[Nouveau phénomène esclavagiste en Libye] Les pays de départ sont les vrais coupables ! (point de vue de Dr Pascal Roy)
– On fonctionne encore comme une confrérie
Être politique, vivre dans une polis, cela signifie que toutes choses se décident par la parole et la persuasion et non par la force ni la violence, ainsi que le notait Hannah Arendt dans « La condition de l’homme moderne ».
Cher Monde, arrêtez de tergiverser! « Ne vous tournez pas les uns les autres en ridicule. » (Sourate XXXXIX, verset 11).
Les pays de départ, à ne pas confondre avec les pays de transit, sont les vrais coupables de l’immigration clandestine. Un peuple qui s’éduque naturellement, se soigne convenablement, mange à sa faim et trouve du travail, voyage dans le bonheur et pour le bonheur. Mais quand on est dans un dénuement généralisé, alors on cherche à voyager dans le risque du malheur et pour conquérir un hypothétique bonheur, bien souvent enfoui dans des horizons cavernesques et sépulcraux comme le reflètent ces ahurissants faits qui défraient la chronique dans une Libye déstructurée et désocialisée.
On ne pourra jamais changer notre passé, mais on peut constamment changer notre futur, et c’est une capacité géniale quand on en prend si nettement conscience. Oui, prenons conscience de la problématique de l’immigration clandestine aujourd’hui et traitons ce fléau pour mieux construire notre demain.
L’Afrique a besoin de Chefs d’Etats et de leaders sociaux qui sont doués de curiosité, sensés et qui poussent leur clairvoyante logique. Nous avons besoin de passeurs pédagogues et de visionnaires objectifs et concrets. Le continent africain a manqué de visionnaires à la fois encyclopédiques et prophétiques. Nos dirigeants prospèrent dans les incertitudes et la désespérance des peuples qu’ils sèment, en tissant des horizons plus sombres que la couleur de notre peau d’êtres subsahariens.
Il est temps pour nous de savoir chercher et pouvoir trouver le réel dans le passé, le présent et le futur, là où on nous le cache, sous les pierres des rives et des voies. Des hommes et des femmes qui tirent des sonnettes d’alarme des futures transformations de nos sociétés continuent de nous manquer, de l’OUA à l’UA. Hélas !
Le 25 mai 1963, lorsque les États africains nouvellement indépendants se réunirent pour fonder l’Organisation de l’unité africaine (OUA), les droits de l’homme ne figuraient guère parmi leurs priorités. Il y avait bien entendu la reconnaissance convenue de la Déclaration universelle de 1948.
La charte de l’organisation, qui fut rédigée notamment par le président malien Modibo Keïta et le président togolais Sylvanus Olympio, quelque temps avant sa mort, fut signée par trente-deux États africains indépendants. Mais on avait particulièrement insisté sur deux principes fondateurs. Le premier était celui de l’intangibilité des frontières ou le respect du tracé des frontières héritées de la période coloniale; le second était le respect de la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures.
Le 11 juillet 2002, l’Union Africaine (UA) remplace l’OUA. L’Union Africaine ayant été créée en 2000 à Durban en Afrique du Sud. Aujourd’hui, plus de cinquante ans après, les chefs d’Etats de l’Union Africaine fonctionnent pratiquement comme en 1963.
On fonctionne encore comme une confrérie pour laquelle seuls priment les stratégies de conservation mutuelle du pouvoir et l’avilissement des valeurs de gouvernance et de démocratie, foulant aux pieds tous les droits sociaux et humains ou alors les appliquant avec une calculatrice réglée avec une pile d’émotions et de stratagèmes. Les politiques sociales et un réel mécanisme de formation professionnelle et d’employabilité ne figurent sur aucun agenda crédible.
UA, CEEAC, CEDEAO, EAC et SADC sont des structures oiseuses, superflues et inutilement budgétivores qu’il faut restructurer et redynamiser afin de les rendre nécessaires et profitables aux populations africaines.
Les moments de crises migratoires comme ceux que nous connaissons ça et là dans le monde sont propices pour tenter de faire évoluer les mentalités. Car les crises soulignent nos limites qui, en l’occurrence, sont prioritairement des limites économiques, financières et sociales, mais aussi des limites éducatives, intellectuelles, morales, éthiques, spirituelles et politiques. Et la solution peut venir du bon sens car le bon sens est la chose du monde la mieux partagée, disait Descartes.
Oui, il nous faut réhabiliter le bon sens par la fraternité dans une sphère politique démocratisée et le proposer comme une catégorie politique à part entière. Il faut des méthodes humaines et rationalisées politiquement et juridiquement pour résoudre la problématique de l’immigration clandestine.
Ce qui noie quelqu’un, ce n’est pas le plongeon, mais le fait de rester sous l’eau. (Paulo Coelho in Manuel du guerrier de la lumière).
Pascal R.
www.docteurpascalroy.com
http://www.jeuneafrique.com/493603/societe/libye-une-video-desclaves-subsahariens-vendus-aux-encheres-suscite-colere-et-indignation/
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