L’heure africaine, un défi à la ponctualité (Analyse)

-L’Afrique noire a mal avec la ponctualité

Abidjan, le 18 novembre 2024 (crocinfos.net) – En Afrique, la ponctualité ne fait pas partie des qualités des hommes et femmes leaders politiques .Pis, ils pensent se rendre très importants, plus importants aux yeux des publics en venant après de longues heures de retard aux lieux des cérémonies. Ils n’ont aucun respect, aucune considération pour les militants, spectateurs, téléspectateurs et auditeurs qui les attendent des heures durant pour le début des cérémonies qu’ils parrainent ou président. Ils sont incorrigibles ; depuis des années malgré les reproches, huées des publics ils ne changent pas leurs comportements. Ils ne sont nullement gênés de faire attendre souvent sous des soleils ardents, sous la canicule et la chaleur des bâches ou sous des pluies diluviennes des personnes qui ont l’âge de leurs papas et  de leurs mamans, des  dignitaires religieux, prêtres, évangélistes, pasteurs et imams. Aucun respect, aucune considération.

Fort heureusement les évêques ont toujours refusé de subir de telles humiliations.

Le plus drôle, disons ridicule, grotesque est que tous ces leaders ont séjourné dans les pays occidentaux et asiatiques où la ponctualité est le premier grand signe de politesse et de bonne éducation.

‘’Ils ne sont nullement gênés de faire attendre souvent sous des soleils ardents, sous la canicule et la chaleur des bâches ou sous des pluies diluviennes des personnes qui ont l’âge de leurs papas et  de leurs mamans, des  dignitaires religieux, prêtres, évangélistes, pasteurs et imams. Aucun respect, aucune considération.’’

Dans les pays européens, en Chine, au Japon, en Corée, et au Viêtnam, qu’il pleuve ou neige, soleil ou vent, quel que soit le temps tout est chronométré avec courtoisie et considération pour le public. Les cérémonies commencent et finissent à la minute programmée.

Faire attendre un public est discourtois et mal poli.

Balayons devant nos portes : tenez, la cérémonie annuelle « Week-End des Ebony » récompensant l’excellence du travail des journalistes se bonifie d’année en année. Mais, comme tous les spectacles organisés en Afrique noire, elle pêche par sa longueur en temps, le non – respect du timing de la programmation. Hélas par la faute des parrains, personnalités politiques  et sponsors sollicités, les passionnés des galas sont à chaque édition, frustrés. Les convives dits  Very Important personality (VIP) arrivent toujours au plutôt avec une heure de retard. Désorganisant les programmes des ménages,  des télévisions et des radios. Comme si ce manque de respect ne suffisait pas, une fois au micro, ils pondent des discours fleuves de 1 h 42 minutes, ronflants, pédants, pleins de flagorneries sans aucune retombée concrète pour la corporation des journalistes.

Ce sont ces parrains politiques, ces mécènes et sponsors qui ‘’tuent’’ déprécient le dynamisme du « Week-End des Ebony » et tous les spectacles similaires et concerts de variétés.

Ils ignorent ou du moins s’entêtent à ignorer que les téléspectateurs, auditeurs de radio zappent, pour choisir entre plus de 10.000 chaînes que leur offre le numérique. Dans la salle, lassés d’attendre de subir les spectateurs baillent, somnolent et ne suivent pas le message politique dont ce n’est point le lieu de transmission. Les bonnes gens sont là pour se divertir, pour décompresser et non pour augmenter et appesantir leurs ennuis. .. Chacun a fait au lycée des exercices de résumés de texte. Calibrez vos discours à  trois minutes avec des mots simples, choisis et percutants pas plus .vous serez suivis, compris et vous ferez du bien à tout le monde.

Vos conseillers en communication vous ont pourtant dit qu’au-delà de 5 minutes d’écoute l’attention humaine décroche …

Et pourtant, il vous suffit de prendre exemple sur la ponctualité et la courtoisie légendaires du président de la République Alassane Ouattara. Maintes fois, j’ai vécu les mêmes expériences: même dans ses rendez-vous privés, dès le début il vous reçoit en regardant sa montre et puis, au bout d’un moment, il regarde à nouveau sa montre  comprenez que le temps qui vous était accordé est arrivé à terme. Les seuls mots qu’il dira ensuite « Merci d’être venu ; ma porte t’est ouverte. Aurevoir à bientôt. » C’est certainement son côté américain et fonctionnaire du Fonds Monétaire international (FMI) qui l’a façonné.  « Time is money…Le temps c’est de l’argent … »

En Occident et en Asie, ils ont la montre; en Afrique nous avons le temps.

‘’De grâce, hommes et femmes leaders politiques, sponsors et mécènes pour le respect des publics soyez ponctuels et brefs dans vos discours.’’

Les africains  dans leur ADN  ne sont pas ponctuels; ils ont le retard dans le sang tant et si bien qu’ils s’accommodent du terme péjoratif, dévalorisant de « l’heure africaine » et cela malheureusement en riant aux éclats. C’est déplorable.

Les ivoiriens, en 1980, ont appris à leur dépens qu’ailleurs, la ponctualité est un mode de vie :

À l’Hôtel Ivoire, pour un spectacle programmé à 20 h, Aragon Orchestra s’est mis à jouer exactement à 20h00 devant le Palais Du congrès 2.500 places  aux 3/4 vides. Les spectateurs à l’heure se comptaient. Les musiciens firent entendre les dernières notes à 00 h l’heure programmée fin du concert sur les affiches de promotion. Les désapprobations par cris et sifflets n’ont eu aucun effet sur les musiciens qui,  imperturbables sont retournés dans leurs chambres et ont sereinement pris leur avion du retour. Par contre, dans ce cas précis c’est un public noir africain en retard qui a fait les frais d’un orchestre latino professionnel qui a l’habitude de la ponctualité.

De grâce, hommes et femmes leaders politiques, sponsors et mécènes pour le respect des publics soyez ponctuels et brefs dans vos discours.

Les faits sont sacrés les commentaires sont libres.

Dr Issa Sangaré Yeresso, Prix international de journalisme Université Aix Marseille 2.Chevalier de l’ordre de la Culture.