Charles Blé Goudé : « On peut faire la politique avec honnêteté »
Charles Blé Goudé, président du Congrès panafricain pour la justice et l'égalité des Peuples (COJEP), était face à la presse mercredi 11 janvier 2023, à la Maison de la Presse d’Abidjan (MPA). Nous vous proposons quelques morceaux choisis.
Abidjan, le 11-1er-23 (crocinfos.net) Le Monsieur a commencé sa cérémonie à 11 h 11 min. Il a demandé une minute de silence pour toutes les victimes des crises en Côte d’Ivoire
Il raconte son périple d’Abidjan à Accra, d’Accra à Abidjan en isolement puis transféré à la Haye, seul passager à bord de l’avion, sans passeport. Le Procès puis son acquittement. Et son retour à Abidjan le 26 novembre 2022.
« 11 ans 11 mois, beaucoup de choses ont changé en Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire a changé. Le monde même a changé. Pour moi, il faut faire les choses autrement. Je suis ici pour accompagner la réconciliation. Tous les pays qui sortent de crise ont besoin d’apaisement.
Je voudrais remercier le chef de l’État, les guides religieux, les chefs coutumiers, la plupart des leaders des partis politiques. Je remercie mes avocats, mon parti et la diaspora ivoirienne.
Pourquoi j’accompagne le processus de réconciliation?
« Parce que je n’ai pas d’armes. Je suis un civil. C’est en situation de paix que je peux faire mon offre politique. »
Question: Y a-t-il eu deal avec Soro Guillaume puis avec Hamed Bakayoko pour retourner en Côte d’Ivoire?
Réponse: Non, ce n’est pas vrai. On peut faire la politique avec honnêteté. J’ai été arrêté, habillé comme un prisonnier, donc arrêté. Je n’ai eu droit à aucun avocat. Il commence à faire nuit, on me sort de ma cellule, trois véhicules sont garés dans la cour, je suis menotté. Je monte dans le véhicule du milieu et on démarre. Je ne sais pas où on va. Je demande au policier, où allons-nous? Il me dit « taisez-vous ». Nous sommes arrivés à la frontière à 4h du matin. L’actuel DG de la police est arrivé à 8 h du matin.
Question: Affinité avec des partis politiques?
Réponse: Pour le moment, pas d’affinité avec un ou des partis. Je connais les personnalités des partis. J’accompagne le processus de paix.
Question: Rupture avec Laurent Gbagbo?
Réponse: Non, pas de rupture. Pour qu’il ait rupture, il fait que cela existe. Quand j’ai dit que Gbagbo est mon père, je n’étais pas menotté. C’est devant la CPI, devant les juges qui pouvaient détruire ma vie à tout moment. Je veux exister politiquement.
Question: Vous dites que vous êtes un acteur principal de la politique, comptez-vous présenter à la présidentielle de 2025? Espérez-vous une grâce présidentielle comme Laurent Gbagbo?
Réponse: Je vais répondre à la question à la fin de conférence.
Question: Charles Blé Goudé, défenseur du régime Ouattara?
Réponse: Ce qui me définit, c’est la constance. En 2002, la Côte d’Ivoire a été attaquée. J’ai abandonné mes études pour venir défendre le pays. J’estime qu’aucun enfant n’a le droit de poignarder la mère-patrie. C’est une question de principe. Il ne s’agit pas de Ouattara. Je veux gouverner la Côte d’Ivoire demain. Je veux diriger ou l’éducation citoyenne est partagée. Je ne suis pas pour les raccourcis.
Question: Pourquoi ignorez-vous le président Laurent Gbagbo?
Réponse: Je ne peux ignorer Laurent Gbagbo. J’aborde pour le moment les questions pour lesquelles il n’est pas concerné. J’étais à la Haye avec le président Gbagbo pendant six ans. Ceux qui dénoncent la souffrance de Gbagbo doivent respecter la mienne.
Je suis pour la grande famille Gbagbo. Dans la famille Gbagbo, il y a Affi N’guessan, il y a Simone Gbagbo… À la tête de la famille, il y a Gbagbo lui-même…
Question: Les liens avec Soro?
Je partage la douleur de Soro Guillaume parce que je connais la douleur de l’exil. Je ne peux jamais moquer la douleur de quelqu’un qui est en exil. J’espère qu’un jour viendra, nous serons au complet en Côte d’Ivoire.
Je voudrais répondre à la question « Neveu de Ouattara »: Je m’appelle Blé Goudé, je viens de Guiberoua. Vous comprenez que Ouastara Ouattara n’est pas mon oncle. Il n’est même pas de Gagnoa. Mais avec une petite phrase, on peut détendre l’ambiance politique. Pourquoi vous vous accrochez au détail? Une poignée de main entre François Mitterand et Helnot Köhl a changé la nature des relations entre la France et l’Allemagne. Je veux que nous fassions la politique autrement. Ma petite phrase est un genre d’enquête d’opinion. Le feu couve encore. Ma petite phrase a décrispé l’ambiance. Le président Ouattara et le président Gbagbo s’appellent Frères. Moi aussi, je peux l’appeler mon oncle. Je connais le président Gbagbo plus que quiconque. J’ai fait six ans avec lui. Le jour qu’il est allé voir ADO, il s’est mis au garde à vous. Je le connais. Il a passé un message pour la réconciliation. Accompagnons nos aînés.
Question: Demande d’amnistie?
Mon adversaire est au pouvoir. J’ai eu mon passeport. Au moment venu, vous aurez la suite de ma démarche. Ce n’est pas parce que vous ne voyez rien que rien se passe. Nous sommes en 2023.
Question: Votre plus grand regret au moment où vous revenez en Côte d’Ivoire? Que pensez-vous des troisièmes mandats qui secouent l’Afrique? Que pèse réellement le COJEP sur l’échiquier politique?
Réponse: Le poids du COJEP? En Côte d’Ivoire, la plupart des partis politiques reposent au moins à 70%, sur le leadership de leurs leaders respectifs. Je n’étais pas au pays. Le CIJEP est un jeune parti. Sans son leader. Posez-moi la même question dans un an. Je vais implanter mon parti, sans complexe.
Je n’ai pas fait de deal avec le pouvoir pour rentrer en Côte d’Ivoire. ADO ne m’a posé aucune condition pour rentrer. C’est par choix que je suis allé chez moi. J’avais besoin de rassurer mes parents. Je n’ai pas de restrictions en Côte d’Ivoire.
Je suis contre les troisièmes mandats par principe. Si cela est inscrit dans la constitution. Si c’est inscrit deux mandats, respectez la constitution et allez-y!
La Côte d’Ivoire doit écrire sa nouvelle page.
Mes relations avec le président Gbagbo? Nous sommes allés en prison, nous avons été acquittés. À la jeunesse ivoirienne, je voudrais dire: « on ne parle pas de son père en public ».
Je ne suis pas membre du FPI de Gbagbo. Je suis un garçon libre et je veux le rester. Cela ne fait pas de moi, un ennemi de Gbagbo. Cela ne signifie pas trahir Gbagbo. À la Haye, je n’ai pas servi de couteau de sacrifice pour le président de Gbagbo. Ses partisans devraient s’aligner devant ma porte pour ne remercier.
Est-ce que j’ai des regrets? Oui, parce que la Côte d’Ivoire a connu une guerre à cause d’une élection. Je regrette que pour une petite élection, j’ai été en conflit avec mes frères. Que cela n’arrive plus. Mon rôle aujourd’hui, c’est d’aller vers les jeunes pour leur partager les nouveaux défis, leur donner une éducation civique.
Propos recueillis par Fernand Dédeh
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