[Tribune Mara’Monde] Faute lourde des journalistes

[Tribune Mara’Monde] Faute lourde des journalistes

Les journalistes ivoiriens ont échoué à couvrir la première Coupe du Monde de Maracaña en Côte d'Ivoire. L'analyse de cette faute lourde.

Abidjan, le 9 octobre 2024 (crocinfos.net) – Les journalistes ont péché contre leur métier, ai-je entendu fulminer les tritrologues, ce lundi 7 octobre 2024. Avec eux, je découvre la raison du contentieux. Un flagrant délit cinglant ! Au lendemain de la finale de Mara’Monde en Côte d’Ivoire, aucun quotidien du pays n’en a donné écho à la Une.  Un non-événement, ont décrété les médias imprimés. Une situation qui jure avec les fondamentaux du métier de journaliste et qu’il serait malséant de tenter d’expliquer ou même de dissimuler.

L’on s’insurge de façon véhémente lorsque les secours manquent de célérité devant un drame. On tire sur la police lorsque des faits rocambolesques lui échappent. A la vérité chaque corporation est convoquée et attendue à son propre tournant. Et c’est là que doit s’exalter la pureté du professionnalisme. Celui des journalistes était de faire mousser dès le lendemain, cette gigantesque actualité, cette prouesse exceptionnelle pour notre pays, pour l’Afrique et le monde. Ce succès éclatant plaît assurément au peuple ivoirien. La bande à Bleu Charlemagne, au terme de sa croisade pour ce football de petit terrain à fort potentiel de cohésion sociale, ne mérite-t-elle que la presse sorte le grand jeu ? Il y avait tant de grains à moudre dans cette thématique. Tenez ! Avec audace, elle a conquis l’Afrique qui est déjà une place forte et un immense vivier du foot mondial, créé une fédération internationale puis gagne neuf fois en dix éditions la CAN du Maracana. Les maracaniens ivoiriens ont enfin touché le graal en organisant avec brio la 1ère Coupe du Monde de la discipline.

‘’Mes confrères ont rusé avec les règles minimales du métier, à savoir, donner prioritairement à voir dans les journaux, ce qui est nouveau dans la communauté.’’

De leur côté, les journalistes sont lamentablement battus sur leur terrain et seront accusés d’avoir atteint en plein cœur, le droit à information de nos populations. Ces supporters avides de prouesses sportives et qui ont fait du football une attraction fort structurante.

Mes confrères ont rusé avec les règles minimales du métier, à savoir, donner prioritairement à voir dans les journaux, ce qui est nouveau dans la communauté. Au lieu de cela, ils ont à nouveau servi la politique qui y avait déjà élu domicile. Déjà à l’agonie, notre presse a osé rater l’occasion de se faire apprécier sur un produit local de si haute valeur. Ils étaient certes des centaines à suivre l’événement mais leurs journaux ont été étrangement absents à l’heure du CR.

L’argument de la fin tardive du match empêchant une production en imprimerie, ne pourra prospérer quand on sait que la presse n’est belle et utile que dans l’inattendu et les scoops de la dernière heure. De même que les fours des pâtisseries tournent dans la nuit pour offrir du pain le matin, de  même les  rotative roulent pour sortir les tabloids. Scrutant le passé, nous avons connu une presse capable de vivre des nuits électorales ou de veiller lors de séances interminables de tirs au but à Dakar en 1992 ou à Malabo en 2015 et honorer le rendez-vous des kiosques à journaux.

La relation client ainsi malmenée, quelle serait la crédibilité des avocats d’une presse sinistrée qui multiplie ces deniers temps les appels à l’aide publique.

Sewa R. Clovis, Officier de l’Ordre du Mérite de la Communication


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