[Engagement et ambition pour la Côte d’Ivoire] Témoignage poignant d’Antoine Assalé Tiémoko

[Engagement et ambition pour la Côte d’Ivoire] Témoignage poignant d’Antoine Assalé Tiémoko

Antoine Assale Tiémoko, vient de publier sur la plate-forme telegram "Ensemble, Pour demain" https://t.me/+OAs7czDgJm8wZjJk un important témoignage. Entre menaces, procès et victoires, son récit poignant souligne l'importance de l'engagement et de l'ambition pour un avenir meilleur. Voici le témoignage poignant du journaliste d’investigation engagé en Côte d'Ivoire, prêt à payer le prix pour ses convictions.

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 4-5-2024 (crocinfos.net)—Ce qui compte vraiment dans la vie, c’est de marcher la tête haute, c’est d’éviter les compromissions dangereuses qui paralysent toutes les initiatives.

Toute ambition est légitime. Ce qui fait la différence, c’est d’accepter de payer le prix de cette ambition.

Quand, depuis l’université en 2006, j’ai commencé à utiliser ma plume pour dénoncer la corruption à tous les niveaux de notre société, j’avais accepté ce qui allait inévitablement m’arriver pour ce genre d’engagement, la prison. Et je suis allé en prison.

Récemment, le procureur de la république m’a clairement menacé d’emprisonnement. Si je n’étais pas prêt à assumer les dangers de mon engagement, jamais je n’aurais pu répondre au procureur ainsi que je l’ai fait. Cette affaire, cette dénonciation que j’ai faite malgré les menaces, ont fait avancer un peu la cause des droits de l’homme dans notre pays.

En m’engageant, dans le journalisme d’investigation pur et dur, j’avais accepté d’en payer le prix : les menaces d’atteinte à ma vie (obligé de déménager 5 fois en 8 ans) et à ma liberté, les procès (deux en 7 ans), les convocations (8 au total en 7 ans) et les interrogatoires stressants et interminables, à la brigade de recherche de la gendarmerie.

En m’engageant en politique sans mentor, sans le parrainage d’un parti politique, je savais que j’allais vivre de terribles difficultés, mais je me suis préparé à les affronter.

Ce que j’ai vécu en 2023 avec les municipales à Tiassalé, annulées et reprises, quasiment tout le gouvernement mobilisé contre moi à Tiassalé, je m’étais préparé psychologiquement à vivre cela et j’ai fini par gagner à deux reprises contre la machine. Des chefs m’avaient pourtant, de bonne foi, conseillé de me retirer de cette élection, pour préserver ma vie et ma sécurité. Si j’avais écouté ce conseil, l’imposture (annulation de l’élection) aurait triomphé et tous les jeunes que j’ai formés à s’engager auraient plongé dans le découragement et, à travers le pays, c’est plusieurs jeunes qui entendaient s’engager sur la base de mon exemple, qui auraient pris peur et auraient renoncé.

‘’En m’engageant en politique sans mentor, sans le parrainage d’un parti politique, je savais que j’allais vivre de terribles difficultés, mais je me suis préparé à les affronter.’’

Quand on s’engage au bénéfice de la communauté, à un moment donné, on ne s’appartient plus, on appartient à la communauté et on doit tout faire raisonnablement, pour que la conscience des populations ne s’affaisse pas.

Ce qui fait le drame de notre monde aujourd’hui et principalement dans notre monde africain, c’est que les gens ont des ambitions mais ils ont peur des conséquences de ces ambitions.

Voilà comment on laisse prospérer ce qui n’est pas juste, ce qui fait souffrir nos populations. Voilà comment, sous nos peurs, sous la préservation de nos petits intérêts privés et claniques, nous laissons se construire une société où la place des pauvres, de plus en plus se réduit, où les moins méritants mais du bon côté du mur, prospèrent pendant que les autres, s’abandonnent dans le désespoir.

‘’La génération au pouvoir aujourd’hui, a pris tous les risques pour être là où elle est. Et nous, transits de peur, nous attendons que tout nous tombe du ciel.’’

Faire les beaux discours, faire les grandes critiques, c’est bien. Mais si cela n’est pas suivi d’engagement sur le terrain, c’est totalement vain.

Mettons nous en route. Ce pays a besoin de chacun de nous.

Tout le monde ne peut pas être leader, trop de choses rentrent en jeu dans la vie d’un leader mais le leader accepte de payer le prix, de prendre le risque pour les autres. Autrement on n’avance pas.

Aucun projet humain, aucun groupement humain, ne peut réussir, sans une verticalité, sans un leader qui porte la vision et qui prend les risques pour faire avancer cette vision.

La génération au pouvoir aujourd’hui, a pris tous les risques pour être là où elle est. Et nous, transits de peur, nous attendons que tout nous tombe du ciel.

Engageons-nous pour la Côte d’Ivoire, pour les Ivoiriens. Il n’est pas certain que nous vivions assez longtemps pour profiter des fruits de notre engagement, mais nos enfants, peut-être, en profiteront un jour.

Dieu nous garde.

Assale Tiémoko Antoine, source : la plate-forme telegram “Ensemble, Pour demain” https://t.me/+OAs7czDgJm8wZjJk

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