[Élections Municipales et Régionales à Ouragahio] L’avertissement contre les faux Marabouts

Ouragahio, Côte d’Ivoire, le 23 août 2023 (crocinfos.net)—Le quartier Gbetro, niché au cœur de la commune de Ouragahio, est actuellement le théâtre d’un va-et-vient incessant des candidats aux prochaines élections municipales et régionles. Au sein de cette commune, Konaté Mory, également connu sous le nom de Balla, est un féticheur converti en Marabout par héritage. La muraille qui entoure sa résidence est ornée d’échoppes rustiques, ressemblant à des huttes sommaires, et une humble table basse sert de point de réception pour les visiteurs.

Des dizaines de marabouts, cordonniers et vendeurs de gris-gris exercent dans cette commune en pleine croissance de la Côte d’Ivoire, accueillant chaque jour des centaines de candidats aux prochaines élections municipales, tous animés par un espoir commun.

Parmi le bric-à-brac étalé sur les étals, on trouve une collection hétéroclite : des têtes de charognards, des têtes de perroquets, des hérissons séchés, des épines de porc-épic, des pattes d’hyène, des peaux de grands fauves , et diverses dépouilles d’animaux terrestres, volants et aquatiques, ainsi que d’autres curiosités du même genre.

À Ouragahio, les Marabouts et les vendeurs de gri-gris exploitent la crédulité d’une clientèle imprégnée d’un héritage à la fois païen et animiste, dont les vestiges perdurent malgré l’islamisation quasi-totale et la présence chrétienne dominante dans la commune.

Konaté Mory, dit Balla, un jeune féticheur converti en Marabout de confession musulmane, déplore ce recours massif aux charlatans et aux faux Marabouts.

Selon lui, Djinantigui Balla, qui signifie “détenteur du maraboutage en pays malinké”, estime que les faux Marabouts pullulent pendant la campagne municipale et régionale, ternissant ainsi la réputation des véritables Marabouts. Il encourage ceux qui se prétendent Marabouts sans en être de reconsidérer leur choix et de s’engager dans d’autres métiers.

En ce qui concerne les décoctions et les plantes médicinales, Konaté Mory explique que l’islam ne les autorise pas. Il affirme avoir hérité de ses connaissances de son père, qui lui-même avait reçu de son propre père. Il précise qu’il avait d’abord exercé en tant que féticheur de jour et de nuit.

Sa méthode consiste en un mélange complexe de plantes, de cadavres d’animaux et d’autres breuvages, le tout accompagné d’incantations mystiques visant à produire un charme ou un sortilège. Konaté Mory souligne que ses fétiches ont été brûlés avant sa conversion à l’islam et au maraboutage.

Conscients de leur succès, les marabouts rivalisent d’ingéniosité pour proposer à leurs clients toutes sortes d’objets et de gris-gris, vendus à prix d’or.

Mais quelle est la véritable puissance de ces gris-gris, amulettes et formules incantatoires ? Un candidat, souhaitant rester anonyme, y croit fermement. Il affirme : “Il est hors de question pour moi de m’engager sans protection mystique. Je porte plusieurs gris-gris pour me préserver du mauvais œil et de tout adversaire cherchant à me nuire mystiquement.”

Cependant, ce mysticisme ouvre la porte à tous les séquestres qui profitent de la crédulité de personnes particulièrement vulnérables, comme le souligne notre source.

Les élections municipales et régionales sont l’occasion pour de nombreux candidats d’utiliser aux services des Marabouts et des vendeurs de gris-gris. Malgré le déclin des croyances païennes et animistes, ces praticiens continuent de prospérer, suscitant à la fois l’espoir et la méfiance au sein de la communauté. Cependant, la mise en garde de Konaté Mory, descendant d’un héritage animiste, contre les faux Marabouts rappelle l’importance de faire preuve de discernement dans le choix de ces pratiques mystiques à Ouragahio.

CASMIR KOUADIO, correspondant régional dans le Gôh