[Après la présidentielle du 31 octobre] Alassane Ouattara réélu dans la confusion totale en Côte d’Ivoire

[Après la présidentielle du 31 octobre] Alassane Ouattara réélu dans la confusion totale en Côte d’Ivoire

-‘’Le 1er mandat de la 3e République’’ dans un climat tendu

Abidjan, le 03-11-2020 (https://crocinfos.net/) Alassane Ouattara réélu pour un troisième mandat à la présidence de la Côte d’Ivoire avec 94,27% des voix, selon les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI) dans la nuit de lundi à mardi. Appel à l’ouverture d’une ‘’transition civile’’ suivi de la création d’un ‘’Conseil national de transition’’ par les partis et groupements politiques de l’opposition ivoirienne. Entre la joie des partisans du pouvoir et les appels d’attaques de résidence des premiers responsables des partis et groupements politiques de l’opposition dans la nuit du lundi à mardi, c’est la confusion totale d’une présidentielle ivoirienne émaillée de violences.

Malgré le climat pré-électoral marqué par un profond manque de consensus entre les forces politiques et un paysage médiatique détérioré par des discours haineux, incitant à la violence et exacerbant des antagonismes régionaux, la CEI vient de mettre fin à son calendrier électoral.

Alassane Ouattara, 78 ans, a été réélu pour un troisième mandat controversé sur le score sans appel de 3 031 483 des voix, soit 94,27 % au premier tour,  et le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin (KKB) arrive en seconde position avec 1,99% des voix 64 011 votes.

Les deux autres candidats, Henri Konan Bédié du Pdci-Rda termine 3e avec 1,66% (53 330 voix) et Pascal Affi N’Guessan du FPI, 4e avec 0,99% (31 986 voix).

Ils avaient appelé au boycott, mais ont tout de même reçu des suffrages. Le taux de participation, selon la CEI est de 53,90 %.

Le président de la CEI, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert qui tenait vaille que vaille à ce scrutin, peut se frotter les mains après avoir lu les scores: ‘’Est donc élu président de la République M. Alassane Ouattara’’, a-t-il déclaré.

Reste au Conseil constitutionnel de valider les résultats et de proclamer Alassane Ouattara vainqueur du ‘’1er mandat de la 3e République’’ dans un contexte tendu, confus et incertain.

L’éligibilité du président Alassane Ouattara à la magistrature pour un 3e mandat contesté par l’opposition est jugé ‘’controversé’’ par la Mission internationale d’observation électorale (MIOE) conjointe de l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique (EISA) et du Centre Carter (TCC). Les justifications apportées par le Conseil constitutionnel n’ont pas de fondements juridiques clairs ou justifiés en points de droit, selon ses observateurs : « Cette orientation fait écho à une tendance préoccupante, observée sur le continent africain de changer ou amender la Constitution pour permettre à des Présidents en exercice de briguer un troisième mandat ».

Pour les autorités judiciaires et politiques proches du pouvoir, le compteur est remis à ‘’zéro’’. « C’est un premier mandat de la 3e république », clament-ils.

Les résultats provisoires de la CEI donnent donc vainqueur Alassane Ouattara pour un premier mandat de la 3e république selon le pouvoir.

Difficile nuit du lundi au mardi

Dans l’après-midi du lundi, l’opposition a annoncé qu’elle avait créé un ‘’Conseil national de transition (…) présidé par M. Bédié” dans le but de former un ‘’gouvernement de transition’’.

Le porte-parole du Rhdp, Mamadou Touré, affirme que c’est ‘’une provocation’’ et de la ‘’mascarade’’. « Ce genre d’initiative tombe sous le coup de la loi », coupe-t-il court.

Peu après dans la soirée, les premiers responsables de l’opposition, Dr Abdallah Toikeusse Mabri, Henri Konan Bédié, Pascal Affi N’guessan et Assoa Adou dénonçaient sur les réseaux sociaux que leur résidence était ‘’en train d’être attaquée’’.

Maurice Guikahué confirme les faits : ‘’Des tirs de grenades ont été entendus lundi près des résidences de Bédié, Affi, Mabri et Assoa Adou’’.

Difficile de vérifier ces appels auprès des autorités sécuritaires, dont le communiqué est très attendu sur ces faits.

Quant à la tension de la période post-électorale, elle s’exacerbe dans plusieurs localités de l’intérieur. Toumodi (centre) a été le théâtre d’une pire violence avec 4 morts (officiel) et plusieurs biens détruits et incendiés.

Depuis le scrutin, le bilan des incidents ne cesse de s’alourdir et l’inquiétude gagne les populations. Les vieux démons de 2010-2011 qui ont fait 3000 morts refont surface.

Sériba Koné

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