[Défi climatique] La Côte d’Ivoire face à son destin

[Défi climatique] La Côte d’Ivoire face à son destin

La Côte d'Ivoire se trouve à un tournant décisif dans la lutte contre la déforestation et le changement climatique. Après avoir perdu plus de 16 millions d'hectares de forêt, principalement en raison d'une exploitation excessive et incontrôlée, le pays doit impérativement adopter des stratégies innovantes et durables.

Bouaké, le 6 décembre 2024 (crocinfos.net)- Autrefois couverte de vastes forêts tropicales, la Côte d’Ivoire fait face à une déforestation alarmante. Le pays a perdu près de 90 % de son couvert forestier depuis 1900. Le changement climatique aggrave cette situation, il met en péril la biodiversité et les moyens de subsistance des populations locales. Dans ce contexte critique, les agents des Eaux et Forêts jouent un rôle fondamental dans l’adaptation des stratégies de gestion forestière. Ce dossier examine les impacts du changement climatique sur les forêts ivoiriennes et les mesures innovantes mises en place par ces agents pour préserver la biodiversité.

Les forêts ivoiriennes couvraient 16 millions d’hectares. Aujourd’hui, elles ne représentent qu’environ 3,4 millions d’hectares. Cette perte dramatique est principalement due à l’expansion agricole incontrôlée, l’urbanisation galopante, l’orpaillage…etc. Les conséquences du changement climatique, telles que l’augmentation des températures et des sécheresses plus fréquentes, exacerbent cette crise. Selon le Ministère des Eaux et Forêts, la déforestation contribue à environ 12 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Face à cette réalité, les agents des Eaux et Forêts doivent non seulement gérer les ressources forestières mais aussi s’adapter aux défis posés par le changement climatique.

Impact sur la gestion forestière

La Côte d’Ivoire est l’un des pays les plus touchés par la déforestation en Afrique. Le rythme de disparition des forêts est alarmant : plus de 200 000 hectares par an sont perdus en raison de l’agriculture intensive et de l’exploitation forestière illégale.

Les agents des Eaux et Forêts jouent un rôle fondamental dans la reforestation

Dr Tanushree Kain, écologiste, souligne : «La perte de biodiversité est un autre effet important de la déforestation sur la sécurité alimentaire. Même si la déforestation réduit la disponibilité alimentaire pour les communautés autochtones et les animaux qui vivent dans les bois, son impact sur les conditions météorologiques et la dégradation des sols affecte également gravement la productivité agricole».

La perte de biodiversité entraîne une diminution des ressources disponibles pour les populations qui dépendent directement des forêts pour leur subsistance.

La sécheresse hydrique constitue un facteur déterminant dans l’augmentation des incendies de forêt, exacerbée par le changement climatique. Selon une étude de Météo France, les températures élevées et les périodes prolongées de sécheresse rendent la végétation plus vulnérable aux incendies. Cela se justifie par le fait que  l’humidité du sol diminue et favorise l’assèchement des plantes. De plus, un modèle récent prédit une augmentation significative du risque d’incendie en raison du dessèchement des forêts, reliant directement l’hydrologie des plantes à la propagation des feux.

Le changement climatique provoque également une augmentation des sécheresses, cela impacte directement la santé des forêts. Les arbres affaiblis par le stress hydrique deviennent plus vulnérables aux maladies et aux ravageurs. Jean-Claude Yao, agent des Eaux et Forêts, déclare : « Nous observons une augmentation significative des cas de dépérissement forestier liés à la sécheresse. Cela nécessite une intervention rapide pour restaurer ces écosystèmes ».

Les incendies sont une autre conséquence directe du changement climatique. Ces événements non seulement détruisent les habitats mais libèrent également d’importantes quantités de CO2 dans l’atmosphère et aggravent le problème du réchauffement climatique. Colonel Brou Kouamé Didier, Directeur régional des Eaux et forêts de Gbêkê, explique : « La prévention des incendies doit être une priorité. Nous devons renforcer nos capacités d’intervention rapide pour protéger nos forêts ».

