[Gabon] Élections tumultueuses, tensions et incertitudes après le scrutin

[Gabon] Élections tumultueuses, tensions et incertitudes après le scrutin

Les élections présidentielles au Gabon en 2023, marquées par des coupures d'internet, un couvre-feu…acerbent des tensions entre les candidats.

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 28 août 2023 (crocinfos.net)—Le Gabon a été plongé dans l’incertitude à l’issue des élections présidentielles, municipales et législatives du 26 août 2023. La journée a été marquée par des mesures draconiennes, notamment la coupure de l’internet et l’instauration d’un couvre-feu par le président en exercice, Ali Bongo Ondimba, invoquant des craintes de violences post-électorales.

Le Centre gabonais des élections (CGE), l’organisme responsable de la conduite des élections, est resté silencieux dans ce climat de confusion. Cette situation a suscité des inquiétudes quant à la transparence du processus électoral.

Albert Ondo Ossa, principal opposant. Albert Ondo Ossa, principal adversaire d’Ali Bongo Ondimba, a rapidement contesté les résultats préliminaires en dénonçant des fraudes. Filmé en direct sur les réseaux sociaux par africanews.com, il a appelé le président en exercice à quitter le pouvoir, se portant garant de sa propre sécurité.

Il a également exhorté les Gabonais à ignorer les élections législatives, arguant que la CGE avait introduit au dernier moment un bulletin unique pour les deux votes, ce qui lierait le prétendant à la députation au candidat présidentiel du même parti. L’opposition a accusé cette manœuvre de favoriser Ali Bongo et son parti, le Parti démocratique gabonais (PDG).

Albert Ondo Ossa, candidat indépendant, a promis de dissoudre l’Assemblée nationale si élu, dans le but de mettre fin à ce qu’il qualifie de ‘’Dynastie Bongo’’ qui dirige le pays depuis plus de 55 ans, période marquée par des allégations de mauvaise gouvernance et de corruption.

Des élections contestées. L’opposition avait déjà évoqué des « modifications des règles du jeu » cinq mois avant les élections pour favoriser la réélection d’Ali Bongo. Le passage du scrutin à deux tours à un seul tour, gagnable à la majorité relative, avait été vivement prononcé par les adversaires du président.

En 2016, Ali Bongo avait été réélu de justesse avec seulement 5 500 voix d’avance sur son opposant Jean Ping, ce qui avait suscité des accusations de fraudes.

Incertitudes sur la santé d’Ali Bongo. Ali Bongo Ondimba a été élu pour la première fois en 2009 après la mort de son père, Omar Bongo Ondimba, qui avait dirigé le Gabon pendant plus de 41 ans. Des inquiétudes persistantes quant à sa capacité à diriger le pays en raison de son AVC en octobre 2018, qui l’avait maintenue hors de la scène politique pendant de longs mois. Certains membres de l’opposition continuent de remettre en question sa condition physique et intellectuelle pour gouverner.

D’un autre côté, la majorité a accusé l’opposition de centrer sa campagne sur la santé d’Ali Bongo, au détriment d’un véritable programme politique.

Campagnes massives. Ali Bongo et Albert Ondo Ossa ont mené des campagnes électorales massives dans tout le pays, attirant des milliers, voire des dizaines de milliers de partisans. Ces efforts de mobilisation ont créé une atmosphère tendue à travers le Gabon.

Défis pour la transparence. Au lendemain des élections, la compilation des résultats est en cours, mais des inquiétudes persistantes. De nombreux bureaux de vote sont ouverts en retard ou sont restés fermés, suscitant des interrogatoires sur la régularité du scrutin. De plus, des allégations de disparition de bulletins de vote au nom d’Albert Ondo Ossa dans plusieurs bureaux ont été signalées, renforçant les doutes sur l’intégrité du processus électoral.

François Ndong Obiang, président d’Alternance 2023, a accusé le gouvernement d’avoir orchestré une organisation du contrôle pour semer le chaos.

Les élections au Gabon en 2023 restent marquées par des tensions, des controverses et des incertitudes quant à leur transparence. La compétition a été particulièrement féroce entre Ali Bongo Ondimba et Albert Ondo Ossa, et le pays retient son souffle en attendant les résultats définitifs.

La communauté internationale et les organisations africaines observent un silence depuis 72 heures devant une situation déjà dégradante, sans réaction.

KPAN CHARLES


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