[Crise à Air Burkina] Salaires non payés et propositions des travailleurs pour redresser la situation

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 24-5-2024 (crocinfos.net)—La crise financière qui secoue Air Burkina atteint des sommets alarmants. Le Directeur Général, Azakaria Traoré, a annoncé son incapacité à verser les salaires d’avril et mai 2024, invoquant une trésorerie en difficulté et une exploitation stoppée dans une note du 23 mai 2024. Cette annonce a suscité une réponse urgente du Syndicat unique de la météorologie de l’aviation civile et assimilés (Sumac) qui a formulé des propositions pour tenter de surmonter cette crise sans précédent.

Dans une lettre adressée aux délégués du personnel, Traoré souligne les contraintes financières de l’entreprise : “Depuis un certain temps, nous sommes sans outils de travail et l’exploitation est arrêtée. Nous ne sommes donc pas à mesure de générer des ressources financières à même de supporter nos charges fixes.” Face à cette situation, il appelle à des propositions pour maîtriser les charges et sollicite une appréciation des autorités compétentes.

En réponse à ce courrier, le Collège des Délégués du personnel d’Air Burkina a réagi vigoureusement le 24 mai 2024. Les délégués expriment la préoccupation du personnel face à l’état critique de la compagnie. Ils mettent en lumière les choix stratégiques erronés du passé, tels que le contrat des trois Embraer (2 E195 et 1 E175), la politique de maintenance inappropriée et la gestion managériale défaillante, ayant conduit à une perte colossale de 40 milliards de CFA.

Les travailleurs, après une assemblée générale tenue le 17 mai 2024, ont formulé plusieurs propositions :

Paiement des Salaires : Ils demandent que l’autorité accepte de payer les salaires jusqu’à la signature d’un protocole d’accord entre l’administration et le personnel.

Réduction salariale équitable : Une réduction des salaires, proportionnelle aux revenus des employés, a été proposée :

10% pour les revenus de moins de 200 000 FCFA

20% pour les revenus compris entre 201 000f et 700 000 FCFA

30% pour les revenus supérieurs à 701 000 FCFA

Mise en retraite effective : Les retraités toujours en fonction devraient être mis en retraite effective.

Retraites anticipées et départs volontaires : Des retraites anticipées et des départs volontaires vers d’autres sociétés d’État sont suggérés.

Les délégués insistent également sur la nécessité d’une justice sociale et économique pour les travailleurs, appelant à une enquête sur la gestion passée de l’entreprise. Ils soulignent la pression économique intense subie par le personnel, exacerbée par les engagements bancaires et la situation économique du pays.

La situation d’Air Burkina est critique, avec une crise financière profonde et des salaires impayés qui affectent directement les employés. Les propositions des travailleurs visent à instaurer une certaine équité dans les sacrifices nécessaires tout en appelant à une restructuration et à une gestion plus transparente et responsable de l’entreprise.

L’espoir des travailleurs repose sur une attention particulière du gouvernement de transition dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré. Leur volonté de coopération et leur résilience sont mises en avant, avec l’espoir que des solutions durables puissent être mises en œuvre pour sauver cette compagnie aérienne nationale.

En somme, Air Burkina se trouve à un carrefour décisif où les décisions prises auront un impact durable sur son avenir et celui de ses employés. La mise en œuvre de ces propositions pourrait être une étape cruciale vers la stabilisation et la relance de la compagnie.

Bienvenue R.K.