La CAN de l’hospitalité noyée déjà dans la Cour des comptes

La CAN de l’hospitalité noyée déjà dans la Cour des comptes

Les enjeux de transparence et de la gestion des fonds publics en Côte d'Ivoire à l'approche de la CAN 2023, suite aux révélations de la Cour des comptes et les défis liés à la corruption, aux détournements, blanchiments d’argent donnent un autre goût à la fête sportive.

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 6-1er-2024 (crocinfos.net)—L’année 2024 s’est récemment ouverte, nous offrant l’opportunité d’aspirer au bonheur que chacun souhaite entamer et conclure dans la santé, la prospérité, et le bien-être. L’un des vœux les plus chers des Ivoiriens est de remporter la CAN 2023. Les Eléphants tiennent à ajouter ainsi une troisième étoile à leur maillot lors de la prochaine compétition. L’État de Côte d’Ivoire, sous la direction éclairée du président Alassane Ouattara, a déployé les ressources nécessaires là où elles sont requises. Les infrastructures sportives, les routes, et les ponts témoignent du sérieux investissement dans le rêve collectif de succès. Le président des Ivoiriens ne se contente pas seulement de rêver de la CAN; il s’y consacre corps et âme. Il a déjà laissé son empreinte, mais il aspire à la couronner de façon magistrale avec le trophée.

Dans une semaine, tout sera imprégné des couleurs de cette fête sportive africaine devenue mondiale. Les temps des discours trompeurs et malveillants appartiennent désormais au passé. Chacun est appelé à donner le meilleur de lui-même pour assurer le succès de cet événement.

Cependant, cela ne signifie pas que tout s’arrête pour autant. Au contraire, les institutions travaillent ardemment et de manière efficiente. Un exemple éloquent est la Cour des comptes qui, dans l’exercice de sa mission, vient de mettre en lumière les zones d’ombre. Les organismes publics, autrefois nourris par les méfaits de la corruption (l’État perdant 1 400 milliards FCFA par an), sont désormais confrontés à un réveil brutal à cause d’un rapport accablant. Il en résulte une agitation généralisée telle une myriade d’oiseaux perturbés par une pierre lancée au milieu d’eux. Cette pierre, c’est le président Alassane Ouattara lui-même qui l’a jetée en 2013, en instaurant la loi n°2013-867 du 23 décembre 2013 relative à l’accès à l’information d’intérêt public et aux documents publics.

‘’Il est temps de sortir de ce labyrinthe obscur et d’entrer pleinement dans l’ère de la transparence et de la saine gestion des affaires de l’État : l’ère de la vérité et de la lumière. ’’

En vertu de l’Article 6 de cette loi, les documents communicables incluent des dossiers, rapports, études, documents d’orientation, comptes rendus, procès-verbaux, statistiques, directives, instructions, circulaires, notes de service, avis, prévisions, décisions, et réponses ministérielles comportant une interprétation du droit ou une description des procédures. Les PV des réunions des organismes publics sont donc accessibles à toute personne en faisant la demande, et ne sont en aucun cas confidentiels, malgré l’illusion entretenue par certains. Il est temps de sortir de ce labyrinthe obscur et d’entrer pleinement dans l’ère de la transparence et de la saine gestion des affaires de l’État : l’ère de la vérité et de la lumière.

Alassane Ouattara a joué son rôle, sans équivoque. Il donné  des missions spécifiques à ces indicateurs de performance. Cependant, combien d’organismes publics respectent l’Article 6 de la loi sur l’accès à l’information signée par le président Ouattara? Trop souvent, les responsables, une fois nommés, célèbrent leur prise de fonction sans se soucier des lois qui les régissent pour une gestion optimale des affaires de l’État. En tant que chef suprême de la magistrature et garant de nos lois, le président doit veiller à ce que les arrestations des personnes impliquées dans des actes de corruption soient punies à la hauteur des montants colossaux détournés. Le peuple ressent un certain mécontentement lorsque les sanctions ne sont pas à la mesure des fautes commises.

Concernant les récentes augmentations tarifaires de l’électricité en 2024, des informations crédibles font état de fraudes massives dans les résidences de ministres, hauts cadres de l’État et élus de la République. Pourquoi les plus démunis doivent-ils supporter le poids de ces actes? Il est impératif que le gouvernement intensifie ses actions sociales pour pallier cette injustice. Des sommes considérables demeurent entre les mains de certaines personnalités, de véritables griots des temps modernes, qui, pour étouffer leurs forfaits, chantent les louanges du chef de l’État à toutes les tribunes.

Quel que soit le jugement du peuple, basé sur des indicateurs précis, ces individus continuent de faire du bruit par des manœuvres médiatiques. Ils monopolisent les gros titres des tabloïds et alimentent les sites d’information.

‘’Les allégations de blanchiment d’argent, de détournement et de corruption sont encore à confirmer, mais déjà la CAN de l’hospitalité débute avec un arrière-goût amer.’’

Revenons maintenant à l’actualité récente liée au rapport de la Cour des comptes. Il ne s’agit pas simplement d’un problème, mais plutôt d’une gestion opaque des fonds publics, des recettes liées aux passeports et cartes nationales d’identité, déposés dans un compte séquestre distinct du Trésor public, la banque de l’État. Les allégations de blanchiment d’argent, de détournement et de corruption sont encore à confirmer, mais déjà la CAN de l’hospitalité débute avec un arrière-goût amer. Les Ivoiriens se questionnent sur leur bien-être alors que la domination des plus nantis les contraint à payer pour les erreurs d’autrui.

La CAN de l’hospitalité est déjà noyée dans la Cour des comptes. Qui sait, d’autres révélations choquantes feront certainement tomber des têtes après l’événement.

SERIBA KONE

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