] Les populations exigent le départ des paysans des communautés étrangères du village
Après le drame survenu à Kabacouma dans la nuit du 24 au 25 février dernier, une importante délégation gouvernementale conduite par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Albert Mabri Toikeusse, s’est rendue dans ce village, vendredi 28 février 2020, pour traduire les condoléances du président de la République et du gouvernement aux populations.
C’est avec beaucoup de dextérité verbale que le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Albert Mabri Toikeusse, chef de l’importante délégation a su calmer l’ardeur des notables et du chef du village de Kabakouma. Ils n’avaient qu’un seul mot à bouche : chasser les paysans des communautés étrangères de leur village. « Monsieur Albert Mabri Toikeusse, notables et chef de village de Kabakouma me chargent de vous dire qu’ils ne veulent plus de paysans étrangers dans leur village, parce que Kabakouma est aujourd’hui victime de son hospitalité », a déclaré Woi Mayéré, porte-parole de la chefferie traditionnelle de Kabakouma.
Le représentant du gouvernement ivoirien, Mabri Toikeusse a présenté les mots de compassion du président Alassane Ouattara, et remis ensuite à la population une enveloppe de 5 millions FCFA au nom de celui-ci. Un don reparti comme suit : 2 millions FCFA destinés aux parents des deux familles endeuillées et 300 mille FCFA aux membres des communautés déplacés.
L’émissaire du gouvernement a, par la suite, invité les populations de Kabakouma à la paix, et surtout à la culture de la cohésion sociale, ‘’gage du développement économique et social durables de Kabakouma’’. «Sensible au drame survenu récemment à Kabakouma, le président Alassane Ouattara me charge de vous exprimer son ‘’yako’’. Il m’a dit de vous dire qu’il partage avec vous vos douleurs. Par ailleurs, populations de Kabakouma, je voudrais également vous demander d’accepter de rester vous-mêmes. De rester un peuple hospitalier. Qui reçoit les autres venus d’ailleurs», a conseillé Mabri Toikeusse.
En effet, depuis la sortie la crise de 2011, en Côte d’Ivoire, la cohabitation entre les communautés ethniques étrangères venues s’installer dans le département de Biankouma, n’est plus au beau fixe. La cohésion entre les paysans autochtones Yacouba, Toura et les paysans étrangers très difficiles émaillée d’incidents sanglants.
En 2009 et 2015, de nombreux conflits fonciers ont éclaté dans le canton Toura Nord à Kokealo, dans la sous-préfecture de Biankouma et à Yalo (aujourd’hui dans la sous-préfecture de Sipilou).
Le couvert a été remis en octobre 2017. Cette année-là, un paysan toura avait été froidement abattu dans sa riziere à Dio, une localité située à 10 km du chef-lieu de la sous-préfecture de Biankouma.
Un an plus tard (en 2018), à Gandié, dans la sous-préfecture de Gbonné, des heurts entre Toura et les paysans étrangers avaient occasionné un mort. En guise de représailles, ces paysans étrangers avaient mis le feu, détruit et saccagé plusieurs maisons d’habitation, des cases sacrées, des greniers et déchiré le drapeau national.
Le drame de février 2020, est la pilule de trop que les populations ont du mal à avaler sur leur propre terre.
En revanche, ces différents conflits ont été, successivement été réglés par N’dri N’guessan, le préfet du département de Biankouma d’alors, mais le pire revient au galop (3 morts et 2 blessés graves).
Droh Sigui Ange (Correspondant)
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