[Côte d’Ivoire] Ces Etablissements sanitaires communautaires au service des populations oubliés par l’État #santé

[Côte d’Ivoire] Ces Etablissements sanitaires communautaires au service des populations oubliés par l’État #santé

-L’Etat reste leur devoir plus de 2 milliards FCFA des arriérés de redevance

L’administration publique ivoirienne est paralysée par une grève entamée depuis le 09 janvier 2017 par la plateforme des syndicats des fonctionnaires et agents de l’Etat de Côte d’Ivoire. Le secteur de la santé n’est pas épargné par ce mécontentement généralisé.

Une randonnée de notre équipe de reportage la semaine dernière dans certains établissements sanitaires à base communautaire ( Escom) dans le district d’Abidjan a permis de constater que, fidèle à sa vocation d’être toujours au service des populations les plus démunies, lesdits établissements accueillent les patients pour la plupart rejetés par les CHU et les grands centres de santé.

Et pourtant, que de difficultés rencontrées par ces établissements sanitaires de premier contact qui croulent sous le poids du cumul des arriérés de redevance non versés depuis 2011. Exacerbés par cette situation, l’ensemble des 37 Escom du district d’Abidjan réclament le paiement des arriérés de redevance, estimés à plus de 2 milliards FCFA.

Cet état de fait aurait pu être évité si le ministère de la santé et de l’hygiène publique avait eu une oreille attentive aux sollicitations des structures sus- mentionnées qui ont toujours été au service des populations, surtout les plus démunies.

Les populations reconnaissantes aux Escom

« Une fois encore, nous ne pouvons que nous réjouir de l’existence des centres de santé à base communautaire. A l’instar de la crise post-électorale, ces établissements ont assuré correctement le service. Moi qui vous parle actuellement, je me suis retrouvé à Niangon (Agefosyn) après que ma petite sœur qui est malade n’a pu recevoir les soins au CHU de Yopougon où nous nous sommes rendus ce matin… ». Tels sont entre autres propos tenus par M. Kobenan Yao, un habitant de Yopougon rencontré le 9 janvier 2017, à Niangon.

De la commune d’Abobo à celle de Marcory en passant par Treichville, le constat est le même. Les employés sont en place pour accueillir les patients qui affluent en ces lieux. « Nous nous demandons ce que nous, les pauvres serions devenus si ces centres n’avaient pas existé. Nous disons merci aux responsables et à leurs employés qui sont à nos petits soins… », a lâché dame Mariam F, rencontrée à L’Escom de Marcory-Alliodan.

Dans la commune d’Abobo, un responsable d’un centre communautaire qui a requis l’anonymat, déplore cet état de fait. « En dépit des sacrifices énormes consentis, les autorités compétentes ne font rien pour nous soulager. Au fil des années les arriérés de redevance que l’État nous doit s’accumulent. Depuis 2011, cette redevance n’est pas payée régulièrement comme cela avait été convenu. C’est environ plus de 2 milliards FCFA que l’Etat nous doit. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de cet argent pour faire face à nos besoins parce que nous avons besoin de fonctionner au quotidien pour le bonheur des populations… », s’indigne-t-il.

De la particularité des Escom et des origines du cumul des arriérés de redevance

A la différence d’autres établissements de santé, les Établissements sanitaire à base communautaire (Escom) sont spécifiques en ce sens qu’ils ont une gestion privée sans appui financier du budget de fonctionnement par l’Etat. Et pourtant, depuis 2011, ils ont été réquisitionnés pour mener la politique salvatrice du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, au profit des populations démunies composées en majorité de femmes et d’enfants.

Au demeurant, fort de cette vocation et application, 80% des usagers de ces structures de santé communautaire de premier contact ne payent pas les prestations dont le paiement doit être assuré par l’Etat. Malheureusement, cette redevance due à ces structures n’est pas entièrement payée. Aussi, pour pallier cette situation, les responsables desdites structures ont demandé à l’Etat, à travers le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique de payer provisoirement les salaires des employés en attendant le paiement intégral de leur redevance, de laquelle sera défalquée la rémunération des agents.

Une vue d’un centre de santé communautaire

Malheureusement pour les responsables de ces établissements et leurs employés, les salaires accusent des retards de paiement de 3 voire parfois 5 mois depuis 2011. La ministre de la Santé, Dr Raymonde Goudou n’a jamais rencontré les différents responsables des Escom pour clarifier les raisons du « désengagement » de l’Etat. « Notre ministre refuse de nous recevoir, malgré les différents courriers à lui adressés. Nous nous posons la question de savoir pour qui, elle travaille ? Pour la santé des populations ou pour sa propre promotion ? Puisqu’elle fait chaque deux semaines de la communication dans les journaux et dans les médias d’Etat.

Pourtant, conformément à l’article 3 de l’arrêté interministériel 0037 MSLS/MEF/CAB du 1er août 2011, « au cours de cette période d’interruption de paiement, chaque établissement sanitaire concerné établit mensuellement une facture globale de ses prestations et autres frais de fonctionnement à adresser au ministère de la santé et de l’hygiène publique pour paiement. »

Saisi à cet effet à deux reprises, respectivement le 20 octobre 2016, pour la première fois, et le 18 janvier 2017, pour la seconde fois par courrier, le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique est resté de marbre. Au grand dam de ces différentes structures qui éprouvent d’énormes difficultés à faire face aux charges (Cnps, fournisseurs, renouvellement du plateau technique etc.).

videmment, cette situation a entraîné la paupérisation au sein des employés qui dans un passé récent ont menacé de tout bloquer. Ils n’ont révisé leur position qu’après intervention de leurs employeurs qui leur ont demandé au nom de leur sacerdoce médical de patienter en attendant que les faîtières trouvent une solution en accord avec la ministre Raymonde Goudou Coffie.

En tout état de cause, au moment où la sollicitation des Établissements sanitaires à base communautaire (Escom) devient de plus en plus croissante, le désir ardent des responsables desdits établissements, c’est le paiement intégral dans les plus brefs délais des arriérés de redevance dus, évalués à environ plus de 2 milliards FCFA.

EKB

TAGS
Share This