[Conflit foncier à Port-Bouët] Le chef du village de Maffiblé 2 interpelle l’Etat et exige le retrait des gendarmes sur les sites concernés

[Conflit foncier à Port-Bouët] Le chef du village de Maffiblé 2 interpelle l’Etat et exige le retrait des gendarmes sur les sites concernés

Abidjan, 23-10-2022 (crocinfos.net) Le chef de Maffiblé 2, village situé dans la commune de Port-Bouët, Ali Mahouli était face à la presse le samedi 22 octobre 2022, pour donner son point de vue sur le projet de délimitation des territoires villageois qui ceinturent la ville d’Abidjan initié par l’Etat. Et ce, en vue de faire des propositions allant dans le même sens et par ricochet mettre fin aux récurrents conflits fonciers dans ces zones.

Accompagné de ses notables et de leur avocat, Ali Mahouli a tout d’abord remercié ses administrés et les autorités qui les épaulent au quotidien en vue de régler les conflits récurrents sur leurs terres. Le chef du village de Maffiblé 2 a ensuite fait l’historique de ces problèmes de terre incessants qui opposent 6 villages de la commune de Port-Bouët que sont Akpouê Agban, Gbrêgbo, Anan, Petit Bassam, Aman Eugène-Djigbo Kano et Maffiblé 2. Et à l’en croire, le village Maffiblé existait bien avant les années 1932 et 1933. Donc pour lui, avant de parler de la délimitation de ces terres par l’Etat, il faudrait tout d’abord trouver une solution idoine au conflits fonciers qui sont devenus monnaie courante dans la zone.

Pancarte en main pour exiger le départ des forces de sécurité sur les sites conflictuels, les populations de Maffiblé 2 et Bénékôsso sont sorties massivement pour écouter leur chef et le soutenir dans cette lutte

« Le conflit foncier que nous vivons ici actuellement est une grande arnaque. Le problème foncier et le désordre qui règnent ici actuellement datent de 2000 avec l’histoire de “un ivoirien un toit’’. Notre zone est depuis lors devenue une jungle où les plus forts marchent sur les plus faibles », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Notre monde d’aujourd’hui est devenu un monde d’injustice. Mais, je demande à mes administrés de demeurer calmes et sereins. Car, chez nous ici, on n’aime pas la violence et quand tu es dans tes droits, laisse Dieu faire ton palabre. En vérité, la terre c’est Dieu qui la donne ».

Les dires du chef du village semblent dotant plus être fondés puisse qu’au moment où cette affaire est portée en justice, afin de faire la lumière une bonne fois pour toute, les 5 autres villages protagonistes eux, continuent de vendre les territoires litigieux à des tiers. Une démarche “frauduleuse’’ et peut catholique légitimée par le ministère de la Construction et de l’Urbanisme, qui continue de délivrer des ACD aux acquéreurs malgré le conflit. Un forcing qui ne passe pas du tout du côté de Maffiblé 2. « Je demande aux autorités de se pencher à bras le corps sur cette affaire afin que nous trouvons un dénouement glorieux à ce problème qui perdure depuis l’an 2000, avec à la clé des morts et des blessés à vie. Nous sommes tous des fils de ce pays, par conséquent, nous ne pouvant pas être dans notre propre village et être apatride. Le combat que nous menons aujourd’hui, c’est pour nos enfants afin qu’ils ne souffrent pas le jour où nous ne serons plus de ce monde », a martelé Ali Mahouli. Et de poursuivre : « Nos frères Ebrié ont induit les autorités en erreur, ils ont induit le ministère de la Construction en erreur ».

En outre, le chef de Maffiblé 2 souhaite une rencontre entre le ministère de la Construction et tous les protagonistes afin que chacun puisse dire, avec preuve à l’appui, si les terres lui appartiennent ou non. « Ce n’est pas prendre la gendarmerie pour mettre sur nos terres qui va résoudre le problème. Au contraire, cela risque de nous pousser à bout or ce n’est pas ce que nous nous voulons. Que la gendarmerie quitte les lieux, on ne sait jamais les gens peuvent les induire en erreur ».

Le vice-président de l’Union des jeunes de Maffiblé 2, Dao Siriki donnant le point de vue de la jeunesse sur le sujet, a exigé le départ des gendarmes déployés dans la zone par les autorités qui, selon lui, n’ont rien à y faire. « En tant que jeunes, nous sommes les premiers concernés dans le problème foncier ici. Et au vue de cela, nous avons notre mot à dire face à cette situation qui dure depuis plus de 20 ans. Je lance donc appel aux autorités plus particulièrement au ministère de l’Intérieur qui est chargé de la délimitation des villages ici en Côte d’Ivoire, pour que chaque village connaisse ses limites afin de trouver un juste milieu pour éviter les guerres entre les communautés pour des problèmes de terre », s’est exprimé Dao Siriki, lui qui est planteur et fils de planteur vivant depuis sa naissance à Maffiblé.

Touré Mouhamed, président des jeunes de Bénékôsso et Djenibou Traoré, présidente des femmes de Bénékôsso, ont abondé dans le même sens que leurs prédécesseurs. Pour eux en effet, les gendarmes déployés sur les sites conflictuels par les autorités pour protéger les acquéreurs des terres dans le village, ne va qu’empirer les choses. C’est pourquoi dans leurs interventions, ils ont interpellé le ministre de la Construction pour qu’il sursoie immédiatement au lotissement dans les villages de Maffiblé 1 et 2 ainsi que de Bénékôsso. « Nous demandons à ce que le gouvernement vienne délimiter nos terres pour notre bien-être et celui de nos enfants aussi. Car, si l’Etat ne dit rien face à cette situation, nous allons tout perdre or nous sommes ici il y a très longtemps. Nous n’aurons nulle part où aller », a plaidé Djenibou Traoré, présidente des femmes de Bénékôsso.

Vivement que l’Etat trouve une solution définitive à ces problèmes de terre entre les villages de Akpouê Agban, Gbrêgbo, Anan, Petit Bassam, Aman Eugène-Djigbo Kano et Maffiblé 2, qui perdure depuis des décennies afin que les différentes communautés concernées par ces conflits vivent enfin en parfaite harmonie et dans la paix. Cela pourrait passer par la délimitation claire et limpide de chaque village par le gouvernement avec à sa tête le président de la République Alassane Ouattara.

Georges Kouamé

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