[Côte d’Ivoire Football] Quatre arbitres ivoiriens sur des braises ardentes#Football #Betrayingthegame
Deux ans d’enquêtes et de plongée dans les méandres du football. La méthode peut être décriée. Tournage en caméras cachées. Méthodes d’agents secrets ou d’espions plutôt que journalistes professionnels. Pièges tendus aux interlocuteurs. Appâts divers. Le journaliste ghanéen Anas, militant anti-corruption a usé de pratiques pour le moins académiques pour exposer les dessous du football en Afrique.
Conséquences, il a fait tomber des masques. Le président de la fédération ghanéenne de football, Kwesi Nyantanki, premier vice-président du comité exécutif de la CAF, est tombé comme un fruit mûr. Pris la main dans le sac. 65 mille dollars pour perdre son honorabilité, sa crédibilité et ses fonctions à la tête de la fédération. Il a été suspendu par le comité d’éthique de la FIFA pour 90 jours. Pas de Mondial pour lui.
Quatre ivoiriens au cœur du scandale. Les arbitres ivoiriens, Dembelé Denis, Tan Marius, Coulibaly Abou, Kanga Marius sont aujourd’hui dans la tourmente. Ils ont touché à l’argent sale et le piège s’est refermé sur eux.
Au mois de mars 2018, ils sont désignés par la CAF pour officier le match Aduana-Sétif, comptant pour la coupe d’Afrique des clubs. À une heure avancée de la nuit, l’assistant ivoirien Coulibaly Abou reçoit la visite de son collègue ghanéen David Larya. Ce dernier est accompagné de deux personnes. Il les présente comme des amis. L’Ivoirien ne se doute de rien. Il connaît bien le ghanéen. Il ouvre la porte de sa chambre. David Larya expose l’objet de sa visite: salutations d’usage. L’arbitre ivoirien invite ses autres collègues à le rejoindre dans sa chambre. Après les échanges d’amabilités, les visiteurs demandent à se retirer. Mais offrent à chacun de leurs hôtes, 500 dollars en coupures de 100.
Les ghanéens sont encore dans la chambre quand Coulibaly Abou informe Dembelé Denis, le premier officiel, de ce qui venait de se passer. Dembelé Denis n’apprécie pas, s’emporte même. Il dénonce l’attitude de son collègue ghanéen. Pris de court, les trois assistants ivoiriens restituent l’argent reçus immédiatement à David Larya et à ses accompagnateurs. Pour eux, le scénario est terminé et ils passent à autre chose…
Or, le film ne fait que commencer…Après le match, les dirigeants algériens dénoncent sur les réseaux sociaux, la partialité des officiels ivoiriens. La chaîne de télévision anglaise BBC multiplient des demandes d’information auprès des arbitres ivoiriens. Elle cherche à comprendre le lien entre les fautes inopportunes sifflées pendant le match et les 700 dollars reçus à leur hôtel. Ils ne donnent pas suite parce que d’une part, ils ne se reprochent rien et d’autre part, ils n’ont pas reçu 700 dollars. Ils ont bien touché 500 dollars mais bien vite restitués aux visiteurs.
La grosse surprise du film…Quelle ne fut leur surprise à la sortie du film du journaliste ghanéen? Ils y figurent, visages découverts, en train de recevoir les sous. Sans la séquence dans laquelle ils restituent l’argent reçu.
La plus grosse surprise vient du fait que leur chef Dembelé Denis y est également. Échangeant avec les ghanéens. Déclarant même à ses interlocuteurs « suis je arabe? » après avoir reçu des sous de leurs mains. Il avait pourtant indiqué à ses collègues ivoiriens, n’avoir pas reçu David Larya et ses compagnons…
Audition à la commission centrale des arbitres…L’affaire est prise très au sérieux à la fédération ivoirienne de football. Le dimanche 10 juin 2018, pendant 3h30, les quatre officiels ivoiriens ont été auditionnés par la commission spécialisée. Rien n’a filtré de cette rencontre. Les arbitres ont été instruits de s’abstenir de tout commentaires.
Une affaire qui va laisser des traces. La Confédération africaine de football prend la balle en plein cœur. Deux membres du comité exécutif ont ainsi maille à partir avec la Justice de leurs pays respectifs pour des soupçons de corruption: Le ghanéen Kwesi Nyantaky et le congolais Constant Omari. Les arbitres rallongent la liste.
La CAF ne peut plus continuer de se taire ou se cacher derrière le comité éthique de la FIFA. Elle doit agir pour rassurer l’opinion publique africaine sur sa capacité à nettoyer les écuries du football des corrompus et des corrupteurs.
Le comité exécutif de la CAF se réunit ce lundi 11 juin 2018 à Moscou, en marge de la réunion de la FIFA. « Des décisions seront prises », indique une source introduite.
Par Fernand Dédeh
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