[CIE Incident technique répété à Vridi] Ce qu’Ahoua Don Mello avait révélé et ses propositions

[CIE Incident technique répété à Vridi] Ce qu’Ahoua Don Mello avait révélé et ses propositions

Dr Ahoua Don Mello, technocrate, ingénieur des ponts et chaussées a fait une analyse en 2021 qui a intitulé : « Côte d’Ivoire : l’immergence dans l’obscurité », révélé les causes et fait des propositions, au moment où des délestages se succédaient suite à un transformateur de tension de la commune de Vridi à Abidjan, qui avait pris feu entraînant une interruption généralisée de la fourniture du courant électrique en Côte d’Ivoire et plongeant tout le pays dans l’obscurité.

Abidjan, le 27-2-23 (crocinfos.net) La souffrance que les populations ivoiriennes endurent suite aux coupures de courant intempestives depuis le 24 février, qui a empiré le 27 février 2023, se présente trait pour trait comme son analyse même si aucun transformateur n’a été brûlé.

Dans son flash info du 24 février 2023, la direction générale de la CIE informait ses clients de  ‘’l’incident technique’’ qui ‘’sera réglé dans les meilleurs délais et présente ses excuses pour les désagréments.’’ Et ce, suite à ‘’une coupure d’électricité constatée depuis quelques heures à Abidjan et dans quelques villes de l’intérieur.’’

Dans un autre flash du 27 février, elle remet le couvert et pointe un doigt accusateur sur un navire de passage le long du canal qui ‘’a endommagé des conductrices hautes tensions surplombant le dit canal’’.

La direction générale du Port autonome d’Abidjan (PAA) donne plus de détail sur le nom du bateau et le nombre de câbles coupés ayant entraîné un ‘’incident technique sur le réseau haute tension alimentant les communes d’Abidjan et de l’intérieur du pays.’’

À moins que tout soit rentré dans l’ordre pour donner toute la crédibilité aux différents communiqués qui évoquent ‘’un incident technique’’ sans donner plus détails, alors que nous sommes dans cette même zone de Vridi. Nous proposons en substance sa contribution…

Le Montagnard

Sa contribution

‘’La cause première de cet engrenage est donc la panne du transformateur de tension de Vridi.’’

Dans la nuit du 23 au 24 avril 2021, un transformateur de tension de la commune de Vridi à Abidjan prend feu entraînant une interruption généralisée de la fourniture du courant électrique en Côte d’Ivoire et plongeant tout le pays dans l’obscurité.

Depuis cette date, des délestages  se succèdent. Le mot délestage a été remplacé pour la circonstance par « rationnement » comme si, par un tour de sorcellerie que seuls les apprentis-sorciers connaissent le secret, le changement de mot entraînerait le changement de la dure réalité dans le quotidien des ménages et des entreprises.

Les autorités accusent le ciel, la terre et les dieux de la pluie pour mieux cacher les vraies raisons de la crise énergétique que subit la Côte d’Ivoire.

En réalité l’explosion du transformateur de Vridi n’est que le thermomètre qui révèle le mal profond qui ronge le secteur de l’électricité en particulier et tout le pays en général.

Quelle est la cause et quels sont les événements qui ont conduit à cette crise ?

Par suite de l’explosion du transformateur de tension de Vridi dans la nuit du 23 au 24 Avril, le système de refroidissement de la centrale à vapeur de 140 MW d’AZITO est endommagé  et met hors de service la centrale à vapeur avec pour conséquence le délestage de 140MW du réseau.

Une centrale de 33 MW à CIPREL tombe aussi en panne entraînant au total un déficit de 173 MW.

La mise à contribution des barrages hydroélectriques au-delà de leur capacité en saison sèche pour faire face à la crise, a mis hors service les barrages de Kossou (174MW), de Taabo (210MW) et d’Ayamé 1 et 2 (50MW).

En effet la centrale d’AZITO est une centrale thermique conçue pour fonctionner en cycle combiné gaz-vapeur dont la première phase (gaz) de 300MW a été mise en service en 1998  selon un contrat BOT de 20 ans (Built Operate and Transfer, où l’État devient le propriétaire des équipements après la période de concession).

La chaleur à 500°C produite par cette centrale à gaz est récupérée pour produire de la vapeur d’eau qui alimente une centrale à vapeur de 140MW mise en service en 2015. En l’absence de système de refroidissement endommagé par l’explosion du transformateur de Vridi, la turbine de la centrale à vapeur succombe sous l’effet de la chaleur.

L’une des turbines de la centrale thermique de CIPREL  mise en service en 1994 selon un contrat de type BOT pour 20 ans, a aussi succombé.

La cause première de cet engrenage est donc la panne du  transformateur de tension de Vridi.

Pourquoi le transformateur de tension de Vridi a explosé ?

À l’exclusion d’un cas de force majeure qu’aucun élément ne permet de justifier à postériori, deux hypothèses sont possibles : soit le poste est vieillissant et les apprentis-sorciers ne se sont pas rendu compte, soit une mauvaise manipulation d’un apprenti-sorcier sur le transformateur a provoqué l’explosion. Le fait que trois agents de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) en charge de l’entretien du réseau aient été gravement blessés par brûlure, milite pour cette dernière hypothèse. La probabilité d’une combinaison des deux hypothèses n’est pas non plus à écarter.

