[Disparition de Gaston Ouassenan Koné] Ce que la région du Hambol perd
L'impact de la disparition de Gaston Ouassenan Koné sur la région du Hambol en Côte d'Ivoire est énorme au palan politique et social. Analyse…
Abidjan, le 10 août 2023 (crocinfos.net) Une semaine jour pour jour. La Côte d’Ivoire enregistre la disparition de deux grandes figures politiques, tous membres très influents du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Si tout le pays pleure l’ancien président Henri Konan Bédié et l’un de ses principaux bras droits, Gaston Ouassenan Koné, le pays tagbana en général et Katiola en particulier regrette le général de gendarmerie et ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité.
Après le décès de l’ex-président Henri Konan Bédié le mardi 1er août 2023, le général Ouassenan Koné – loin d’imaginer qu’il subirait le même sort – et une délégation du PDCI avaient présenté leurs condoléances à l’épouse du défunt à leur résidence d’Abidjan. Que de coïncidences ! Une semaine jour pour jour, soit le mardi 8 août, l’ancien député de Katiola a rendu l’âme. Comme le mardi 1er août, la surprise était de mise le mardi 8 août. Ni Bédié ni Ouassenan n’a donné le moindre soupçon sur le dernier voyage qu’ils s’apprêtaient à effectuer.
‘’Tout le monde sait que le général était aux services des populations. Partout où besoin se faisait sentir, il répondait présent à toutes les sollicitations.’’
A présent, si la région de l’Iffou et la ville de Daoukro pleurent Henri Konan Bédié, la région sœur du Hambol et la ville de Katiola particulièrement, regretteront longtemps Gaston Ouassenan Koné. Tout le monde sait que le général était aux services des populations. Partout où besoin se faisait sentir, il répondait présent à toutes les sollicitations. En avril 2010, le général Ouassenan, sollicité pour prendre part au 50e anniversaire de l’Ecole Primaire Publique de Touro – village situé sur l’axe Bouaké-Katiola- n’avait pas hésité. Il s’était contenté d’un simple appel téléphonique pour être présent quand d’aucuns auraient voulu qu’une délégation les visitât et leur adressât l’invitation. L’homme d’engagement était arrivé et avait rehaussé de sa présence cette cérémonie. Ouassenan Koné était également à la disposition des jeunes. Après l’annonce de son décès, un jeune du département s’est dit reconnaissant de ce qu’en 2000, il lui avait permis d’intégrer à Abidjan, une société de gardiennage qui lui avait par la suite aidé à trouver une situation meilleure. Des cas de ce genre, dit-on, dans la région, sont légion.
Entre Katiola et Ouassenankaha
Ailleurs, il avait été sollicité par les femmes qui avaient du mal à obtenir de l’eau pour leurs ménages quotidiens. Le député avait ainsi créé une vaste retenue d’eau derrière le village pour répondre aux besoins de la population et une autre pour permettre aux éleveurs d’entretenir leurs bêtes.
‘’Si proche des populations, l’ancien ambassadeur en Argentine, au Chili et en Uruguay était aussi un vrai cultivateur.’’
En août 2022, c’est la dernière fois que je voyais le général Ouassenan en public. Il assistait ainsi coup sur coup à deux cérémonies funéraires (7e et 40e jours) dans le village de Touro, si cher à lui. Si proche des populations, l’ancien ambassadeur en Argentine, au Chili et en Uruguay était aussi un vrai cultivateur. Quand il était dans la zone, on le trouvait soit en ville, à Katiola soit à Ouassenankaha, ce petit bourg situé à moins de trois kilomètres de Touro et à un peu plus de Katiola sur l’ancienne voie internationale. Là, on y trouve tout pour être heureux. Des habitations, des champs, un grand barrage qui, non seulement irrigue les plantations de riz et les potagers des particuliers mais aussi sert à la pêche.
L’humilité et la disponibilité faites homme
Malgré son rang social et sa reluisante situation financière, ”le vieux”, comme on l’appelle à Katiola, était un homme humble. En 1995, on disait qu’il n’était pas en odeur de sainteté avec Henri Konan Bédié. Alors qu’il s’apprêtait à quitter le gouvernement Duncan, on voyait Ouassenan fréquemment à Katiola. Peu occupé à Abidjan, on le retrouvait sur les routes des champs dans un véhicule Mercedes avec une carabine, à la recherche de perdrix entre 16 et 18h. Quand il rencontrait des familles rentrant chez eux après de longues heures de travail, il les saluait respectueusement et échangeait avec eux. Même lorsqu’il se retrouvait face à des enfants qui regagnaient le village, il les considérait comme de grandes personnes. C’est pourquoi, les populations le lui ont toujours bien rendu. Quand il s’est toujours agi de solliciter leurs voix aux différentes élections législatives, le candidat Ouassenan a bénéficié de la confiance des électeurs.
‘’Malgré son rang social et sa reluisante situation financière, ”le vieux”, comme on l’appelle à Katiola, était un homme humble.’’
S’il est vrai que le Rassemblement des Républicains (RDR), devenu avec d’autres partis politiques, le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) avait le vent en poupe dans le Hambol, il n’en demeure pas moins que Ouassenan, candidat du Pdci-Rda, passait sans coup férir aux différentes élections législatives jusqu’à ce qu’il décide de ne plus se présenter en 2021. En réalité, en ce qui concerne les élections des députés à Katiola, ce n’est pas le Pdci-Rda que les populations votaient mais plutôt la personne de Ouassenan Koné. On peut le dire, qu’on soit RDR, FPI ou RHDP, c’était l’homme Ouassenan qui bénéficiait de la confiance du peuple. Pas le vieux parti qui perdait d’ailleurs au fil des années, du terrain dans la partie septentrionale du pays. Ce qui a très souvent fait de lui, le seul élu PDCI au nord. Pour ses bienfaits, le Hambol lui vouait considération et respect. Son décès va certainement laisser un vide dans la région. Adieu, le serviteur.
OUATTARA ABDOUL KARIM, correspondant régional dans le Gbêkê
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