[Côte d’Ivoire 4e pont d’Abidjan]L’État avait prévenu et indemnisé les victimes
-Quatre ans après, les habitations sous l’emprise rasées
Dans le cadre du projet de la construction du 4e pont d’Abidjan devant relier les communes de Yopougon, Attécoubé, Adjamé et Plateau, le gouvernement ivoirien est passé à la phase répressive, quatre ans après, samedi 30 décembre 2019, en rasant des habitations de Boribana sous l’emprise du passage de l’édifice.
Après l’instauration du plan de dédommagement par l’État en 2015, les machines de démolition sont passées à l’acte samedi 30 novembre 2019. Quatre ans après, les habitations de Boribana sous l’emprise du 4e pont ont subi la force des pelles des mastodontes commises à leur démolition. Tout a été rendu en amas de gravats au grand dam des curieux.
Les spéculations vont bon train sur les réseaux sociaux et dans les salons feutrés. Certains en font un règlement de compte politique. D’autres, un problème social.
En effet, une première étude menée par la société française EGIS avait enregistré 166 cours, dont 66 cours de non-résidents avec délimitation concernés par le déguerpissement. Une autre étude menée par le Bnetd avait recensé 13 178 ménages impactés directement par les travaux. Ces chiffres avaient été reconnus, validés par la BAD et le gouvernement.
Lors du lancement des travaux en 2018, par Amédée Koffi Kouakou, ministre de l’Équipement et de l’Entretien routier, il avait annoncé 39,1 milliards F CFA pour le dédommagement. Ce montant a été revu à la hausse par l’État à 81 milliards FCFA. En mai 2019, sur les 13 178 ménages recensés, impactés directement par les travaux, plus de 9 000 ménages ont accepté et signé les modalités de dédommagement, selon jeuneafrique.com du 9 mai 2019.
La cellule de coordination du projet de transport urbain d’Abidjan (PTUA) liée à l’Ageroute, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’actions de réinstallations (PAR) des travaux de construction du 4e pont a procédé par négociation sur la somme qui devait être versée aux populations affectées par le projet.
Ces négociations se sont souvent heurtées à la violence des populations dénonçant le mauvais paiement des dédommagements.
Le pont au-dessus de la lagune Ebrié, autour de laquelle s’est constituée Abidjan, mesurera 1,4 km. Il s’inscrit dans un projet de 7,2 km d’autoroutes urbaines et d’échangeur d’un coût total de 142 milliards FCFA (216 millions d’euros), qui doit permettre de désengorger le nord d’Abidjan peuplée de 5 millions d’habitants, en proie à des embouteillages permanents.
Le pont à péage devrait être emprunté par 70 000 véhicules par jour et ainsi soulager l’autoroute, seul grand axe du nord d’Abidjan. Un train urbain, un cinquième pont ainsi que plusieurs échangeurs et grands axes doivent aussi voir le jour à l’avenir dans la capitale économique ivoirienne.
Un collectif de propriétaires s’est plaint du niveau des indemnisations alors qu’il y a eu plusieurs manifestations pour protester contre la destruction du quartier.
Passée la tempête humaine menée par les victimes du 4e pont, le gouvernement a déroulé samedi 30 novembre son rouleau compresseur en passant à l’acte.
Le pont qui sort lentement, mais sûrement de l’eau depuis quelques mois, déposera ses piliers là, où il y avait une habitation dont le propriétaire a été indemnisé.
Kpan Charles
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