De toute évidence, la cause humaine est à la base de cet engrenage et non les dieux de la pluie.

Pour mieux comprendre l’état des ressources humaines en charge du secteur, faisons un retour en arrière.

Au début des indépendances, la Côte d’Ivoire a fait le choix de sélectionner les meilleurs bacheliers des séries C et E pour une formation dans les grandes écoles européennes et américaines d’électricité.

Cette tradition instaurée en 1946 par Félix Houphouët-Boigny, a permis de doter la Côte d’Ivoire d’un potentiel humain de qualité.

Forte de ce potentiel qui avait en charge l’électrification, la Côte d’Ivoire a pris la décision de créer en 1978, en accord avec plusieurs pays africains, l’Ecole Supérieure Interafricaine d’Electricité (ESIE) de Bingerville sponsorisée par les sociétés publiques africaines d’Electricité avec les mêmes critères de sélection des étudiants.

La vague de privatisations, amorcée en Afrique à partir de 1990, a entraîné la liquidation progressive de l’ESIE au fur et à mesure des privatisations des sociétés d’électricité des pays membres. Cette école a disparu. Aujourd’hui, la majorité des travailleurs du secteur est fournie par les écoles ‘’boutiques’’.

Ce ne sont donc pas les dieux de la pluie qui punissent la Côte d’Ivoire. L’épuisement des réserves d’eau dans les barrages hydroélectriques est un phénomène cyclique qui se produit chaque année en saison sèche.

Les centrales thermiques ont en partie pour rôle, dans  le bouquet énergétique, de servir d’appoint en saison sèche comme les groupes électrogènes d’Aggreko qui ont secouru le secteur lors de la crise énergétique de 2010.

‘’Ce qui se passe dans le secteur  de l’électricité se répète dans tous les autres secteurs (Travaux publics, bâtiment, eau, assainissement, télécommunication, pétrole, port, aéroport, écoles, hôpitaux, transport, police, gendarmerie, armée, douane, impôt, trésor, justice, cacao, café, hévéa, palmier à huile, anacarde, etc.).’’

Ces centrales thermiques ont pour inconvénient d’augmenter le coût de production car les contrats d’achat de type ‘’take or pay’’ (obligation de payer même en absence de consommation) qui accompagnent les contrats de concession de type BOT, obligent l’État, lorsque ces contrats sont prolongés, à payer à un privé des équipements qui ne lui appartiennent plus, avec pour conséquence des factures élevées pour le consommateur.

Les contrats BOT signés depuis les années 1990 pour 20 ans dans le secteur électrique et aussi dans le secteur gazier qui alimente en énergie les centrales thermiques de CIPREL et d’AZITO, venus à échéance, ont été prolongés sans révision de contrat d’achat pendant que les équipements sont supposés être la propriété de l’État.

Les apprentis-sorciers, complices des titulaires de ces contrats aux coûts exorbitants pour le consommateur ivoirien, préfèrent fermer les yeux et appauvrir la population avec des prix de gaz et d’électricité à la hausse et un secteur toujours déficitaire, ce qui compromet les futurs investissements dans le secteur.

Avec ces apprentis-sorciers, la crise conjoncturelle risque de se muer à terme, en une crise structurelle, immergeant lentement mais sûrement la Côte d’Ivoire dans l’obscurité. Ce qui se passe dans le secteur  de l’électricité se répète dans tous les autres secteurs (Travaux publics, bâtiment, eau, assainissement, télécommunication, pétrole, port, aéroport, écoles, hôpitaux, transport, police, gendarmerie, armée, douane, impôt, trésor, justice, cacao, café, hévéa, palmier à huile, anacarde, etc.).

Tous les compartiments de l’administration et de l’économie sont tirés par le bas par ces apprentis-sorciers.

Pour éviter un scénario catastrophique, le parlement actuel composé d’opposants et dont une des missions est le contrôle de l’action gouvernementale, doit s’autosaisir en mettant en place une commission paritaire avec comme feuille de route :

  1. Apporter la lumière sur la crise du secteur électrique pour situer les responsabilités et réparer les préjudices causés aux ménages et aux opérateurs économiques ;
  2. Évaluer les contrats de concession en cours dans le secteur électrique et gazier afin de réduire les dépenses pour équilibrer le secteur, alléger le fardeau des ménages et prendre des mesures vigoureuses afin d’éviter la répétition de cette crise.

C’est  seulement à ce prix qu’il est possible de redresser progressivement le destin tordu de la Côte d’ivoire et recoudre la nation déchirée  afin de faire émerger les talents des écoles au détriment des talents du fusil et de la drogue.

En paraphrasant  l’hymne nationale de la Côte d’Ivoire qui est notre héritage commun, si dans la foi du parti unique, nos pères fondateurs ont pu bâtir un pays de talents, tous  fraternels et hospitaliers, malgré les différences ethniques, religieuses,  raciales et d’origine ; Chers ivoiriens, le pays nous appelle, pour relever le défi de l’espérance de la démocratie promise à l’humanité, en forgeant unis dans cette foi nouvelle de la démocratie, la patrie de la vrai fraternité des talents au-delà de nos différences.

C’est ainsi que nous pourrons éviter d’immerger dans l’obscurité et partant d’éviter le sous-développement.

Ahoua Don Mello

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