[Provocation au Nord-Est de la Côte d’Ivoire] Le funeste projet du capitaine Ibrahim Traoré (lettre)

[Provocation au Nord-Est de la Côte d’Ivoire] Le funeste projet du capitaine Ibrahim Traoré (lettre)

Les enjeux entre politique et sécurité concernant la délimitation de la frontière entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire échappent au capitaine Ibrahim Traoré. L’homme est en mission pour son nouveau partenaire : la Russie

Mon cher Capitaine,

Monsieur le Président du Burkina Faso, Capitaine Ibrahim Traoré, il convient de rappeler que la politique revient aux politiciens tandis que les armes doivent être entre les mains des forces de sécurité. Lorsqu’on s’empare du pouvoir par la force dans un dessein louable, il est impératif de demeurer concentré sur l’objectif initial. Vous avez orchestré un coup d’État pour renverser un dirigeant civil et libérer votre pays des griffes des terroristes qui sèment la terreur dans de multiples régions du Burkina Faso. Par conséquent, il est crucial d’établir régulièrement un état des lieux des territoires libérés afin de rassurer vos concitoyens, au lieu de vous engager dans un projet politique hasardeux dont vous ne maîtriserez pas toutes les subtilités : la délimitation et la démarcation de la frontière entre le Burkina Faso et Côte d’Ivoire.

À titre informatif, selon des sources sécuritaires, les zones frontalières du nord-est, Doropo et Téhini, partagent 584 kilomètres de frontière et abritent environ 34 359 habitants avec le Burkina Faso. Je ne cite que cet exemple car il est particulièrement pertinent. Le 18 septembre 1972, face à des incidents frontaux avérés, le gouvernement ivoirien avait institué par décret la Commission nationale de réabornement. Vous conviendrez avec moi qu’à l’époque, sous l’égide de Félix Houphouët-Boigny, les tensions étaient déjà palpables.

À la fin des années 1980, face à la récurrence de nouveaux incidents aux frontières ivoire-voltaïques, la Commission nationale de réabornement avait alors recommandé au gouvernement ivoirien la tenue de la première réunion sur la délimitation de cette frontière. Ce n’est que treize ans plus tard, les 23 et 24 juin 1993 à Abidjan, qu’une telle rencontre a eu lieu. Elle a débouché sur la signature d’un accord-cadre entre le gouvernement de la République de Côte d’Ivoire et celui du Burkina Faso, portant sur la matérialisation de la frontière commune.

Par la suite, cet accord a été suivi de la signature d’un protocole instituant une Commission mixte paritaire de matérialisation de la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso (CMPM/CI-BF) lors de la conférence au sommet du Traité d’amitié et de coopération (TAC) tenu le 30 juillet 2014 à Ouagadougou.

Il est important de rappeler que de sources sécuritaires les assauts de l’armée burkinabé ont eu lieu le 19 septembre 2016, le 28 avril 2018, le 18 février 2018, en août 2019 et le 15 février 2020, dans les zones frontalières du nord-est. Ces incidents sont survenus en dépit des efforts entrepris pour finaliser le travail technique, juridique et diplomatique colossal réalisé dans le cadre de la matérialisation des frontières communes, mais qui n’ont pas abouti.

En inaugurant notamment la Commission mixte paritaire de matérialisation de la frontière Côte d’Ivoire-Burkina Faso le vendredi 19 février 2021 à Abidjan, dans un contexte déjà marqué par la menace terroriste, le ministre ivoirien de l’Intérieur et de la Sécurité, Vagondo Diomandé, prolongeait les efforts de délimitation et de démarcation des frontières avec le Burkina Faso, ainsi que la mise en œuvre de la coopération transfrontalière dans divers domaines. Afin de faciliter la mise en œuvre de cette politique, l’État ivoirien a créé la Commission Nationale des Frontières (CNFCI) rattachée au Premier ministre par le décret n° 2017-462 du 12 juillet 2017, et a nommé le secrétaire exécutif de ladite Commission par décret n° 2020-129 du 29 janvier 2020.

Les membres des deux pays, unis par leur histoire, ont travaillé sur la délimitation et la démarcation de la frontière ivoiro-burkinabé.

‘’Je comprends vos besoins de propagande, à l’image de vos nouveaux alliés russes, afin de justifier les échecs dans la lutte contre le terrorisme. Vos ambitions politiques semblent vous aveugler au point de vous éloigner des souffrances endurées par vos compatriotes.’’

Voici la liste des membres de la Commission mixte paritaire de chaque pays :

Membres de la Commission mixte paritaire de la Côte d’Ivoire :

1-Diakalidia Konaté, Secrétaire exécutif de la Commission nationale des frontières

2-Nurudine Oyewolé, Coordonnateur technique chargé des affaires juridiques, du contentieux et de la coopération transfrontalière

3-Mahan Paul, Ambassadeur, Directeur Afrique au ministère des affaires étrangères

4-Koffi Kongoué Joachim, Conseiller technique au ministère de la Justice et des Droits de l’Homme

5-Koffi Kodia Raoul, Sous-directeur de la promotion des partenariats au ministère de l’Économie et des Finances

6-Doumbia Mori, directrice des archives nationales

7-Balé Fernand, Directeur du centre d’informations géographiques et du numérique

8-Professeur Nassa Dabié Désiré Axel, de l’Institut de géographie tropicale

9-Docteur Gonnin Gilbert, Professeur de l’Institut d’Histoire, d’Art, d’Archéologie Africaine

10-Colonel Tanny Hugues, Directeur du développement et de la coopération internationale au ministère de la Défense

Membres de la Commission mixte paritaire du Burkina Faso :

1-Président Zagré Léontine SP-CNF/MATD

2-Ouédraogo Alassane F SP-CNF/MATD

3-Nagabila Halidou IGB

4-Ouédraogo Abdoul Moumouni IGB

5-Kamboule K.Jean Bertin Archives Nationales

6-Kaboré Alimata dit Nadège MINEFID

7-Ouédraogo Elisé Ministère de la Justice

8-Hien Pierre Claver MESRSI

9-Zoungrana Eric MAECIABE

10-Lieutenant-colonel Coulibaly Tamou MDNAC

Monsieur le Président, les faits sont là, indéniables. Face au travail de sécurisation des frontières en cours, quel est donc votre motif réel pour arrêter les hommes des forces de sécurité sous prétexte de franchissement de la frontière burkinabé ?

Je comprends vos besoins de propagande, à l’image de vos nouveaux alliés russes, afin de justifier les échecs dans la lutte contre le terrorisme. Vos ambitions politiques semblent vous aveugler au point de vous éloigner des souffrances endurées par vos compatriotes.

Permettez-moi de conclure en affirmant que vous avez été chargé par votre nouvel allié russe de prendre le contrôle du port d’Abidjan. Or, force est de constater que vous avez échoué dans cette entreprise.

Respectueusement,

Sériba Koné

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