Attention, la commune Yopougon fait le lit à la propagation du coronavirus
Dans la nuit du dimanche 5 avril 2020, une frange de la population du quartier BAE (Brigade anti-émeute), l’un des sous-quartiers (plus de 50) de la plus grande commune du Grand-Abidjan, a manifesté violemment pour exprimer son refus à la construction d’un préfabriqué destiné entre ‘’site de prélèvement’’ et ‘’site d’accueil des malades’’ du Covid-19.
Dans les films de plusieurs vidéos amateurs balancés sur les réseaux dont Facebook, on aperçoit des jeunes, excités, démonter pièces par pièces les préfabriqués sous le regard complice des forces de l’ordre. Ces riverains affirment que ces constructions sont dans leur zone d’habitation, par conséquent, ils ‘’craignent pour leur santé’’. Quant aux forces de l’ordre, de loin, elles ont rangé dans l’arrière de leur mémoire, leur mission première qui est d’assurer la sécurité des personnes et des biens.
Face à ces actes de vandalisme, les observateurs s’interrogent encore sur le laxisme des forces de l’ordre restées pantois devant la foule hostile. Or, il s’agissait ici, primo, d’assurer la sécurité sanitaire des personnes face à la montée en puissance du covid-19 en Côte d’Ivoire. Secundo, d’assurer la sécurité des personnes et du matériel de construction des préfabriqués.
Conséquence, les mesures arrêtées par le gouvernement pour lutter contre la propagation du covid-19, ont été violées par cette frange de la population sortie en grand nombre pour manifester.
Il aurait fallu attendre jusqu’à 23 h, 2 h après le couvre-feu, pour que la situation redevienne plus calme et que les manifestants vident les lieux et rentrent chez eux. Est-ce là, la démonstration du professionnalisme des forces de l’ordre à l’endroit des manifestants qui étaient déterminés dans leurs actes de vandalisme ?
Pis, malgré le renforcement du dispositif sécuritaire, ce lundi matin, les manifestants sont sortis spontanément en présence du préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi Irié, qui était venu donner plus d’explications sur la construction de cet hôpital démontable.
Pour toute réponse à ce mouvement de foule, le manque de ‘’communication’’ est pointé du doigt. De quoi s’interroger. De quelle communication s’agit-il ? Les messages du gouvernement et les adresses tout azimut en différentes langues vernaculaires pour informer les populations sur le danger que représente le Covid-19 ne sont-ils pas suffisants ?
‘’Force reste à l’État de droit’’
Le site en question fait partie de la commune de Yopougon. La mairie a-t-elle appuyé la communication gouvernementale au plan locale ? Les administrés sont-ils informés de la construction de préfabriqués pour la lutte contre le Covid-19 ? L’État de droit joue sa partition. Cependant, la force à la cohérence de l’action publique et la qualité de la communication, comme dans beaucoup de pays, est le premier facteur des comportements incompréhensibles et de l’indiscipline des citoyens.
Une tribune d’expression est ouverte à la presse au ministère de l’Intérieur où, chaque jour les autorités gouvernementales répondent aux préoccupations des journalistes. Le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique fait le point des contaminés, des guéris et des décès, qui est relayé dans la presse et les médias. Il en est de même de la police qui, chaque jour, publie le point du couvre-feu. « Nous enregistrons à ce jour (Ndlr : 5 avril) 261 cas confirmés, 37 guéris et 3 décès », indiquait le ministre ivoirien de la Santé.
Autant affirmer que l’indiscipline de cette frange de la population tire ses prétextes ailleurs. En cause. Le préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi Irié, dont le langage s’adapte facilement à chaque groupe de formation de la société en Côte d’Ivoire, a subi la furia des manifestants, ce lundi 6 avril.
Simplement, parce que cette population n’a pas été informée que le site sur le stade de la BAE est ‘’un programme lancé par le gouvernement pour un dépistage volontaire massif’’. Pourtant, dans la commune de Port-Bouet, sur le terrain Seny Fofana, la construction du site de dépistage volontaire se passe sans heurts.
L’affaire restera-t-elle impunie ?
Par ailleurs, selon des sources bien introduites, les trois différents sites, en construction depuis le 1er avril pour accueillir les malades du Covid-19 à Abidjan le 10 avril, sont sur les sites de l’hôpital général d’Anyama, du CHU de Yopougon et du parc des sports de Treichville
‘’Concernant le site sur le stade de la BAE, il s’agit d’un programme lancé par le gouvernement, avec à sa tête le ministre de la Santé, pour un dépistage volontaire massif’’, indique la source ajoutant que ces centres de dépistage volontaire réquisitionnés par le ministre de la Santé, avec l’accord des mairies, seront construits un peu partout dans la commune d’Abidjan. « Un centre de dépistage volontaire, ce n’est pas un centre d’accueil des malades, le centre d’accueil des malades est en cours de construction au CHU de Yopougon pour une capacité de 160 lits » explique-t-il.
Doit-on s’attendre à l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités et faire subir aux auteurs la rigueur de la loi? Le laxisme des autorités s’installe davantage à tous les niveaux de l’échelle au point où l’impunité est devenue la règle. En attendant, le désordre bat son plein.
Une situation qui profite pleinement au virus. Car, pendant ce temps, il continue de se propager facilement entre les manifestants. Ce sont les personnes innocentes, dans le Grand Abidjan coupé du reste de la Côte d’Ivoire, qui paieront le lourd tribut de l’indiscipline d’un groupe d’ignares.
Sériba Koné
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