Stratégies de gestion durable

La Côte d’Ivoire a mis en place plusieurs stratégies de gestion durable pour faire face aux défis du changement climatique. Le Plan national d’adaptation (PNA) et le Programme national de lutte contre le changement climatique (PNLCC) sont des initiatives clés qui visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 30,41% d’ici 2030. Le  Ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique (MINEDDTE) à travers le Programme national changements climatiques (PNCC) en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a organisé une rencontre  les 23 et 24 novembre 2023. Au cours de cette rencontre, le représentant du Ministre de l’Environnement et du Développement durable et de la Transition écologique, Colonel YAO Marcel, Directeur de la Coopération Internationale et la mobilisation des Financements a situé les grands enjeux du PNA. « Le PNA aide les pays à mettre en place un processus complet sur le moyen et le long-terme en matière de planification de l’adaptation au changement climatique.  Ce processus flexible, aménageable et intératif s’appuie sur les activités d’adaptation en cours dans le pays et vise à intégrer le changement climatique dans les processus décisionnels nationaux », a-t-il expliqué.

L’intégration des mesures d’adaptation dans des secteurs prioritaires tels que l’agriculture et l’eau permettra au gouvernement de renforcer la résilience des communautés face aux événements climatiques extrêmes.

Les agents des Eaux et Forêts adoptent plusieurs stratégies d’adaptation. Parmi celles-ci figure la mise en œuvre du mécanisme REDD+ (Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation) depuis 2011. Ce programme vise à restaurer le couvert forestier tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

Les agents des Eaux et Forêts adoptent plusieurs stratégies d’adaptation. Parmi celles-ci figure la mise en œuvre du mécanisme REDD+ (Réduction des Émissions liées à la Déforestation et à la Dégradation) depuis 2011. Ce programme vise à restaurer le couvert forestier tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

Sensibilisation et implication communautaire

La sensibilisation des communautés locales est essentielle pour garantir une gestion durable des forêts. Les agents organisent régulièrement des séances de sensibilisation  pour informer les populations sur l’importance de préserver les forêts et sur les pratiques agricoles durables.  Soro Korona, Journaliste, président de l’Union des Journalistes de Bouaké (UJB), lors de l’opération de planting d’arbres à Agbakro, commune de Diabo, a affirmé : « Il faut nécessairement impliquer les communautés dans la protection des forêts. Elles sont souvent les premières à ressentir les effets du changement climatique. Chaque membre de nos communautés doit se sentir concerné par les initiatives que l’État met en place pour  lutter contre le changement climatique ».

Les agents en pleine sensiblisation

Les agents des Eaux et Forêts s’engagent  dans une surveillance continue pour évaluer l’état des forêts face au changement climatique. Ils collaborent avec des chercheurs pour développer des modèles prédictifs permettant d’anticiper les changements futurs dans les écosystèmes forestiers.

Le changement climatique représente un défi majeur pour la gestion forestière en Côte d’Ivoire. Il menace non seulement la biodiversité mais aussi le bien-être économique et social des populations locales. Les agents des Eaux et Forêts jouent un rôle crucial dans cette lutte en adaptant leurs pratiques pour renforcer la résilience des forêts face à ces menaces croissantes. La route est semée d’embûches, mais avec une action concertée et éclairée, un avenir durable pour les écosystèmes forestiers ivoiriens reste envisageable.

Par ailleurs, les solutions incluent la reforestation, des pratiques agricoles responsables et l’implication active des communautés locales.

Une mobilisation nationale est cruciale pour restaurer les écosystèmes dégradés et renforcer la résilience face aux bouleversements climatiques. La préservation de la biodiversité ivoirienne n’est pas seulement un impératif écologique, mais également une condition essentielle pour garantir un avenir durable.

François M’BRA II, correspondant région de Gbêkê

 


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