Violence universitaire en Côte d’Ivoire, un appel à l’action

Violence universitaire en Côte d’Ivoire, un appel à l’action

L'assassinat de l'étudiant Agui Mars Aubin à Abidjan relance le débat sur la violence au sein de la FESCI. L'État suspend les syndicats, mais des mesures plus profondes sont attendues.

-Espace universitaire, un mort de trop qui interpelle

Bouaké, le 3 octobre 2024 (crocinfos.net) – Le 1er octobre 2024, la Côte d’Ivoire a été secouée par une tragédie qui a mis en lumière les tensions persistantes sur le campus universitaire. L’assassinat de l’étudiant Agui Mars Aubin dit ” Général Sorcier” farouche opposant de Sié Kambou, actuel Secrétaire Général de la  Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), a non seulement choqué la communauté universitaire, mais a également soulevé des questions profondes sur la violence endémique qui gangrène notre système éducatif. Cet événement tragique est un cri d’alarme, un appel à la réflexion et à l’action.

La FESCI, créée dans les années 1990 comme un mouvement de défense des droits des étudiants, est devenue au fil des ans une entité controversée, souvent critiquée pour ses méthodes violentes et son instrumentalisation politique. Le Général Sorcier, connu pour son opposition acharnée au Secrétaire Général Kambou Sié, illustre parfaitement les divisions internes qui déchirent l’organisation. Alors que la violence devrait être l’ultime recours, elle est devenue la norme, entravant tout dialogue constructif entre dirigeants d’une même organisation.

La question qui se pose aujourd’hui est celle de la responsabilité de l’État. Pourquoi a-t-il attendu que la situation atteigne un point de non-retour pour réagir ? L’État ivoirien a désormais suspendu les activités de toutes les organisations syndicales à travers le pays, une mesure qui, bien que nécessaire, semble tardive et insuffisante. Pourquoi une telle inaction face à des actes de violence qui étaient déjà prévisibles ? Les signaux d’alarme avaient été tirés, et la colère des étudiants ne pouvait plus être ignorée.

‘’La question qui se pose aujourd’hui est celle de la responsabilité de l’État. Pourquoi a-t-il attendu que la situation atteigne un point de non-retour pour réagir ?’’

La suspension des activités syndicales et les contrôles initiaux engagés par le Centre régional des œuvres universitaires (CROU-A) sont-ils suffisants pour apaiser les tensions et rétablir l’ordre ? La réponse semble être non. Les mesures doivent être plus rigoureuses et systématiques. Il ne s’agit pas seulement de suspendre des organisations, mais de comprendre les causes profondes de cette violence. Il est essentiel de créer un environnement où le dialogue et la médiation peuvent prévaloir sur l’affrontement.

Les étudiants, qui sont souvent en première ligne des conflits, ont besoin d’un cadre sûr pour exprimer leurs préoccupations. La violence ne doit pas être l’outil de communication d’une génération qui aspire à un avenir meilleur. L’État doit prendre des mesures proactives pour restaurer la confiance des étudiants dans les institutions. Cela peut inclure l’établissement de dialogues réguliers entre les étudiants, les autorités universitaires et l’État, ainsi que des programmes de sensibilisation sur la paix et la résolution de conflits.

‘’Les Ivoiriens ont besoin d’un système éducatif qui soit un modèle de respect, de dialogue et de progrès.’’

Il est impératif que la société civile, les parents et les anciens élèves se mobilisent également. L’université ne doit pas être un champ de bataille, mais un lieu de savoir, d’échanges d’idées et de construction de l’avenir. Le Général Sorcier ne doit pas être un martyr, mais un symbole d’une lutte pour la paix et le respect des droits de chacun.

La colère et la douleur qui suivent cet assassinat doivent se transformer en une dynamique de changement. La FESCI et d’autres mouvements étudiants doivent être réformés de l’intérieur, avec une nouvelle vision axée sur la collaboration et le respect mutuel. Les étudiants doivent comprendre que leur force réside non pas dans la violence, mais dans l’unité et la solidarité.

En mémoire du Général Sorcier, nous appelons à un sursaut collectif. Il est temps que l’État et la communauté universitaire unissent leurs efforts pour éradiquer la violence et instaurer un climat de paix. Les Ivoiriens ont besoin d’un système éducatif qui soit un modèle de respect, de dialogue et de progrès. Que cette tragédie soit le catalyseur d’un changement positif, pour que d’autres vies ne soient plus perdues dans la spirale de la violence.

Repose en paix, Général Sorcier. Que ta mémoire inspire une nouvelle ère de paix et de responsabilité dans nos universités.

François M’BRA II, correspondant


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