[Gabon] Le Général Brice Oligui Nguema prête serment et les défis qui l’attendent en tant que président de transition

[Gabon] Le Général Brice Oligui Nguema prête serment et les défis qui l’attendent en tant que président de transition

Retour sur la prise de pouvoir du Général Brice Oligui Nguema au Gabon et les défis qui se présentent alors qu'il prête serment en tant que président de transition. Voici les enjeux politiques et les réactions de l'opposition.

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 4 septembre 2023 (crocinfos.net)—Au Gabon, le Général Brice Oligui Nguema a bien prêté serment ce lundi en tant que président de transition, marquant ainsi un tournant majeur dans l’histoire politique du pays. Retournons sur les circonstances qui ont entouré sa prise de pouvoir et les réactions qui ont suivi.

Des promesses de transition démocratique

Le général Brice Oligui Nguema, à la tête du coup d’État qui a renversé le président Ali Bongo il y a cinq jours, a annoncé que sa présidence de transition n’avait pas encore de durée déterminée. Cependant, il a promis de mettre en place des « institutions plus démocratiques » avant de tenir des « élections libres ». Cette déclaration a été accueillie avec un mélange d’espoir et de scepticisme dans le pays.

Le soutien de l’armée et l’appréciation de la population

Depuis le putsch, le général Nguema s’est affiché publiquement entouré des généraux et des colonels qui commandaient les forces armées, la gendarmerie et la police. Malgré les appels de certaines factions de l’opposition à lui remettre le pouvoir, un grand parti de la population manifeste sa gratitude envers l’armée, qu’elle considère comme celle qui l’a “libérée du clan Bongo”. De petites manifestations quotidiennes témoignent de ce soutien.

L’opposition divisée face à la transition

L’opposition gabonaise, autrefois unie contre le président Ali Bongo, est maintenant divisée quant à la manière de réagir à la transition militaire. Albert Ondo Ossa, le candidat consensuel de l’opposition, continue de revendiquer sa victoire à la présidentielle du 26 août. Cette position obstinée risque de l’isoler davantage, alors que d’autres membres de l’opposition cherchent à s’impliquer activement dans la transition.

Fissures au sein de la coalition alternance 2023

Au sein de la coalition Alternance 2023, des divergences apparaissent, certains membres définissent les exigences d’Albert Ondo Ossa comme « radicaux » et craignant de rater l’opportunité de participer activement à la transition. Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre d’Ali Bongo et rival d’Ondo Ossa dans l’Alternance 2023 avant de se désister en sa faveur, a publiquement désapprouvé les demandes du professeur d’économie.

Contexte du coup d’État

Le coup d’État qui a renversé le président Ali Bongo Ondimba le 30 août s’est produit dans un contexte de critiques de l’opposition concernant les conditions d’un examen qu’elle considérait comme manipulée par le pouvoir en place. Des signes précurseurs d’un possible coup d’État avaient été observés.

Changements aux règles du jeu électoral

Avant le coup d’État, Ali Bongo semblait se diriger vers sa réélection pour un troisième mandat, dans un environnement où les règles électorales avaient été modifiées. L’élection avait été suivie de la coupure d’Internet, de l’instauration d’un couvre-feu et de la suspension des médias étrangers. Les élections générales avaient eu lieu sans la présence d’observateurs internationaux.

Une réforme du bulletin unique, adoptée trois semaines avant le scrutin, avait provoqué la colère de l’opposition. Cette réforme exigeait que les électeurs électoraient obligatoirement un député issue du même parti que le candidat présidentiel, ce qui était perçu comme une manière de discriminer les candidats indépendants.

Modification de la Constitution et contestations

Une autre source de tensions était la modification de la Constitution en avril, qui avait remplacé le septennat par un quinquennat et instauré un examen à un tour au lieu de deux. Les opposants considéraient cette révision comme une manœuvre visant à favoriser la réélection d’Ali Bongo à une majorité relative. En 2016, Ali Bongo avait remporté l’élection présidentielle, provoquant des violences importantes au Gabon.

La crise économique comme justification du coup d’état

Les putschistes ont justifié leur coup de force en mettant en avant une élection truquée et la crise économique qui frappe le pays, arguant que le fossé entre les riches et les pauvres se creuse. Au sein de la coalition Alternance 2023, l’opposition réclame des changements après plus de 50 ans de règne de la dynastie Bongo.

Précédents rapports de force

Le Gabon avait déjà connu un précédent rapport de force en janvier 2019 lors d’un putsch manqué, alors qu’Ali Bongo se remettait d’un AVC. À l’époque, Albert Ondo Ossa avait mis en garde le pouvoir contre la loyauté de la garde présidentielle et de l’armée, appelant Ali Bongo à quitter le pouvoir.

La situation politique au Gabon demeure fluide et incertaine, avec des enjeux considérables pour l’avenir du pays. Le président de transition, le Général Brice Oligui Nguema, devra faire face à de nombreux défis pour maintenir la stabilité et la démocratie au Gabon.

KPAN CHARLES

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