[Clôture de l’Abidjan Border Forum 2024] Des recommandations ambitieuses pour faire des frontières africaines des ponts d’intégration
Abidjan Border Forum 2024 : Pour une nouvelle ère de gouvernance frontalière en Afrique
Abidjan, le 26-10-2024 (crocinfos.net) La deuxième édition de l’Abidjan Border Forum, qui s’est tenue du 23 au 25 octobre 2024 au parc des expositions d’Abidjan, a marqué un tournant décisif dans les efforts de renforcement de la coopération transfrontalière en Afrique. Co-organisé par la Commission Nationale des Frontières de Côte d’Ivoire (CNFCI) et l’Union Africaine, cet événement a réuni des experts, décideurs publics, partenaires au développement et représentants d’organisations internationales autour du thème « Frontières vertes : entre ressources naturelles partagées et défis de sécurité ».
Après trois jours de débats et de réflexions intenses, plusieurs recommandations ont été formulées pour améliorer la gestion des frontières africaines, considérées comme des points névralgiques pour la sécurité, le développement économique et la cohésion sociale. Le forum s’est achevé sur une note prometteuse, appelant à une transformation des frontières, non plus comme des barrières, mais comme des ponts d’intégration entre les pays.
Une gouvernance durable au cœur des recommandations
Les experts présents ont unanimement souligné l’importance d’une approche intégrée pour la gestion des ressources naturelles partagées, qui sont souvent sources de tensions et de conflits. Les recommandations formulées à l’endroit de l’Union Africaine (UA) visent à faire de la gestion partagée de ces ressources un pilier fondamental de la coopération transfrontalière. Parmi les mesures phares, l’appel à la ratification de la Convention de Niamey sur la coopération transfrontalière par les États membres de l’UA se distingue, ainsi que la proposition de prolonger la date butoir de 2027 pour la délimitation et démarcation des frontières africaines.
Le forum a également mis en avant la nécessité d’accroître les ressources allouées au Programme Frontière de l’Union Africaine afin de garantir la pleine réalisation des objectifs de l’Agenda 2063. Un accent particulier a été mis sur l’harmonisation des politiques socio-économiques entre les États voisins dans les zones frontalières, notamment en matière d’agriculture et de gestion des ressources naturelles.
Le rôle des partenaires techniques et financiers
Les partenaires techniques et financiers ont été exhortés à prioriser les projets relatifs à la gestion des ressources naturelles partagées dans leurs soutiens aux initiatives transfrontalières. Le respect du principe de subsidiarité et le renforcement de la collaboration avec les structures locales ont été identifiés comme des facteurs cruciaux pour assurer la durabilité des projets.
En outre, le forum a plaidé pour une augmentation des ressources destinées aux projets transfrontaliers, avec un accent sur le renforcement des capacités des acteurs locaux pour une meilleure gestion des projets climatiques, qui sont souvent difficiles à financer. Ces efforts visent à créer un environnement propice à la résolution pacifique des conflits frontaliers et à la promotion du développement durable dans les zones frontalières.
Les États africains appelés à intensifier leurs efforts
Les États membres de l’UA ont été encouragés à adopter des approches diplomatiques et négociées pour le règlement des différends frontaliers. Le forum a également préconisé une meilleure intégration des femmes et des jeunes dans les mécanismes de gestion des projets transfrontaliers, en reconnaissant leur rôle crucial dans la promotion de la paix et du développement.
Par ailleurs, les participants ont insisté sur l’importance d’investir dans les infrastructures des zones frontalières afin de renforcer la présence de l’État et de tisser des liens plus étroits avec les populations locales. La création de fonds sous-régionaux pour lutter contre le changement climatique et une gestion durable des ressources naturelles partagées a également été proposée.
Vers une meilleure connaissance et diffusion des enjeux frontaliers
Le forum a mis en exergue la nécessité de sensibiliser davantage le public et les décideurs aux problématiques frontalières. À cet effet, il a été proposé de créer des espaces d’excellence dédiés à l’étude du droit et des questions frontalières, ainsi que de mettre en place des réseaux de journalistes spécialisés pour une meilleure couverture des enjeux de la gouvernance des frontières.
En guise de perspective, le Commissaire Général Diakalidia Konaté a annoncé que la troisième édition du forum se tiendra en 2026, toujours à Abidjan. Ce rendez-vous permettra de faire le point sur la mise en œuvre des recommandations formulées lors de l’édition 2024 et d’intégrer de nouveaux défis à l’agenda.
Une dynamique porteuse pour l’avenir de la coopération transfrontalière
Le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, le Général Vagondo Diomandé, représentant le Premier Ministre, a salué les résultats obtenus au cours de ces trois jours de discussions. Il a souligné que la gouvernance des frontières africaines, notamment la gestion intégrée des ressources naturelles, doit désormais figurer parmi les priorités des politiques publiques sur le continent.
Avec l’appui de l’Union Africaine et des partenaires au développement, le gouvernement ivoirien s’est engagé à transformer les zones frontalières en espaces de sécurité, de paix et de développement socio-économique. Le succès de cette édition du forum témoigne de la volonté des acteurs impliqués de renforcer la coopération pour faire des frontières africaines des vecteurs de prospérité partagée.
Le défi reste grand, mais la dynamique lancée à l’Abidjan Border Forum 2024 laisse entrevoir de réelles opportunités pour une meilleure intégration régionale, au bénéfice des populations vivant dans les zones fro Médard ntalières et au-delà.
Médard KOFFI
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