La Contribution de l’Inp-HB dans la lutte contre Covid-19
Zoueu Toikeussé Jérémie, coordonnateur de l’équipe de recherche de l’Inp-HB
« Nous vivons une situation particulière, une situation sanitaire internationale préoccupante qui n’épargne aucun pays. Face aux statistiques plus ou moins alarmants de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) particulièrement pour l’Afrique, l’Institut national Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (Inp-HB) en tant qu’institution a envisagé d’apporter quelques réponses institutionnelles à cette lutte globale contre le Covid-19. Comment institution d’enseignement et de recherche, institution de référence comment nous pouvons contribuer à cette lutte. Nous avons identifié quelques axes. Le premier, c’est la prévention. A ce niveau, nous avons deux aspects, l’aspect communication et l’aspect sanitaire. Le deuxième niveau, c’est le diagnostic. Des initiatives sont prises à l’Inp-HB à la lutte contre le Covid-19. Et puis, enfin, le traitement de cette maladie. La prévention. Il y a des collègues qui travaillent sur un système de gestion de l’information sur le coronavirus en Côte d’Ivoire. Il s’agit du docteur Koua Dominique qui nous propose un système intégré qui peut se présenter sous forme de site Web ou d’application Androïd ou d’application IOS qui aura pour vocation de faire une veille médiatique en temps réel, répertorier l’ensemble des informations que nous recevons sur les médias et apporter une réponse scientifique à ces informations. Le site permettra de donner une situation épidémiologique en temps réel sur le plan national. Ce sera une cartographie de l’évolution de la maladie pour amener les gens à prendre conscience de la gravité de la situation et à prendre des mesures. Il y aura aussi un outil d’autodiagnostic sous forme d’application Androïd et des messages réguliers des règles de prévention.
En termes de prévention, nous avons aussi des expertises au niveau de l’infographie. Monsieur Daniel nous a proposés un certain nombre de panneaux pour interpeller la population à appliquer les mesures d’hygiène et à faire attention. Nous avons des cache-nez et nous aurons la possibilité d’en produire plus de les distribuer à la population.
Au niveau du diagnostic, il y a deux voies qui s’offrent à nous. Il y a le test de diagnostic rapide basé sur la technique immuno-chromatographique. Nous sommes entrain de travailler avec des partenaires aux Etats-Unis. Nous avons un accord cadre avec une université américaine qui travaille sur les questions de santé et nous sommes entrain de travailler avec eux sur ce type de kits qui permettront donc de faire des diagnostics en première intention. Le deuxième niveau de diagnostic est moléculaire. C’est un système qui est basé au Centre antituberculeux (CAT). Nous apporterons un appui technique à ce centre parce qu’actuellement, le système n’est pas totalement opérationnel. Il s’agira simplement d’acquérir des réactifs pour que le diagnostic puisse se faire à Yamoussoukro. La situation, c’est quand, il y a une présomption de cas de Covid-19, les prélèvements sont effectués et transmis à Abidjan. Cela créé un retard dans la prise en charge. Si nous avons la possibilité à Yamoussoukro de pouvoir faire le diagnostic, nous accélérons la prise en charge et nous contribuons plus efficacement à la lutte contre cette pandémie.
Enfin, la question du traitement. Nous avons une équipe qui travaille sur des calculs moléculaires. Pour le moment, c’est l’étape des simulations. Nous recherchons par des calculs moléculaires les sites actifs et les molécules capables d’agir sur ces sites actifs. Nous venons d’avoir la forme cristalline de cette protéine et nous commençons le diagnostic pour voir les propositions de molécules que nous pouvons faire pour que nous puissions également à notre tour proposer des traitements contre cette maladie. Pour le moment d es travaux sont en cours. Nous sommes dans la phase de simulation parce que l’enjeu est sanitaire. Nous voulons contribuer à traiter cette question mais nous ne voulons non plus mettre en danger la santé de nos collaborateurs. Il y a un équipement particulier dont nous aurons besoin pour faire des essais cliniques. Pour le moment, nous faisons l’inventaire des molécules possibles et ensuite, la phase de synthèse viendra ».
Pr Yao Benjamin, directeur de l’Ecole doctorale de l’Inp-HB
« Présenter les ambitions de l’Inp-HB pour appuyer le gouvernement dans la lutte contre le coronavirus. Il faut situer cette rencontre dans son contexte. La Côte d’Ivoire à l’instar d’autres pays traverse une situation difficile avec cette pandémie qui sévit depuis quelques mois. Le gouvernement ivoirien a pris des mesures pour aider le pays à surmonter cette situation. Parmi ces mesures, il y a le lavage des mains. Face à cette situation, l’Inp-HB ambitionne d’apporter sa contribution dans la lutte contre cette maladie. Nous avons deux types d’actions à court et à moyen terme. A court terme, nous attendons développer des produits de première nécessité pour la désinfection des mains et des sites. A moyen terme, c’est de développer des compléments alimentaires riches en vitamines C renforcer les capacités de défense immunitaire des populations et pour le diagnostic rapide.
A court terme, c’est de développer les produits de première nécessité pour la désinfection des mains et des sites. Nous disposons d’une usine-école avec des équipements modernes qui va permettre de produire en grande quantité du bioéthanol à partir de la pomme de cajou. Vous savez que la Côte d’Ivoire est le premier producteur de la noix de cajou. Nous pommons récupérer ces pommes dans les champs qui peuvent a aller jusqu’à 6 à 10 millions de tonnes pour produire ces jus qui pourraient être consommés par les populations pour renforcer leur système immunitaire. Nous avons du gel hydroalcoolique. Les formules existent. Ce qui importe, c’est notre capacité à produire en grande quantité. Il y aussi des solutions hydroalcooliques et tout ce qui est savon liquide.
Nous avons des équipements relativement modernes pour fabriquer tous ces produits. Pour l’heure, nous avons produits 600 litres de solutions hydroalcooliques grâce au financement de la direction générale de l’Inp-HB. Nous avons des tests microbiologiques qui montrent une efficacité de plus de 99,99%. C’est un produit qui respecte les normes sanitaires de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) pour désinfecter les mains et les sites. Dans les prochains jours, nous prévoyons de produire 6.000 litres de gel hydroalcoolique, 6.000 litres de savon liquide et 6.000 litres de solution de désinfectants des locaux. Si nous avons les moyens, nous sommes capables de les produire ici à l’Inp-HB. A moyen terme, nous voulons produire 70.000 litres de jus riches en vitamines C et en zinc. Nous avons tout ce qu’il faut pour collecter ces pommes de cajou. Nous avons fait la démonstration ici à l’Inp-HB de leurs capacités à innover dans le diagnostic automatisé de certaines maladies. Nous avons une équipe pluridisciplinaire ici de physiciens, de biologistes et de microbiologistes capables de faire un diagnostic rapide de ce virus. Grâce à des techniques de biologie moléculaire et de modélisation, on peut réduire le temps de diagnostic du virus.
L’inp-HB est disposé à apporter sa contribution si nous avons des financements. Nous en avons la capacité, les équipements, les ressources humaines. Nous disons à nos autorités que l’Inp-HB est capable de produire du, gel, des solutions hydroalcooliques et du savon liquide pour que cela soit mis à la disposition de la population ».
Soro Doudjo
« Compte tenu de la flambée des prix des gels hydroalcooliques, nous avons proposé de faire dans l’immédiat, 600 litres de gels hydroalcooliques. Il a fallu trois jours pour que nous testions ces gels que nous avons produits.
Nous avons fabriqué nos solutions hydroalcooliques en respectant les données de l’Oms. Nous avons utilisé de l’éthanol à 96,5%, de l’eau oxygénée, du glycérol. Nous avons testés et les solutions, gels hudroalcooliques élaborés par l’Inp-HB permettaient d’éliminer à 99,99% les germes. Attendez par là tout ce qui est bactéries, champions et virus et par conséquent, ce gel peut être utilisé pour lutter efficacement contre le coronavirus. Ce qui est important de souligner ici, c’est que les gels hydroalcooliques que nous trouvons sur les marchés, nous les avons testés mais il s’avère que nos solutions sont plus efficaces que les gels que nous trouvons sur les marchés. Si nous avons plus de moyens, nous pourront produire plus pour toute la population ivoirienne. Nous sollicitons les autorités pour nous aider à produire 6.000 litres et pourquoi pas à moyen terme 30.000 litres, c’est-à-dire 30 tonnes. Il y a des compléments alimentaires que nous pouvons élaborer. Il a parlé du jus de pomme de cajou. Vous savez actuellement dans la lutte contre le coronavirus, on utilise la vitamine C pour pouvoir soigner. Le jus de pomme de cajou que nous avons en quantité importante en Côte d’Ivoire, il est beaucoup riche en vitamines C. Il a une teneur 9 fois plus élevée que ce que nous trouvons dans les agrumes».
Propos retranscrits par Yacou
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