[Panama] Transformation politique et économique réussie (contribution)

[Panama] Transformation politique et économique réussie (contribution)

Le Panama a surmonté la corruption et la dictature pour devenir un modèle de stabilité politique et économique en Amérique Latine, grâce à des institutions fortes et une gouvernance transparente. Lire l’analyse de Vincent Toh Bi Irié.

-Ce Panama et la transformation politique

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 5 août 2024 (crocinfos.net)—Je suis au Panama, précisément à Panama City, la Capitale de ce pays, pour une consultance avec le Conseil des Experts Électoraux d’Amérique Latine (CEELA-Consejo de Expertos Electorales de Latinoamérica).

Panama City, c’est un mélange de Miami, de New York, de Shenzen, d’Ottawa (partie Cité financière et business) et de Sassandra, Havane, Santiago du Chili, Bogota (partie vieille ville, la meilleure selon moi).

‘’La corruption a gangrené le pays. Alors, les Panaméens fuyaient leur pays et allaient pour beaucoup chercher du travail au Venezuela très prospère avec son pétrole et ses richesses naturelles.’’

Le pays a connu ses heures politiques sombres avec quelques décennies de dictature militaire impitoyable pendant lesquelles tout s’est assombri, la vie sociale et économique est descendue aux enfers. Il n’y avait plus de travail pour la majorité. La corruption a gangrené le pays. Alors, les Panaméens fuyaient leur pays et allaient pour beaucoup chercher du travail au Venezuela très prospère avec son pétrole et ses richesses naturelles. Au Venezuela, les Panaméens faisaient de petits boulots dégradants, souvent employés au marché noir et entrant illégalement dans ce pays.

Puis, le Panama est rentrée dans une transformation politique, après la chute du dictateur Noriega, arrêté de façon spectaculaire par l’Armée Américaine le 20 décembre 1989 et emprisonné aux États-Unis, officiellement pour son implication dans le trafic de drogue régional.

Après 17 ans de détention aux États-Unis, Noriega est allé purger une autre peine de prison en France avant de venir mourir en prison chez lui au Panama.

Les Panaméens ont mis en place des institutions fortes dont ils ont assuré l’indépendance totale. Ils ont été conscients que tout part du mode d’accession au pouvoir, pour la paix et la stabilité d’un pays. Ils ont mis en place des institutions fortes dirigées par des personnalités crédibles et indépendantes pour organiser leurs élections. Et le pays a renoué avec la stabilité et une très forte prospérité. Le Puissant Tribunal Électoral, difficilement influençable, veille à ce que les règles de la compétition politique s’appliquent à tous sans aucune distinction, Parti au Pouvoir comme Partis d’Opposition et sanctionne tout contrevenant, qui qu’il soit. Au Panama, celui qui a remporté les élections a réellement gagné.

‘’Ils ont été conscients que tout part du mode d’accession au pouvoir, pour la paix et la stabilité d’un pays. Ils ont mis en place des institutions fortes dirigées par des personnalités crédibles et indépendantes pour organiser leurs élections.’’

Grâce à cette stabilité politique et à la confiance intérieure et extérieure, la richesse a envahi le pays. La sécurité aussi.

Le Canal de Panama, bénéficie de la confiance politique internationale, avec un trafic de plus en plus important, qui assure le passage de 300 millions de tonnes de marchandises chaque année, emploie 10.000 personnes. Le Canal est l’initiative et le génie des Français depuis la fin du 19e Siècle. Ils ont vendu le projet aux Américains qui l’ont achevé 10 ans plus tard en 1913, l’ont exploité pendant 64 ans, avant de le rétrocéder au Panama en théorie depuis 1977, et en réalité depuis 1999. Ce sont plus de 20.000 travailleurs nationaux et immigrés qui sont décédés sur le chantier du Canal pendant sa construction, principalement de paludisme.

Le pays est devenu l’un des points les plus importants de l’activité maritime, avec de nombreux milliards de dollars de revenus depuis des années.

La stabilité et la confiance politique aux institutions d’un pays rassurent, en tous points de vue.

Cette confiance dans les institutions politiques et dans le système judiciaire a boosté le secteur bancaire, l’un des plus importants au monde.

Au Panama, ce ne sont pas que les grands voleurs d’Afrique et du monde qui viennent déposer leurs argents compliqués et astronomiques. Le pays a ingénié un système bancaire qui offre des avantages fiscaux légaux. Donc, plusieurs entreprises s’installent ici physiquement et théoriquement pour profiter de ces avantages fiscaux légaux, pour de la discrétion et également pour la facilité, l’efficacité et la célérité de certaines opérations financières. L’opinion largement répandue selon laquelle le mot Panama va avec évasion fiscale n’est pas toujours exacte. Des individus et des entreprises, qui gagnent honnêtement de l’argent, choisissent de faire leurs opérations ici, grâce à des mesures incitatives légales et officielles, comme ces entreprises en font dans toutes les autres parties du monde.

