[Côte d’Ivoire] ‘’Faux et usage de faux’’ dans l’affaire Oudaye : l’étau se resserre autour de Fatme Lakiss

[Côte d’Ivoire] ‘’Faux et usage de faux’’ dans l’affaire Oudaye : l’étau se resserre autour de Fatme Lakiss

L’affaire de la dette non remboursée qui oppose depuis quelques années, Oudaye Chalhoub à Fatmé Lakiss, l’épouse d’Ali Lakiss, directeur général de Safcacao, a connu un rebondissement avec l’audience du 20 juillet 2017, au Tribunal de Sassandra.

Sous le feu de questions du président du Tribunal, Ben Yaya, les témoins dans cette affaire (Sacré Nabo Léonce et Adjoumani Koffi Ben Pacôme) ont reconnu avoir fait du faux et cela à la demande de Mme Fatmé Lakiss. Le premier à avoir avoué son ‘’forfait’’ est Adjoumani Koffi Ben Pacôme. «Mme Lakiss est venue me voir pour me demander de lui établir de procès-verbaux pour servir de ‘’preuves’’ de remboursement de la somme due à M. Oudaye Chalhoub. Elle m’a présenté trois photocopies de reçus de paiement d’une valeur  de 200 millions FCFA qui ne portaient pas de nom. C’est sur cette base que je lui ai établi le procès-verbal devant faire foi », a déclaré Adjoumani Koffi le faussaire, à la barre.

A la question du juge de savoir à quel titre, il a établi ledit document et comment il peut rédiger des procès-verbaux à partir de photocopies ? Adjoumani Koffi Ben Pacôme a d’abord répondu qu’il est huissier, avant d’affirmer par la suite qu’il est Clerc d’huissier. Là encore, il sera confondu par le juge Ben Yaya qui lui a demandé d’attester cette qualité. Mais sa pièce d’identité qu’il remet  au juge ne fait aucunement mention de tout cela.  « En réalité, j’aidais mon défunt père qui était huissier. Après sa mort, c’est moi qui tenais son étude. J’ai scanné sa signature et utilisé son cachet pour établir le document que Mme Lakiss m’a demandé pour  lui servir de preuve de remboursement de la dette qu’elle a contractée auprès de M. Oudaye Chalhoub », a-t-il reconnu.

A la question du juge de savoir où est-ce qu’il a fait signer le document par M. Sacré, il répond : « Dans un magasin, Monsieur le président ». Là encore, il sera confondu par le juge Ben Yaya qui, très vite, lui rafraîchit la mémoire en lui signifiant que son complice, M. Sacré Nabo Léonce, soutient avoir signé ledit document dans un bureau, au siège de la société Safcacao de l’époux de Mme Fatmé Lakiss. « Quand est décédé votre père et quand avez-vous établi les procès-verbaux ? » a demandé le juge. «Mon père est décédé le 20 octobre 2011. J’ai établi le premier procès-verbal le 4 janvier 2012 et le second, le 9 janvier 2012 », a-t-il confié.

« En plus de l’usurpation de titre, vous piétinez la loi qui régit les cabinets d’huissiers en n’observant pas la période de fermeture de l’étude, après la mort de votre père », lui a encore reproché M. Ben Yaya. Après une demi-heure d’audition au cours de laquelle Adjoumani Koffi Ben Pacôme s’est tristement illustré, son compère, Sacré Nabo Léonce fut appelé à la barre. Soumis au même interrogatoire, il avouera lui aussi son forfait non sans se confondre en excuses. «Mme Lakiss m’a fait croire que le document servirait à faire un point avec son époux, Ali Lakiss. Parce qu’elle aurait fait un manquant dans son stock de cacao. Le document qu’elle m’a présenté pour y apposer ma signature, ne portait au départ aucune mention d’huissier. C’est par la suite que je l’ai signé et qu’elle l’a transmis à Pacôme pour le parapher. Elle m’a aussi dit que, une fois l’inventaire terminé, le document serait détruit. Elle a gardé ce document pendant 1 an 6 mois. Je suis désolé de savoir qu’elle l’a utilisé à d’autres fins. Surtout pour faire du faux. D’ailleurs, j’ai fait une opposition quand je me suis rendu compte que Mme Lakiss a utilisé le document à d’autres fins. M. le président, je reconnais mon forfait et je demande pardon à M. Oudaye pour le tort à lui causé par mon acte », a imploré Sacré Nabo Léonce.

Des propos qui ont ému l’assistance. Surtout, le témoignage des deux hommes a permis de découvrir le faux dont serait coupable Mme Fatmé Lakiss qui, pour des raisons non évoquées, était absente à la barre. Aux dernières nouvelles, l’accusée qui a été convoquée trois fois au Tribunal de Sassandra, se trouverait en vacances au Liban avec son époux, Ali Lakiss. Pour rappel, c’est en mai 2016 que M. Oudaye Chalhoub, opérateur économique résidant à San Pedro a porté plainte au Tribunal de Daloa contre Mme Fatmé Lakiss pour ‘’faux et usage de faux et escroquerie’’. Alors que l’on attendait le verdict, le Tribunal de Daloa, un an après, se déclare incompétent.

C’est ainsi qu’une nouvelle fois encore, Oudaye Chalhoub porte plainte au Tribunal de Sassandra contre Mme Fatmé Lakiss. L’opérateur économique d’origine libanaise accuse sa compatriote de lui avoir emprunté des millions de dollars et usé de faux documents pour faire croire au remboursement des dettes contractées. Depuis lors, les deux parties sont devant les tribunaux. Cependant, consciente de la gravité des faits à elle reprochés, Mme Fatmé Lakiss a toujours trouvé des subterfuges (présentation de certificats médicaux, entre autres) pour ne pas se présenter devant les juges. Cette fois, il faut espérer que le droit soit dit.

kPAN cHARLES

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