[Média] Fraternité Matin condamné à verser 15 millions FCFA à deux journalistes licenciés

[Média] Fraternité Matin condamné à verser 15 millions FCFA à deux journalistes licenciés

La chambre sociale du Tribunal de première instance de Yopougon a condamné, le jeudi 12 décembre 2019 l’entreprise d’État, Fraternité Matin, à verser la somme de quinze millions FCFA à titre de dommage et intérêts à deux anciens employés licenciés.

Le marathon judiciaire auquel Fraternité Matin a soumis Théodore Sinzé et Presthone Brou, deux journalistes ayant exercé dans cette entreprise de presse de droit public vient de connaître une étape importante avec le versement de 15 millions FCFA aux deux journalistes.

En effet, sous prétexte de difficultés économiques rencontrées par le média d’État, ses dirigeants ont fait adopter par le gouvernement en Conseil des ministres en 2017, un plan de redressement assorti d’une mesure de licenciements collectifs touchants plus de la moitié des travailleurs. La somme de 1,4 milliard FCFA promise par le gouvernement pour accompagner le plan social n’a pas dépassé le stade des déclarations publiques.

Venance Konan qui n’attendait que cette occasion pour régler des comptes aux responsables syndicaux et autres représentant des travailleurs qui ont toujours décrié sa gestion approximative et la gabegie qui est sa marque de fabrique ne se fera pas prier. Conséquence : 123 (cent vingt-trois travailleurs) sont jetés à la rue, le 18 décembre 2018.

Pour servir la cause, des critères avaient été dressés pour faire la liste des victimes de ce dégraissage forcé. Comme aucun crime n’est parfait, le nombre de travailleurs, dont onze journalistes figurant sur la liste des proposés à la guillotine n’entraient dans aucune des critères définis. C’est ce que le Conseil national du dialogue social fera remarquer aux dirigeants d’entreprise.

En dépit du constat, Venance Konan tient à tout prix à faire tomber des têtes. Et pour cause, il obtiendra plus tard, l’autorisation de licenciement de plusieurs travailleurs protégés (des responsables syndicaux et délégués du personnel) auprès de l’inspection d’Abobo-Adjamé dont dépend Fraternité Matin. Parmi ceux-ci, Marceline Gnéproust, Alakagny Hala, Presthone Brou et Théodore Sinzé, tous des journalistes aguerris.

Un recours hiérarchique de la décision inexplicable de l’Inspection du travail d’abobo-Adjamé est fait auprès du ministre de l’Emploi et de la Protection. Après une enquête minutieuse d’environ quatre mois,  l’autorisation de licenciement est cassée.

Le ministre en charge de l’Emploi ordonne alors la réintégration des quatre journalistes. Venance Konan fort de ses appuis politiques choisit ceux des journalistes qu’il avait envie de revoir dans l’entreprise. C’est ainsi que Marceline Gnéproust et Alakagny Hala ont repris le travail dans l’entreprise.

Quant aux cas de Presthone Brou et Théodore Sinzé, le directeur général de Fraternité Matin a juré que, ‘’tant qu’il sera à ce poste, il ne sera jamais question de leur réintégration. Quel que soit l’autorité qui en donnerait l’ordre’’.

La bataille judiciaire s’engage. De renvoi en renvoi, la procédure traîne en longueur et c’est le jeudi 12 décembre 2019, que le délibéré de la Chambre sociale est vidé, condamnant Fraternité Matin à verser 15 millions FCA à Presthone Brou et Théodore Sinzé à titre de dommage et intérêts.

Charles Kpan

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