Avec le Canal, le secteur bancaire, l’aéroport qui connecte le monde entier, l’influence régionale, les potentialités naturelles, et la position stratégique du pays, le développement a été rapide, je dirais même fulgurant.

Le Panama est aujourd’hui la plus puissante économie d’Amérique Centrale et l’une des plus puissantes de toute l’Amérique Latine.

‘’Les élections au Venezuela débouchent toujours sur des crises et les investisseurs fuient le pays, malgré le potentiel économique.’’

Aujourd’hui, ce sont les Vénézuéliens qui viennent clandestinement au Panama pour chercher de petits boulots, comme leur société et leur économie sont en chute libre. Les élections au Venezuela débouchent toujours sur des crises et les investisseurs fuient le pays, malgré le potentiel économique. Ce sont aussi des ressortissants de nombreux autres pays qui font du Panama un espoir de survie, au point que les règles d’immigration se corsent.

Le Panama, ce petit pays de 4,6 millions d’habitants répartis sur une superficie nationale de 75. 000 Km2, est une bande de terres, qui unit l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud et qui par ses kilomètres de Canal, creusé durement dans son ventre, unit le monde entier. Il pleut 9 mois sur 12 et la nature est rigoureusement protégée par les Lois et les Autorités, car c’est la bonne santé de l’air, de la terre, des forêts et des eaux, qui permet le bon fonctionnement du Canal avec les millions de tonnes d’eau dont il a besoin tous les jours.

Le Panama a payé le prix humain de 4 siècles de colonisation espagnole, de commerce d’esclaves effréné, d’annihilation de tribus aborigènes, s’est uni au mouvement de libération de Simon Bolivar pour faire partie à son indépendance en 1821 de la Grande Colombie, puis il en est sorti en 1903 par une guerre d’une seule journée, aidé par l’éternel grand frère Américain, qui tient un œil ferme sur le petit frère Panaméen, souvent trop jaloux de son indépendance.

Mais tous les leaders qui arrivent à la tête du pays sont bien conscients de la nécessité d’une excellente relation avec le grand frère des États-Unis, car le pays, au-delà de tout, représente un enjeu sécuritaire mondial. Deux Présidents Panaméens ont déjà été pensionnaires des prisons américaines, c’est suffisant pour savoir se comporter.

Il ne faut pas dans ce post, qui se veut pédagogique, décrire un Panama idyllique. Derrière ces belles et géantes tours se cache la misère de classes pauvres Panaméennes, des discriminations raciales et des couches sociales immigrées dans la précarité, qui me font penser aux problèmes de mon propre pays.

‘’Vu d’Afrique, ce sont toujours de bonnes leçons pour nos dirigeants et leurs sympathisants zélés, qui ne voient pas toujours dans une élection l’opportunité qu’elle offre aux pays entiers d’émerger et aux générations à venir, mais qui y voient juste un moyen de confiscation du pouvoir pour des Partis et leurs élites et un moyen de promotion personnelle.’’

En donnant force aux institutions d’Etat, le Panama s’est transformé.

Vu d’Afrique, ce sont toujours de bonnes leçons pour nos dirigeants et leurs sympathisants zélés, qui ne voient pas toujours dans une élection l’opportunité qu’elle offre aux pays entiers d’émerger et aux générations à venir, mais qui y voient juste un moyen de confiscation du pouvoir pour des Partis et leurs élites et un moyen de promotion personnelle. La possession exclusive du pouvoir par des Partis ou des personnes et la suppression des libertés, même pour des motifs nobles de développement, n’a jamais conféré à un pays une stabilité et une prospérité durables.

Avec toutes ces richesses d’Afrique, une vraie stabilité politique, un mécanisme électoral transparent et pacifique, des institutions crédibles et fortes, nous pouvons faire bien plus que des Nations comme le Panama, qui n’ont guère plus de potentialités que nous.

Il faut par notre Justice, notre démocratie et nos élections arriver à inspirer une confiance internationale en nos pays pour les hisser au sommet des Nations et faire le bonheur de nos peuples. Ce n’est point une illusion ni une chimère. Ces pays où nous venons travailler aujourd’hui en sont un exemple.

Ici au Panama, nous parlons des questions de transformation politique, de crédibilité et des mécanismes de transparence électorale…

Vincent Toh Bi Irié

NB : le tire est de la rédaction


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