Côte d’Ivoire: fin du combat contre l’héritier du trône Akouè à Yamoussoukro
-Nanan Augustin Boigny-N’Dri III, le Souverain
Quand le Dr Augustin Thiam, a été intronisé chef du canton Akouè (33 villages) de Yamoussoukro après la présidentielle ivoirienne de 2010, il était loin de s’imaginer que des proches de sa famille allaient le combattre. Celui qu’on appelle désormais Nanan Augustin Boigny-N’Dri III, son nom de souverain, sera confronté à une longue série juridico-familiale qui l’oppose à l’un de ses cousins et cadets, Dahouet Augustin.
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Comme si, Félix Houphouët-Boigny, en 1990, sentait les choses venir, il va éclairer la lanterne de tout un chacun lors du Conseil national : « Dans notre famille, nous sommes quatre. Deux sœurs et deux cousines. Mes deux sœurs n’ont pas d’enfant. Ma cousine Djénéba n’a pas d’enfant. Seule la plus jeune, Amoin, la fille ma tante, Yamousso, la petite Yamousso qui, grâce à une alliance avec du sang étranger, a pu avoir des enfants. Grâce à Thiam, qui est dans cette salle, de par la coutume, ce sont eux mes héritiers directs. Ses enfants à lui ». Pour tout dire, Amoin est la grand-mère maternelle directe d’Augustin Thiam .
La lignée est connue et les familles depuis le bas âge préparent la succession. L’élu est souvent celui qui prend les coups durs pour être mieux formé à affronter les défis qui se présenteront à lui. Il passe du temps avec Félix Houphouët-Boigny qui l’a pris en affection. « Houphouët, confie Augustin Thiam, a été mon tuteur. Lorsque nous étions tous les deux, il m’expliquait la famille, l’histoire de la Côte d’Ivoire, me racontait ses voyages, son expérience de médecin à Guiglo. Il me conviait aux rencontres avec les chefs d’État. J’ai été un témoin privilégié de la comédie humaine. » Un jour, il doit pourtant attendre trois jours avant d’être autorisé à voir « le Vieux ». Il s’en plaint à l’intéressé, qui lui répond, malicieusement : « Je forge ta patience. » Confie-t-il à Jeune Afrique dans sa parution du 31 août 2011, pour traduire certaines réalités de la succession.
Loin de cette réalité des us et coutumes ce pouvoir qui lui revient de droit, sera contesté par son cousin Dahouet Augustin, dès qu’il montera au trône.
Une affaire qui remonte à 1974
Quand Monique Amlan (Dahouet) fait son apparition dans la Cour de Félix Houphouët, en 1951, le frère de ce dernier est décédé depuis au moins quatorze ans….Il est permis de douter des origines de celle qui s’appellera successivement Amlan Monique, puis Monique Ouffouet, puis Monique Dahouët, et enfin Monique Houphouët-Boigny. Elle soutient être la sœur consanguine de M. Dia Augustin Houphouët-Boigny.
Pourtant ce frère consanguin, Mme Dahouët a toujours dit aussi que ce Dia est son grand frère, parce que né en 1938. Aussi curieux que cela puisse paraître, en 1974, cette dernière s’est octroyée le nom de Houphouët-Boigny et refait son jugement en adaptant son nom Ouffouet à celui d’Houphouët. Le comble, c’est qu’elle sera désormais plus âgée que celui qu’elle a toujours présenté comme son aîné en augmentant son âge. Toute cette gymnastique administrative visait un objectif précis. Il fallait que son âge concorde avec celui du frère cadet d’Houphouët-Boigny dont elle prétend être la fille.
Autant affirmer que jusqu’en 1974, dame Monique Dahouet présente deux caractéristiques. Elle serait née en 1940, le jugement supplétif en faisant foi, alors qu’elle prétend être la fille d’Augustin Houphouët, lui-même décédé en 1938. A cette époque, elle s’appelait Ouffouet Monique.
Elle a donc saisi le Tribunal de Première instance de Bouaké pour demander que sa date de naissance soit modifiée et fixée au 1er janvier 1937. Ce, sur la base d’un certificat médical produit pour la circonstance. Elle demande également que son patronyme soit modifié et transformé d’Ouffouet à Houphouët-Boigny. Déclarant que ce patronyme serait celui de son « grand-père » et de son frère consanguin, Dia Augustin Houphouët-Boigny.
Le tribunal accède aux demandes de Dame Dahouet. Le Jugement est rendu par le Président Abaka Robert ; le substitut du Procureur de la République, Monsieur Tia Koné et un Greffier, Monsieur Gnamba Emmanuel, le 14 juin 1974, sous le numéro 66.
De la manipulation administrative à la lumière judiciaire
Convaincu qu’il est le souverain, au regard des papiers dont il détient de la lignée des Dahouet, Dahouet Augustin Boigny, entame une campagne de destitution du chef des Akouè. Après plusieurs tentatives soldées par des échecs sur les 33 villages du canton, il finit par saisir la Cour suprême, le 23 mars 2016.
Le retour lui sera fatal. Celle-ci, à travers sa Chambre administrative a tranché en son audience du 26 avril 2017, après avoir pris connaissance des conclusions rendues le 24 décembre 2016, par la justice de la Chambre des rois et des chefs traditionnels de Côte d’Ivoire, jugé irrecevable la requête de Dahouet Augustin Boigny. “En conséquence, Thiam Augustin Boigny demeure le seul et unique chef du canton Akouè en tant Nanan Boigny N’dri III“. Mettant, ainsi fin à un combat juridico-familial, contre l’héritier du trône Akouè à Yamoussoukro. À moins que des tests d’ADN viennent déterminer le contraire.
Augustin Thiam est le troisième d’une fratrie de sept enfants (cinq garçons et deux filles), issue du mariage de Marietou Sow, nièce d’Houphouët-Boigny, et d’Amadou Thiam.
Kpan Charles
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