Le décapage d’une partie de la forêt du Banco livre ses secrets #environnement

Le décapage d’une partie de la forêt du Banco livre ses secrets #environnement

Le décapage d’une partie de la forêt du Banco dans le cadre du projet du train urbain qui desservira la ville d’Abidjan par le Nord (la ville d’Anyama) et le Sud (le quartier de Port-Bouët) a enflé la polémique sur les réseaux sociaux, le 1er septembre 2018.

L’alerte lancée

« Qui a autorisé cette déforestation en plein Abidjan? #Alerte / Il faut sauver la forêt du Banco. La forêt du Banco du côté d’Abobo est en train d’être détruite depuis hier », lançait un internaute le 31 août 2018 sur Facebook.

CendrineEhui‎ veut comprendre vu qu’elle a eu la chance de visionner la vidéo du passage du métro. Elle ira plus loin en produisant l’image des différents quartiers que traverseront les 38 km de la voie du métro: « Le tracé du métro d’Abidjan “longe” la forêt du Banco sur plusieurs kilomètres, selon la carte du ministère des Transports (extraite de la vidéo promotionnelle du Métro d’Abidjan). Je doute avec un tel tracé que ce soit qu’un seul hectare de forêt qui sera décapé. Au vu de cette carte, il s’agit plutôt d’une longue bande de terre. On veut savoir combien d’hectares au total de la forêt du banco seront sacrifiés. En tant qu’ivoiriens, on a droit à cette information. Que le gouvernement rende public l’étude d’impact environnemental du projet. Dans tous les cas, s’ils ne le font pas, on saura comment l’obtenir et le verser sur Facebook. . L’Ivoirien moyen (aussi appelé ‘’Ivoirien Nouveau’’) est assez intelligent pour le lire et le comprendre. Au finish, combien d’hectares de la forêt du banco seront décapés par ce projet ? ».

La réaction des internautes dont l’ex ministre ivoirien Alain Lobognon. De toutes ces réactions, celle de l’ex-ministre ivoirien des Sports, par ailleurs, député élu de Fresco,  Alain Lobognon , le 1er septembre 2018, a suscité beaucoup de commentaires. ‘’Déforestation en plein Abidjan. Qui a autorisé ce scandale?”s’est interrogé le député, après avoir été insulté par certains internautes suite à son partage de l’information donnée par le premier internaute, sur sa page.

Le journal officiel sur lequel l’ex-ministre s’appuie

Pour dénoncer  la destruction de cette forêt, voici ce que l’ancien ministre a écrit: « Non, Bouygues, très attaché à la protection des espaces verts, ne peut s’évertuer à détruire une partie de la forêt du Banco pour un train dont le tracé est connu.  Je tiens à rappeler aux ingénieurs encagoulés que l’étude d’impact environnemental pour la réalisation de ce projet a longtemps été faite au moment où je siégeais encore au gouvernement

Aussi, a-t-il invité les sachants à apprécier le tracé du train : « Il ne traverse pas la forêt du Banco. Alors, qui a autorisé la destruction de la forêt qui protège encore Abidjan? »

La réaction de l’Office ivoirien des parcs et réserves (Oipr), ne pas s’est fait attendre. Voici en substance le communiqué: « Les travaux, qui se déroulent à ce niveau et qui entrent dans le cadre du projet de train urbain, n’empiètent nullement sur les limites dudit parc. »

En se référant au communiqué du Conseil des ministres du 30 mai 2018, Alain Lobognon a effectivement noté que le gouvernement a bien adopté trois décrets, dont un décret modifiant les limites de cette forêt qui protège notre Abidjan. En revanche, il revient sur sa question parce qu’il n’a trouvé aucune trace du 2ème décret relatif à la modification des limites du parc national du Banco : «J’ai cherché dans le Journal officiel de notre République les traces des 3 décrets adoptés ce 30 mai 2018, qui selon le porte-parole du gouvernement, visent à renforcer la protection de ces aires protégées et à augmenter leur nombre en vue du rétablissement progressif du couvert forestier national. J’ai trouvé, dans le journal officiel du 6 août 2018, les détails du 1er et du 3ème décrets. (Voir 1ère page du JORCI). Je n’ai trouvé aucune trace du 2ème décret relatif à la modification des limites du parc national du Banco. J’invite ici les responsables de l’OIPR à fournir la preuve que cette destruction de forêt ne concerne nullement le parc national du Banco, en publiant les limites anciennes et les limites modifiées de cette aire protégée

La vue du passage de la voie sur la carte

Les différents quartiers qui seront desservis

La position de l’Oipr. Pour vérifier les informations, Magloire Zoro, en qualité de juriste et environnementaliste, amoureux de la nature et de cette forêt qu’il fréquente depuis 2012, et dont il ‘’fait la promotion au quotidien’’, s’est rendu sur les lieux à polémique.  « Face à la rumeur relative à une prétendue destruction d’une partie de la forêt du Banco, je m’y suis rendu ce matin (Ndlr : le 3 septembre 2018), grâce à l’Oipr-ci que j’ai approché. Il n’en est absolument rien », indique-t-il.

Le décret N°2018-510 du 30 mai 2018, portant modification des limites du Parc national du Banco

À en croire le juriste et environnementaliste, l’Oipr justifie le décapage du terrain en ces termes: « Ce site, qui doit abriter la station de la Ligne 1 du prochain métro, est décapé conformément au décret N°2018-510 du 30 mai 2018 portant modification des limites du Parc national du banco. Comme vous pouvez le voir sur ces images, ce ruban (rouge-blanc) matérialise la limite du parc à ne pas franchir. En plus, la partie décapée ne traverse pas la forêt du banco. Elle longe plutôt la voie ferrée se trouvant du côté du quartier Abobo-Sagbé. Donc, le décapage n’a rien à voir avec le Parc national du banco.»

La polémique a certes fait le tour des réseaux sociaux, démontrant l’amour que les Ivoiriens ont pour leur environnement, mais le plan présenté sur la carte indique que la voie ferrée à construire (en vert) longera la voie ferrée existante (en bleu), conformément au décret N°2018-510 du 30 mai 2018, portant modification des limites du Parc national du banco.

Sériba Koné

 


En savoir plus sur Crocinfos

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

CATEGORIES
TAGS
Share This

En savoir plus sur Crocinfos

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading